Habitat BBC : comment éviter les pièges des maisons à basse consommation mal pensées<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Habitat BBC : comment éviter les pièges des maisons à basse consommation mal pensées
©Reuters

Secrets de fabrication

En cherchant à limiter la facture carbone ou en tentant de créer des maisons peu coûteuses à l’entretien, des problèmes d'isolation non négligeable surviennent au sein des maisons neuves et modernes. Et notamment en cas de fortes chaleurs.

France  Poulain

France Poulain

France Poulain est architecte et urbaniste de l'Etat. Elle travaille depuis la fin des années 1990 sur les questions relatives au camping, qu'il soit ancien ou moderne, individuel ou collectif, sur parcelles privées ou en terrains de camping, de loisir ou sous forme de précarité. Elle a publié de nombreux articles et ouvrages sur ce sujet dont l'Esprit du camping (Cheminements, 2005) ou bien encore Le camping aujourd'hui en France (Cheminements, 2010).

Voir la bio »

Atlantico : Suite à une canicule touchant la Grande Bretagne, le pays faisait face à un problème d'isolement thermique dans ses bâtiments les plus récents. En raison de leur capacité à retenir la chaleur, pour limiter l'impact écologique, les récentes construction se sont transformées en four sitôt l'été arrivé. Existe-t-il des cas similaires en France ? Comment expliquer un tel défaut de conception (potentiellement mortel d'après les scientifiques) ?

France Poulain : Les constructions les plus récentes visent à atteindre des performances en terme d’isolation qui les rendent les moins consommatrices en énergie pour être chauffées, notamment durant l’hiver. Cela consiste en des murs bien isolés –ce qui est un progrès par rapport aux constructions des années 1970 où les murs étaient parfois « fins comme du papier à cigarette »-, des fenêtres à double ou triple vitrage mais également à une étanchéité de l’ensemble par rapport à l’environnement extérieur.

Ainsi, l’un des tests qui est réalisé à la fin des chantiers est de vérifier que les constructions sont bien étanches et qu’aucun air ne s’en échappe. Si l’on ajoute des éléments de production d’énergie comme des panneaux solaires, de la géothermie ou autres, les bâtiments peuvent même devenir autonomes en matière énergétiques.

Mais, l’étanchéité ne correspond à une l’aboutissement du travail à réaliser pour rendre une maison écologique, puisqu’elle n’est, à ce stade, qu’énergétiquement viable. Il faut alors recréer des mouvements d’air pour apporter une régulation thermique et assainir la maison. Les systèmes de double flux ou de climatisation permettent pour le premier de descendre à 24-25 degrés l’été mais pas en dessous et pour le second d’avoir un contrôle beaucoup plus important mais qui nécessite en retour beaucoup plus d’électricité. Plus le système de gestion de l’air est important, plus il faut que la maison créée sa propre électricité. Sinon, cela conduit à ce que les maisons consomment toujours de l’électricité, non plus pour se chauffer l’hiver mais pour recréer un mouvement d’air artificiel (créé dans les maisons anciennes par l’air qui passent par les portes et les fenêtres souvent mal jointives).

Ce flux d’air automatisé, et contrôlé par système électronique et nécessitant de l’électricité, ne supporte pas les pannes. Car, si le flux s’arrête, le confinement s’installe et conduit à ce que les champignons se multiplient, ce qui n’est, au final, pas si sain.

Pour éviter de rencontrer de tels problèmes quelles sont les choses essentielles à considérer avant l'achat ou la mise en construction d'une maison ? Peut-on vraiment espérer limiter à la fois son budget chauffage et son impact sur l'environnement ?

France Poulain : Lorsque l’on fait construire une nouvelle maison, la chose complexe est d’anticiper tous les frais qui vont survenir après la mise en route ; car il faut que le système de gestion de l’air soit quasiment autonome en matière d’alimentation électrique. Or, si l’on peut imaginer avoir une production relativement bien gérée durant l’année, c’est plus complexe en cas d’orage et de coupures électriques localisées, de surchauffe, de défaillance mécanique du système… il faudrait donc avoir des sécurités pour garantir la bonne tenue du réseau électrique, et aller même plus loin en ayant des systèmes parallèles pouvant remplacer le système défaillant au pied levé. C’est, par exemple, le cas des hôpitaux qui ont des systèmes annexes qui se mettent en route une fois le premier système arrêté. Mais tout ceci est très couteux et donc la plupart des nouvelles constructions sont étanches, à double flux mais sont fragiles en terme de pérennité de l’apport électrique.

Fondamentalement, quelles sont les alternatives envisageables, pour créer des habitations aussi respectueuses de l'environnement que du désir de confort de ses habitants ?

France Poulain : Deux voies existent principalement. D’un côté, celle de l’apprentissage et de la reconnaissance des systèmes plus anciens qui ont permis à des sociétés entières de faire face aux évolutions climatiques. Je pense notamment aux systèmes développés par les populations de l’Afrique du Nord pour créer des flux d’air dans les quartiers et les maisons avec des systèmes de cheminées peintes en noir pour attirer et créer du flux d’air venant du sol, aux murs en terre ou en paille épais de 40 à 60cm qui donnent une formidable inertie aux bâtiments…Ici, ce n’est pas un oubli de la nature qui est recherché mais au contraire une bonne adaptation et une harmonie avec elle.
De l’autre côté, celle d’une innovation technologique qui nous rapprochent de ce que l’on peut voir dans certains films d’anticipation où les maisons sont de grands ordinateurs et peuvent être implantés n’importe où en étant parfaitement autonomes : filtrage de l’air et de l’eau, recyclage des déchets… Et ce n’est peut être pas si loin de nous car certains pays dans le monde cherchent à « sauter le pas technologique » actuel, qui n’est pas à 100% satisfaisant, pour aller directement à un niveau technologique plus abouti. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !