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Républicains, le sondage choc : Juppé devant Sarkozy sur les certains-d'aller-voter ; sniffer pour travailler : quand le travail est malade ; médecins achetés par les labos : quand la médecine est malade
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Revue de presse des hebdos

Et aussi : Bruno Le Maire : "bien peigné", il veut décoiffer ! Xavier Niel : "mes amis du monde entier rêvent de venir en France" ; salaires graaaands patrons : "on pensait que la transparence aboutirait à plus de vertu. C’est le contraire". C'est la revue de presse des hebdos, par Sandra Freeman.

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

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Primaire des Républicains, le sondage qui secoue : Juppé (40%) devant Sarkozy (34%)

Juppé Président ? En vue des primaire 2016, Le Point fait paraître cette semaine "le sondage qui change tout" (d’après une enquête Ipsos/Sopra Steria réalisée auprès de 7000 personnes). Alain Juppé arriverait en tête au premier tour des primaires des Républicains, avec 40% des voix, devant Nicolas Sarkozy à 34%. Suivent ensuite les deux challengers : Bruno Le Maire et François Fillon, à égalité à 11%. La tendance d’un Juppé leader se confirmerait au second tour, où il s'impose également par 56%, contre 44% pour Nicolas Sarkozy.

Juppé gagnerait grâce aux voix de l’électorat de gauche. Si on regarde dans le détail, la répartition des votants selon leur appartenance politique place en tête les électeurs de gauche, puis ceux de l’UDI, et seulement en 3ème position les Républicains et enfin le Front National. Ceux qui soutiennent Sarkozy, à l’inverse sont d’abord les Républicains et les électeurs du Front National et ensuite minoritairement ceux de l’UDI, pour finir par ceux de la gauche.

Autre élément à faire ressortir de ce sondage : pour les sondés, si on vote Juppé, c’est avant tout pour les idées qu’il défend, tandis que si on vote Sarko, c’est pour sa capacité à l’emporter lors des prochaines présidentielles (bref on voterait pour lui surtout parce qu’on le voit comme un winner !).

Bruno Le Maire : "bien peigné", il veut décoiffer !

Mais Bruno Le Maire (qui se retrouve au loin derrière avec ses 11% d’intention de vote dans ce sondage) n’a pas tout perdu ! L’Obs lui offre un joli portrait dans lequel on retrace d’où il vient ("Issu de la droite catho et réac, ce pur produit de l’élite") et on se demande où il va aller (Il "promet de renverser la table"). Ce qu’on retient, c’est qu’il a 46 ans, "qu’il chasse comme un jeune loup sur les terres des grands fauves", que sa "mèche est bien peignée" mais que ce qu’il veut c’est "décoiffer" et "convaincre de sa capacité à penser la nation française et le monde de demain".

Alors soit, l’hebdo n’est pas totalement convaincu et fait limite de la mopho-phycho-généalogie pour montrer que Bruno Le Maire ne sera peut être pas le bon cheval : "Pâleur aristocratique de son visage rehaussée par ses yeux bleus trahit ses racines. Issu de la vieille France, peut-il accoucher de la France du futur ?". Alors soit, selon le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, "c’est Buisson avec le visage de Juppé", ce qui le rend inquiétant. Alors soit, on le dit cultivé, intelligent, travailleur mais "beige", avec "le charisme d’une huître"… Mais il a un truc, conclut l’article : c’est un "techno défroqué et catho qui se fait violence" et aujourd’hui, il est convaincu "qu’il peut beaucoup". Croire c’est bien. Mais croire en soi, ça mène encore plus loin.

"Sniffer en travaillant" : phénomène répandu et occulté !

Malade ! Je suis malade ! Comme quand ma mère tra-la-la-lère…. L’Obs et l’Express regardent nos nombrils cette semaine et proposent en Une des sujets interrogeant notre santé.

L’Obs se penche sur des substances comme le cannabis, les médicaments, la cocaïne et leur place dans notre vie professionnelle. "La drogue au travail" est ainsi en couverture. Un "phénomène répandu et occulté" selon l’hebdo qui avance à rebrousse poil d’idées préconçues.

