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L'explosion des lettres de démission publiées sur les réseaux sociaux
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Revue de blogs

Un nouveau genre se propage sur les réseaux sociaux, la lettre personnelle publique : lettre de démission, ou post-rupture, ou d'aigreurs professionnelles post-CDD, des textes où "l'on dit tout", en les publiant sur les réseaux sociaux. Parfois touchantes et graves, parfois étonnantes, parfois limite "troll".

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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Après l'immense succès de toutes les lettres ouvertes "Pourquoi je quitte la France" publiées sur les réseaux sociaux, (pour sa bureaucratie obtuse, pour son URSAFF, etc.), des lettres publiques de ras-le-bol professionnel se multiplient. Parmi celles-ci, la "lettre de démission d'une aide-soignante", bien que postée sur un blog professionnel en juillet dernier, se partage encore sur les murs Facebook, provoquant toujours des nuées de commentaires. Parce que le blues de la "préposée" en gériatrie est très partagé partout où se heurte de plein fouet respect du métier ou de la personne et dégradation budgétaire ou autre. Cette aide-soignante, coeur tendre et vraie vocation, a démissionné, parce que, mère solo, elle ne peut plus physiquement ou nerveusement s'occuper de ses patients comme elle aimerait : 

"J’aime nettoyer avec soin mes patients. Savonner, rincer, essuyer, crémer (ils le méritent), mais je pourrais aussi n’utiliser que le savon sans rinçage qui n’élimine pas les odeurs et qui ne sent rien et essuyer très rapidement en laissant de l’humidité, personne ne le saurait, ça irait plus vite !!! - J’aime faire la barbe de mes patients. Ils sont âgés mais ont encore une fierté et j’ai l’impression qu’ils feel mieux (c’est sûrement psychologique de ma part). Je pourrais me dire, la barbe peut s’endurer encore 1 jour ou 2, les employés de demain le feront, ça irait plus vite !!! (et je me le dis souvent, je n’ai pas le choix). - J’aime quand mes patients propres se couchent dans un lit propre. Je pourrais tout simplement ne pas le faire quand le lit ne semble pas souillé, ça irait plus vite !!!"

Dans un tout autre genre, jeune et grinçant, les confessions méchantes ou désabusées post-rupture ou post-stage ont franchi l'étape du blog pour arriver sur un "vrai" site, Vice. Exemple : dans "Chez les futurs riches : les gens que j'ai vu à HEC",Jeremy fait un portrait au stabilo des "futurs riches" rencontrés lors des fêtes de la grande école que son ex fréquentait. Il participe en contrebande aux POW (Party of the week) et en tire ses conclusions de classe : "Plus je les connais, plus je comprends les élèves d'HEC. À travers leurs yeux, j'entrevois le monde tel qu'ils se l'imaginent. Ils l'envisagent comme un petit enfer uniquement peuplé de crétins. Ce qui ne les empêche pas d'aimer des trucs très « de gauche », genre écouter du Renaud. Et plus le temps passe à l'école, plus ils se calquent sur cette pensée. Ils échafaudent intérieurement une sorte d'organigramme du monde, dans lequel ce sont eux qui le dirigent". On y apprend l'existence d'un site d'étudiants HEC anecdotique mais croquignolet.

"Ma copine m'a rapporté que, « dès le lendemain matin, les mecs apportent des détails sur le tout et n'importe quoi de la veille », provoquant de tristes réputations sur le long terme parmi certains élèves et alimentant le très visité site des ragots d'HEC, sortievauhallan.com." Evidemment, le site en question a publié son 'droit de réponse' : "Cela semblera ironique venant de Nous mais tâchez de laver votre linge sale en privé. À défaut de savoir écrire, vous devriez savoir rester caché."

Toujours sur Vice, un autre collaborateur raconte par le menu son "enfer" de stagiaire, après-coup, dans "Stagiaire pour une startup : six mois de vie avec des cons" où la génération start-up, sous pression, fait comme les autres, en exploitant cool-ement  les stagiaires en burn out. 

"Le chiffre d'affaires de la boîte décollait. En théorie, mes supérieurs étaient toujours de généreux passionnés, des aventuriers modernes, pétris de valeurs, soucieux de démocratiser un maximum leur produit. En pratique, ils prenaient carrément leurs aises. L'un des fondateurs, vissé sur sa chaise, exigeait qu'un stagiaire aille lui chercher son stylo fétiche, à quelques mètres de là, pour signer son contrat. L'autre refusait de descendre dans le lieu de stockage, au sous-sol où il faisait trop froid pour lui, pour venir nous montrer comment faire d'éventuels réglages techniques. C'était : « Démerdez-vous, si ça vous prend deux heures de plus au lieu de me prendre cinq minutes tant pis, vous terminerez deux heures plus tard, mon temps est plus précieux que le vôtre. » Ils laissaient derrière eux vaisselle sale et affaires en boule, que nous devions nettoyer (...)"

Dans les commentaires du post, Mathilde trouve les confessions post-stage un peu pathétique : 

"Ouais enfin mon grand, dire que toutes les startups sont des connards parce que tu es tombé sur des esclavagistes et que tu as pas été foutu de claquer la porte, c'est un peu abusé non? J'ai fait moi aussi 6 mois de stage en startup, ça a été une très bonne expérience, et pourtant je n'ai pas écrit un article intitulé "la vie en startup est merveilleuse". RELATIVISER ça s'appelle."

Oui, bien sûr, mais il n'y aurait plus d'histoire pour ce nouveau genre.

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