Michel Onfray à tous les étages (et toutes les sauces) ; François-Machiavel Hollande à la manœuvre pour sa réélection ; la Pologne à cran face à "l'islamisation de l’Europe", la Hongrie à fond dans la "défense de la chrétienté"<!-- --> | Atlantico.fr
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Michel Onfray à tous les étages (et toutes les sauces) ; François-Machiavel Hollande à la manœuvre pour sa réélection ; la Pologne à cran face à "l'islamisation de l’Europe", la Hongrie à fond dans la "défense de la chrétienté"
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Revue de presse des hebdos

Et aussi : migrants : pourquoi les Français n’en veulent pas… et pourquoi la France en aurait besoin, en vrai ! ; le journalisme à rude épreuve face au projet de directive européenne sur le "secret des affaires"; Bygmalion - Guy Alvès : "l’UMP m'a massacré". C'est la revue de presse des hebos, par Sandra Freeman.

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

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"Onfray, je te dis merde !"

La gauche réfléchit. Elle ne se reconnaît visiblement plus dans son image. Charlie hebdo l’illustre parfaitement cette semaine avec cette Une sur fond rouge d’un Emmanuel Macron, poing levé mais stylo Mont blanc entre les dents. Une image schyzophrène, dessinée par Riss, incarnant visiblement "le nouveau visage de la gauche". 

Mais le journal satirique va plus loin, et ne semble plus rire du tout en page 2, quand il est question de l’esprit, de l’Histoire et des valeurs de la gauche face au philosophe Michel Onfray. C’est "règlement de compte à Ok Corral" ! Dans son papier intitulé, "Onfray, le philosophe jambon beurre", Fabrice Nicolino (très colère) écrit à son "frère de classe" et lui dit "merde". 

Il lui en veut de trahir la pensée de gauche, d’abord en pensant surtout à sa propre personne : "Ta petite personne comme la mienne sommes les contemporains de la sixième crise d’extinction massive des espèces, mais tu t'en tapes. Les sols agricoles disparaissent par érosion ou sont empoisonnés pour des décennies ou des siècles par la chimie de tes amis techniciens, mais tu t’en cognes".

Il lui en veut aussi de jouer avec la machine médiatique pour faire du buzz… et ne plus penser : "Voilà qui devrait passionner. Mais il faudrait pour cela quitter cette France fantasmatique est dérisoire qui te dispense tant de ronds de serviette à la rédaction des gazettes et les télés. Il faudrait prendre le large. Il faudrait devenir un penseur de l’humanité. Tu préféreras toujours les couvertures du point et les interviews de TF1."

(Vous le constaterez un peu plus loin, mais cette semaine, ce n’est pas Le Point mais l’Obs qui affiche "Le phénomène Onfray" en couverture).

Et puis, il lui reproche surtout de faire de la bouillie politico-intellectuelle : "Toi et le Front National. Je ne t'accuse pas d’en être, tu es bien trop adroit pour cela. Mais il ne fait aucun doute que lorsque tu trouves l'excellente idée d’unir les souverainistes de droite et de gauche, Marine Le Pen comprise, tu travailles à l’égal d’un sapeur qui mine un barrage sur la Volga (…) tu me dégoûtes".

Les dessins qui illustrent le papier sont tout aussi clairs : on trouve un Onfray face à sa garde robe : "Voyons voir, de quel avis je vais être aujourd’hui ?", le tout sortant une chemise rouge-coco dans une main et une bleu-blanc-rouge-FN dans l’autre. Il y a aussi un  "Michel onfray écolo ! Il brasse tellement de vent… on pourrait en faire un parc éolien", ou encore un dessin de la figure Michel Onfray en forme de girouette.

Michel Onfray : "le problème n’est pas Marine Le Pen mais ceux qui la rendent possible"

Et concernant les souverainistes justement, la question lui est directement posée dans l’Obs donc cette semaine : "Etes- vous vraiment pour une alliance entre les souverainistes de tous bords du parti de Marine Le Pen à celui de Jean-Luc Mélenchon ?"

Réponse du philosophe (qui penche vers le Oui) : "J’ai moins le souci de ces deux là que des électeurs souverainistes qu’on trouve disséminés à droite et à gauche. Je connais des gens de la France d'en bas qui votaient jadis à l'extrême gauche et qui soutiennent maintenant Marine Le Pen. D’anciens communistes, d'anciens cégétistes aussi. C'est fini l'époque où l'on passait sa vie avec le même parti. On était marié avec la droite, marié avec la gauche, on votait gaulliste ont mangeait communiste. L’électorat est devenu volatile. Il faudrait qu’en dehors des partis les souverainistes se retrouvent autour d’une figure issue de la société civile".