"Sniffer en travaillant", ça ne touche pas que les "professions cataloguées à risque" (exemple des traders ou artistes). Aujourd’hui "le toxico invisible inquiète les entreprises qui voient arriver la génération du cannaboom des années 1980-1990." Invisible, le toxico ? C’est surtout qu’il serait monsieur tout-le-monde : ils sont cuisiniers, commerciaux, ouvriers, avocats, chauffeurs-livreurs… et ils se droguent au boulot. Pour donner un ordre d’idée : "Chez les adultes de moins de 35 ans, on estime qu’un homme sur dix est un consommateur régulier (et a fumé 10 fois dans le dernier mois)".

NB : "les femmes fument moins, sans que personne ne comprenne pourquoi" (c’est bon à savoir, même s’il n’y a rien à ajouter).

"La cocaïne reste très marginale mais le nombre d’usagers aurait triplé depuis 2000".

Face à ces tendances, L’Obs s’est rapproché d’une spécialiste Gladys Lutz (ergonome et chercheuse en psychologie du travail) pour qui "c’est difficile à faire entendre mais ce qu’on constate, c’est que le produit est une ressource qui permet aux salariés de mieux faire leur travail" ; mais surtout : "ce que ces consommations révèlent c’est une évolution dramatique du management. On ne s’occupe plus d’organisation. On est dans l’ère du fais comme tu peux. Chacun est une entreprise autonome dans l’entreprise."

Aujourd’hui, l’hebdo rapporte que chez les plus de 20 ans, il se vend près de trois boîtes d’anxiolytiques, antidépresseurs ou somnifères par an et par Français, soit 165 millions de boîtes. François Nicaise, qui est addictologue d’entreprise, épingle ce tabou et explique son impact qu’aujourd’hui : "l’entreprise ne se pose pas la question de savoir pourquoi un employé sous cocaïne est hyperactif, pourquoi il a des colères à répétition. Ou au contraire pourquoi un salarié sous cannabis se montre au contraire amotivationnel".

Mais si l’entreprise doit-elle vraiment se poser la question ?

On dirait bien que légalement, la réponse soit "oui", même si c’est compliqué : "Depuis 2008, un texte juridique dit que l’entreprise est responsable de la santé mentale et physique de ses employés. Le manager a toute légitimité à s’intéresser à quelqu’un qui ne va pas bien. Et si cette personne est en danger l’entreprise, il a le devoir de réagir, notamment en l’orientant vers le médecin de santé au travail. Un entrepreneur doit aussi prendre en compte le risque pénal".

Snif snif…

Quand les labos achètent les médecins, c’est la médecine qui est malade !

L’Express, lui se concentre sur la santé mentale… de la médecine elle-même et dénonce en couverture les "liaisons dangereuses" entre les Labos et les médecins… Le tout pour suivre la théorie de Pr. Philippe Even et en profiter pour publier ses bonnes feuilles (il sort un livre !). Il faut dire qu’à la suite du "scandale du Mediator", rappelle l’Express, "l’information sur les médicaments a besoin de transparence. Cela suppose une communauté médicale indépendante des firmes pharmaceutiques. C’est loin d’être le cas, dénonce le Pr. Philippe Even". Ainsi, il s’attaque à ceux qui "déshonorent la médecine et leurs collègues intègres, parce qu’ils servent les firmes les yeux fermés".

Et ces médecins là ont beau argumenter, et dire : "malgré tous ces contrats, je ne me sens pas lié, je conserve toute mon indépendance" ; ou, autre argument : "partenaire de multiples firmes, je ne dépends d’aucune" ; ou encore "sans ce genre de consultants, l’industrie serait aveugle et c’est au service des malades qu’ils travaillent, ce qui justifie leurs rémunérations"…

Le professeur Even n’y croit pas. Le problème, c’est l’argent : la seule recherche indépendante ? C’est "la recherche clinique menée dans les hôpitaux publics". Et comment distinguer un médecin universitaire indépendant ? "L’indicateur le plus évident c’est le nombre de ses contrats comme consultant de l’industrie" ! Alors que faire en tant que patient ? "Quand on vous oriente vers un spécialiste, allez sur le site Transparence-santé avant la consultation et tapez son nom. Si celui ci détient plus de 20 contrats avec des firmes, alerte ! Ca ne signifie pas qu’il est corrompu, mais ça doit vous inciter à poser encore plus de questions."

