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Attentats de Lahore  : quand les chrétiens pakistanais utilisent le Web pour dénoncer leurs dures conditions de vie tout en appelant au dialogue interreligieux
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Revue de blogs

Très connectés dans les villes via leur mobile, les Pakistanais et la diaspora ont réagi par millions au terrible attentat-suicide d'un parc d'attractions de Lahore.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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La première photo à surgir sur les médias sociaux pakistanais a été celle de l'écran d'un téléphone mobile, intact, dans les débris de l'attentat du parc. Un nom de correspondant s'y affichait, figé pour toujours. "Ammi Jan ' (Maman). Dans la nuit de l'attentat du parc de Lahore, où la foule principalement chrétienne profitait du lundi de Pâques, Twitter a comptabilisé 1,5 million de tweets contenant les hashtags #Lahore, #Lahoreblast, #Pakistan .

@BenazirShah, correspondante de Newsweek, a couvert la tragédie dès l'annonce. "Aujourd'hui, une famille entière a été décimée. Le seul survivant est un garçon de 10 ans." Outre rappeler qu'ils étaient chrétiens, une information que les médias traditionnels pakistanais n'ont pas immédiatemen reconnue, mais affirmée sur les réseaux sociaux, un lecteur lui rappelle : "C'est un parc pour les enfants qui n'ont pas de PS4 Nintendo à la maison."

Le parc Gulshan Iqbal, avant l'attentat-suicide. Photo sur le compte Twitter 

Dans un pays de 185 millions d'habitants, déjà frappé par l'attentat d'une école de l'armée qui avait fait 134 petites victimes à Peshawar, en 2014, le choc n'en a pas été moins grand. A Lahore, Careem, l'équivalent d'Uber au Pakistan, a rapidement proposé des transports gratuits vers les hôpitaux. Les hopitaux ont été aussi submergés par les dons de sang (photo). Malala, l'héroine anti-Talibans d'Afghanistan, a été la première personnalité étrangère à s'exprimer sur Twitter. Très vite,  le nom du kamikaze suspecté et sa carte d'identité, ont été tweetés. Il provenait d'une des régions "extrémistes", le Punjab du Sud.

Sur les réseaux sociaux de la minorité chrétienne, la page Facebook Christians in Pakistandéborde de centaines de commentaires de condoléances, de prières, et d'un dialogue entre musulmans et chrétiens.

Adeel Saddique exprime ouvertement le désespoir de la communauté. '"Les chrétiens n'ont pas de futur au Pakistan, nous avons donné des infirmières et des enseignants, nous avons été les fondateurs du système de santé publique et de l'éducation, et aujourd'hui, nous sommes des parias, nous sommes ostracisés par la société. Des millons de musulmans pakistanais ont demandé asile en Occident, arrêtez de nous bloquer le chemin, à nous. (...) Récemment, on a dit dans les médias que des milliers de musulmans pakistanais avaient demandé l'asile en Grèce." 

Waqar Sheikh le rassure. "Nous sommes tous Pakistanais. J'ai beaucoup d'amis chrétiens et nous sommes tous unis, j'adore l'esprit de mes frères et soeurs chrétiens. Cet attentat n'est pas de la communauté chrétienne ou musulmane, c'est le Pakistan et il faut que nous nous unissions". 

Honey Danes  n'y croit pas : "Non, le Pakistan n'est pas sûr pour les chrétiens. C'est votre endroit." 

Solomon Nathaniel Anwar  n'attend plus rien de personne : "F*?K le pape, c'est un adorateur du diable déguisé. Le peuple de Dieu aura le passage libre quand notre sauveur reviendra. Repos à tous ceux qui ont été assassinés pour être chrétiens. Et ce n'est pas la faute de l'islam, mais l'oeuvre du diable...".

Des centaines d'autres commentaires, photos, et informations, sont visibles sur cette page Facebook (en anglais).

L'attentat survient alors que des propositions d'amender la Constitution pakistanaise pour y introduire les droits des minorités religieuses étaient, sans grand espoir, mais officiellement, présentées et reçues. Pour la première fois, la fête hindoue de Holi venait d'être autorisée dans la province de Sindh. Mais le jour de l'attentat,  Twitter suivait aussi la manifestation d'environ 25 000 manifestants devant le Parlement d'Islamabad via le hashtag Islamabad under siege. Y était diffusé la liste des conditions pour un retour au calme des admirateurs de Mumaz Kadri, extrémiste exécuté le mois dernier. Parmi elles, l'exécution de la chrétienne Asia Masih, le retrait d'un assouplissement de la loi sur le blasphème, l'intronisation officielle comme martyr du meurtrier Mumaz Kadri.

Commentaire de @FaisalK : "Moi, je dis fusillez les tous, ces mother fuckers. Tous les 30 000 qui manifestent peuvent aller rencontrer ce trou du cul de Saint Qadri la-haut".

Donald Trump : "Moi seul peut régler ça"

L'intervention de Donald Trump, "Moi seul peut régler ça", sur Twitter, a croisé de nombreux tweets reconnaissants pour la photo d'une tour Eiffel aux couleurs du Pakistan. Qui n'était qu'une photo du monument durant la Coupe du monde de rugby en 2007. Un 'safety check' raté de Facebook, demandant aux internautes de Beyrouth ou Washington de se signaler en sécurité à Lahore, a parachevé une nuit d'horreur et de confusion. 

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Another radical Islamic attack, this time in Pakistan, targeting Christian women & children. At least 67 dead,400 injured. I alone can solve

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