A l’Obs de relancer subtilement : "Vous par exemple ?"…

Réponse du philosophe (qui penche vers le Non, cette fois) : "on me le demande beaucoup mais non, je suis incompétent".

Au sujet de la figure politique de Marine le Pen, le journal lui demande si elle peut lui poser un problème. Mais le philosophe, là encore, ne craint pas de bousculer en affirmant que le "problème n’est pas Marine Le Pen mais ceux qui la rendent possible", avant de poursuivre  : "Vous connaissez l’histoire du sage qui montre la lune et de l’imbécile qui regarde le doigt ? Nombreux sont ceux qui regardent le doigt aujourd’hui"… Vous voyez ce que veut nous faire comprendre le lucide philosophe ?

L’Obs (qui est assez mesuré dans son traitement du "phénomène") rappelle qu’on peut réagir des deux façons : "Pour certains Michel Onfray ose. Pour d'autres il dérape". Chez Charlie on a compris qu’on pensait que ça dérapait. Chez Siné Mensuel, explique-t-on dans l’Obs, on ne sait plus trop sur quel pied danser : "Le dessinateur Siné et son épouse Catherine, rédactrice en chef de Siné mensuel, connaissent Onfray depuis longtemps : il tenait jadis une chronique dans leur journal. Il y a trois semaines, ils ont dîné ensemble à Caen : Il parle trop dans les médias, il fait des raccourcis qui ne peuvent pas être compris, raconte Catherine Sinet, je lui ai dit et il m’a répondu que c’était sa manière de défendre les prolos. J’ai écouté sa conférence de deux heures nous avons dîné ensemble et ma conclusion est qu’il n’a pas changé ; j’espère que je ne me trompe pas".

Migrants : pourquoi les Français n’en veulent pas… et pourquoi la France en aurait besoin, en vrai !

Tout est ambigu… Regarder cette couverture de l’Express cette semaine : "Migrants : Pourquoi les Français n’en veulent pas". Clairement, on peut sentir dans cet intitulé qu’on va expliquer les bonnes raisons pour lesquels on n’en veut pas de ces migrants…

Mais en fait non. C’est plus subtil, et avant d’en arriver au gros "Dossier migrants : pourquoi les Français n’en veulent pas" qui couvre plus de 20 pages du journal, l’édito de Christophe Barbier explique d’abord pourquoi la France en aurait besoin, en vrai, de ces migrants. Il donne trois raisons :

1. Contre la crise économique accueillons plus de migrants : nos réfugiés notemment les plus qualifiés, sont des atouts pour l’économie européenne… la France a besoin d’’immigrés et surtout qualifiés.

2. Contre la crise identitaire : ces migrants fuient la dictature de Bachar et la barbarie de Daech, leur place est ici… "ils adhèrent aux mêmes valeurs".

3. Contre l’islamisme accueillons plus de migrants, "majorité musulman", mais surtout "rescapés de l’horreur intégriste".

Bon ok, mais alors revenons à la couv’ et au dossier "pourquoi les Français n’en veulent pas". En cause, le déclassement social, la peur de l’islam. Et si "les raisons de l’inhospitalité de notre pays sont identifiées", on sent là aussi, un peu de honte dès l’intro, "c’est donc cela la France de Charlie ?".

Qu’est ce qui ressort de ce dossier ? Quelques informations sur le "décalage entre fantasme et réalité". Par exemple, la France aurait une spécificité : "le décalage entre la proportion des musulmans dans la population hexagonale telle que les Français l’estime (32 %) et la part effective (estimée à environ 8%)". Autre exemple : "La France est le seul pays parmi les 10 principales terres d'accueil à ne pas avoir connu documentation de flux de migrants depuis deux ans" rappelle l'Express mais le problème, c’est "l'absence totale de pédagogie dans notre pays".

Le journal fait ainsi un tour d’horizon du sujet et de ses causes, des politiques qui s’emparent (mal) du sujet, des villes qui rejettent les réfugiés (Roubaix et Tourcoing), des frontières sous pression (italiennes, suisses…),  mais aussi du "déversement de haine" en Pologne face à une crainte "d’islamisation de l’Europe".

Le dossier se clôt (avec une volonté de rassurer, comme il s’est ouvert) par une longue interview de Catherine Withol de Wenden, directrice de recherche au CNRS, spécialisée dans les migrations internationales, qui plaide pour "le droit d’immigrer" et un "droit à la mobilité, facteur non de chaos mais au contraire de régulation et de dynamisme vital pour l’avenir".