Xavier Niel : "Mes amis du monde entier rêvent de venir en France"

Alors malade, la France ? Oh que non ! Challenge titre cette semaine sur sa bonne santé, "La France qui gagne et qui séduit". L’hebdo en fait presque son combat de semaine en semaine. Le propos ici est clair : "Halte au french bashing ! Notre pays marie les domaines d’excellence traditionnels à d’autres moins attendus mais très efficaces pour sa croissance. C’est si vrai que même les étrangers le disent."

Les étrangers le disent, et Xavier Niel le dit aussi (et il dit en plus lui aussi que les étrangers le disent)… Tant d’optimisme, nous n’en sommes pas coutumiers.

Challenges interroge l’homme d’affaire : "Pourquoi êtes-vous optimiste pour la France ?"

Sa réponse (d’abord un peu centrée) : "D’abord parce que je suis né en France et que je suis un peu immodestement l’exemple vivant qu’il est possible de partir de rien et de réussir professionnellement et financièrement". Mais encore : "Je constate que mes amis du monde entier rêvent de venir en France parce qu’il y a une douceur de vivre inégalable"… Et en plus, on a "des ingénieurs de qualité, à des coûts accessibles". ce n’est pas fini. Xavier Niel insiste : "Tous mes amis américains me disent : mon bureau en Europe, je ne vais pas le créer à Londres mais à Paris." Ils ont même pas peur de notre fiscalité, visiblement : "La réalité c’est que nous disposons d’un environnement fiscal et administratif qui pousse à la création d’entreprise ? Nulle part dans le monde on est aidé pour créer son entreprise : c’est le cas en France".

Après cela, c’est évident, nous n’avons d’autre choix que d’être optimiste (et de jeter tous nos boîtes de médocs !!!)

Salaires des graaaands patrons : "on pensait que la transparence aboutirait à plus de vertu. C’est le contraire"

Et si on pense à certains autres patrons, ça a l’air aussi de bien planer pour eux ! Un an après le départ de Philippe Varin, président de PSA Peugeot Citroën, qui avait écorché des oreilles avec "sa retraite chapeau de 21 millions d’euros", Rebelote ! L’Express s’attarde cette semaine sur ces "salaires taille patrons". 13,7 millions d’euros viennent d’être versés à Michel Combes à l’occasion de son départ d’Alcatel-Lucent. (Il avait pourtant dit quelques mois plus tôt "je ne souhaite pas d’indemnités de départ", mais bon). La question qui suit est : les dirigeants du CAC 40 sont-ils trop payés ? Sans répondre par l’affirmative ou la négative, l’hebdomadaire se contente de poser les chiffres généraux : "En 2014, la rémunération des dirigeants du CAC 40 atteignait en moyenne 2,2 millions d’euros". Et puis, on nous livre quelques chiffres "exceptionnels", comme Jean-Paul Agon (le PDG de l’Oréal) et ses 8,1 millions, Olivier Piou (patron de Gemalto) et ses 7,2 millions, ou Carlos Ghosn (PDG de Renault-Nissan) qui a touché 7,2 millions euros (pour la France… mais pour la gestion côté Japon, on rajoute 7,4 millions).

Cela peut paraître beaucoup, mais l’Express remet en perspective à deux points de vue :

D’abord par rapport à l’international, ce sont des "montants malgré tout inférieurs à ceux des dirigeants européens et américains" (par exemple : le PDG américain David Zaslav (de Discovery Communications) et ses 140 millions euros en 2014, ou le britannique Martin Sorrell (WPP) et ses 59 millions).

Mais la re-contextualisation peut se faire aussi par rapport aux bas salaires. Pour Pierre-Henri Leroy, c’est clair et précis : "personne ne devrait gagner plus de 100 fois le Smic".

La crise des migrants : une nouvelle façon de s’ausculter – comment va notre cœur ?

Evidemment, semaine après semaine, tous les hebdos ne peuvent pas faire leur couverture sur la crise des migrants. Le sujet reste présent et abordé différemment selon les supports. Pas toujours où on les attend, d’ailleurs. Mais ce qui ressort, en creux, (sans plus de culpabilité), c’est quand même notre empathie toute relative face à la situation de ces réfugiés. "Charlie Hebdo" ironise sous le feutre de Coco : "Bienvenue au migrants" est-il écrit en gros. Le dessin représente un Français sur son fauteuil, cannette de bière à la main. Il dit "vous êtes ici chez vous !" alors que ses pieds sont croisés sur un homme à quatre pattes, réduit à l’état d’objet : un repose–pied.

L’Allemagne : "ce supplément d’âme dont l’Europe a besoin"

Ainsi, Les inrockuptibles choisissent de prôner le "modèle allemand". On aurait pu imaginer que le magazine s’attaque avec virulence à nos voisins… Non ! Au contraire, avec son chômage en baisse et ses salaires en hausse, sa solidarité fiscale et son accueil exemplaire des migrants. Les Inrocks se demandent "si l’Allemagne était désormais plus sociale que la France ?"

Pourtant ce n’était pas forcément sa place : "Il y a encore 20 ans, l’Europe était simple à décrire : son économie était allemande, son supplément d’âme français", écrit-on dans le magazine.

Oui mais non, poursuit l’hebdomadaire… "ça, c’était avant" ! Et en fait, "Si on y réfléchit bien tout ce qui a été grand et historique ces vingt dernières années a été accompli sans gloriole par l’Allemagne. Grâce à la solidarité fiscale des Allemands de l’Ouest qui paient encore un impôt spécial, elle a absorbé et développé son voisin".

Et maintenant ? "Ce qui est certain c’est qu’elle a fait un hold-up mérité sur des valeurs dont nous nous croyons propriétaires". L’Allemagne est devenue terre d’asile pour des centaines de milliers de réfugiés de Syrie, Irak, Afghanistan et "elle vient de démontrer qu’elle incarnait ce supplément d’âme dont l’Europe a besoin".

Merkel : près de 80% d’opinions favorables dans son pays. "Si seulement elle était française" !

Le Point, dans le genre, s’emballe encore d’avantage ! 'L'incroyable madame Merkel" se retrouve en couverture avec cette déclaration d’amour : "Si seulement elle était française" !

Flashback sur dix ans : Avant, "c’était un ovni". Mais aujourd’hui, "la chancelière n’est pas seulement à la tête d’une économie florissante, elle est la femme la plus puissante du monde, qui tient tête à Poutine ou à Tsipras… Madame Rigueur sur l’euro et Madame Générosité sur les migrants".

Merkel, c’est la nouvelle idole. Et le journal dresse un portrait d’elle avec un je ne sais quoi de parfum littéraire qui la transforme en une héroïne de la grande Histoire, en un être supérieur, "la première chancelière à la tête de l’Allemagne. Il y avait de quoi être bouche bée il y a 10 ans".

Force est de constater que la description physique ne l’érige pas au rang d’icône, mais ce n’est pas grave, dans son portrait, Pascale Hugues s’en arrange. Tantôt ses "bajoues disgracieuses", son allure de "cocker triste" dénotent un "manque de cœur et d’humour" et sont signe d’une "ambition démesurée"… Tantôt ses "mêmes rides sont la preuve du sérieux avec lequel Angela Merkel fait son métier". Rien ne lui a été épargné. Si on a pu lui reprocher son look, ses rides, sa coiffure, "elle reste imperméable aux critiques".

Et sur un plan politique, elle a aussi été très critiqué pour son manque de stratégie, son manque de leadership, son manque de vision, de courage aussi ("jamais elle n’aurait eu le courage d’introduire l’euro")… mais Evelyn Roll explique : "Merkel a toujours été sous-estimée. C’est son atout. Le temps que ses rivaux mettent en place leurs mécanismes d’anéantissements, elle les avait déjà doublés. Elle est très forte".

Après 10 ans de pouvoir, elle bénéficie tout de même de près de 80% d’opinions favorables dans son pays ! "Cela s’explique par la cohérence d’un style qui n’est pas spectaculaire dans sa façon de gérer la chancellerie allemande". On n’a jamais l’impression qu’elle possède ce que Nietzsche aurait appelé la "volonté du pouvoir", selon Peter Sloterdijk, mais qu’on ne s’y méprenne pas, souligne le papier du Point, "sous ses allures de ménagère courtoise, elle marcherait sur des cadavres. Elle aime le pouvoir."

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