La Pologne craint "d'islamisation de l’Europe" et la Hongrie se vit "comme défenseur de la chrétienté"

Comme l’Express s’est penché sur le cas de la Pologne haineuse, les Inrockuptibles eux s’attardent sur celui de la "Hongrie au pied du mur". Dans ses pages le "monde à l’envers" essaie aussi d’expliquer les causes du rejet rappelant que plus de Mille ans d'Histoire explique pourquoi la Hongrie refuse d'accueillir des réfugiés au risque de se voir mise au ban de l’Europe.

En résumé, "les hongrois se vivent comme les défenseurs de la chrétienté, des frontières chrétiennes de l’Europe comme à l’époque de l’expansion ottomane, et s’attendent à une énième trahison de l’Europe".

Le journalisme à rude épreuve face au projet de directive européenne sur le "secret des affaires"

Dans ses pages cette semaine,  Télérama, se concentre sur "l’investigation sous pression" rappelant que "tout est bon pour museler la presse. Sortir la moindre affaire est de plus en plus difficile".Ainsi dans le prolongement d’un combat mené depuis quelques mois par une partie de la presse, réunis au sein du collectif "informer n’est pas un délit", 16 reporters sortent aujourd’hui un livre du même nom. Ils contre-attaquent et "racontent chacun à leur tour les difficultés, obstacles et pièges rencontrés au cours de leurs enquêtes les plus sensibles". En cause : le projet de directive européenne sur le "secret des affaires".

Le magazine explique en quelques mots en quoi tout cela est inquiétant : "Sous couvert de lutte contre l’espionnage industriel, ce texte, actuellement discuté au Parlement européen, dresse une barricade juridique entre les journalistes et l’entreprise. Une véritable arme de dissuasion massive : quiconque s’aventure à révéler des informations économiques s’exposerait à des poursuites, les amendes pouvant atteindre des centaines de milliers d’euros, voir plus."

Ainsi, les scandales de l’amiante, du médiator, de Tapis et du Crédit Lyonnais ou autre affaire Karachi ne pourraient plus éclater grâce à la presse.

Bygmalion – Guy Alvès : "l’UMP m'a massacré "

Et l’affaire Bygmalyon serait-elle sortie ? Pas certain. Aujourd’hui, la presse n’est plus instigatrice, mais elle suit l’affaire. L’Express obtient ainsi cette semaine l’interview de Guy Alves qui coprésidait Bygmalion, "la société de communication qui a organisé le meeting du candidat Sarkozy en 2012. Au cœur de la tourmente judiciaire depuis qu'un système de fausses factures été révélé, il nie tout détournement. Il maintient qu'il s'agissait d'un financement illégal de la campagne."

Voilà quelques réponses de Guy Alvès que je retiendrais principalement :

Où en est l’affaire : "Il y a un an, certains pouvaient s'interroger sur un éventuel détournement d'argent. Plus maintenant. Nous avons donné toutes les pièces comptables du groupe Bygmalion. Qui peut croire après 15 mois d'analyse de ces documents par 20 policiers trois magistrats, un mandataire liquidateur, sans oublier quatre contrôles fiscaux, qu’il y ait un trou de 9 millions d’euros ? L’affaire Bygmalion n’est qu’une histoire de financement illégal de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy".

Quelle est sa responsabilité ? "J'assume ma participation à un système mis en place pour prendre en charge les dépassements du compte de campagne du candidat Nicolas Sarkozy et je suis prêt à être condamné pour cette infraction mais je peux vous certifier que personne n'a détourné un euros à son profit personnel".

Où sont allés les millions reçus de l’UMP : "L’argent n’a été utilisé que pour payer des prestataires qui ont réalisé les meeting de Nicolas Sarkozy. Nous avons gardé une marge brute de 23 %, un niveau standard pour les sociétés communication événementielle. Nous avons payé les salaires, les frais d’une douzaine de collaborateurs, et l’impot sur les sociétés. Ma rémunération était de 10 000 € par mois comme coprésident de notre groupe…"

PS : les calculs machiavéliques de François Hollande

"Avec des amis comme ça, pas besoin d’ennemis"…  en lisant le dossier du Point sur François Hollande Le nouveau Machiavel, ses "ruses et manipulations", le vieil adage résonne mieux que jamais. L’hebdomadaire recadre que "chez les socialistes, tous ou appris à se méfier de la parole du président. A ces « oui » qui n'en sont pas, à ce sourire qui le dissimule si bien".

Ainsi, avec la perspective de 2017 et de sa probable candidature à sa succession, Le Point offre un florilège de témoignage (pas tous sourcés) qui prouvent que le Président n’est pas particulièrement aimé par les siens… mais que ça ne fait pas de lui un vaincu. Exemples :

- "Combien de fois il m'a demandé de monter au créneau pour défendre une mesure qu'il a finalement sabordée devant la difficulté ?" se plaint un de ses ministres.

- Jerôme guedj : "il y a un an, en septembre 2014 août, où était François Hollande ? Ridiculisé par le livre de Trierweiler, défié par Montebourg et Hamon, gêné par l’affaire Thévenot… certains se demandaient s’il finirait son mandat. Beaucoup ne s’en seraient pas remis. Un an plus tard, plus personne ne conteste qu’il sera candidat, la question devient : quand se déclara-t-il ?"

- Malek Boutih : technique consiste toujours "à apparaître petit".

- Un de ses "amis": : "la différence entre Mitterrand et Hollande c'est que le premier savais par son action créer le centre de gravité, tandis que le second, passif, le lait se former, le perçoit avant les autres et se l’approprie".

- Jean-Luc Mélenchon : "Hollande arrachait des ailes des mouches quand il était gamin" qui parle de "perversité" en évoquant Hollande.

- Cambadélis en 2009, quand Hollande tente de surgir du fond du trou : "pervers pépère est de retour".

De son côté Le Point analyse avec grande méfiance que le chef de l'État a lancé son "opération réélection" et "mobilise pour cela ses talents de calculateurs et quelques astuces"… : "il n'a pas la violence ni la profondeur historique d'un François Mitterrand, il ne peut non plus prétendre à la rigueur méthodique et conceptuel d’un Lionel Jospin, il excelle dans la tactique de l'attentisme avec un sens aiguisé du rapport de force. Pétri d’un sang-froid démesuré, et indifférent à l’environnement hostile".

Retraites : le régime général va mieux, mais les complémentaires souffrent

Il y en a pour qui on parle de parachutes-dorés, d’autres de retraites chapeau… Challenges parle d’autre chose cette semaine, mais l’image fait sens : sous un parapluie rouge dessiné sur les deux tiers de la Une du magazine, ce titre : "comment se faire une bonne retraite – les décisions à prendre à 30, 40 et 50 ans ; les instruments de défiscalisation".

François Fillon (dont la figure n’a visiblement pas été choisie pour porter la une) est interviewé dans les pages intérieures à ce sujet. Et voilà ce qu’il dit :

1. La seule solution c’est de reculer l’âge légal de départ à la retraite.

2. Nous devons aller vers un régime unique public-privé.

Le magazine rappelle par ailleurs que "si le régime général est attendu en léger excédent en 2016" (En excédent ? Oui léger, "43 millions", face aux "123 milliards de retraites versés"), celui des complémentaires reste dangereusement déficitaire.

Dans quelques jours, le 16 octobre, les partenaires sociaux ouvrent les négociations pour sauver L’arrco (des salariés) et l'Agirc (des cadres) qui sont "dans le rouge depuis la fin des années 2000" qui n’ont "pas le droit de recourir à l'emprunt" et qui "comblent leurs déficits avec leurs réserves" mais celles-ci auront fondu en 2024 et 2018 respectivement.

Quant aux "décisions à prendre à 30, 40 et 50 ans", promises en couv’, Challenges les honore âge par page. Je vous en donne uniquement quelques points :

- 30 ans, "la fougue de la jeunesse": "Il faut viser les produits les plus toniques, tournés vers la bourse, avec des versements programmés sur une assurance-vie multisupport".

- 40 ans, "la force de l’âge" : "pour réaliser la meilleure opération dans la durée, il faut s'intéresser au bien immobilier locatif qu'on achète, à sa qualité intrinsèque, avant de s'intéresser au gain fiscal".

- 50 ans, "un effort récompensé" : "pour bien préparer sa retraite, il faut accepter un effort d’épargne long sur des produits tunnel, comme le Perp ou le Madelin".

Et puis, puisqu’on parle "placement", Le point propose aussi un dossier à lire à ce sujet. On y apprend par exemple quelle est banque la moins chère, quelles sont les cinq initiatives pour renouer avec le client, quel est l’état de la Bourse et des marchés en Chine, quelles sont les résidences senior dans lesquelles on peut investir, quelle assurance-vie choisir, quels sont les pièges à éviter pour l’ISF… Bref, dans ce dossier, il y en a pour toutes les bourses !

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