A New York, le scandale des esclaves de la manucure<!-- --> | Atlantico.fr
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Les faiseuses de manucure travaillent dans des conditions proches de l'esclavagisme.
Les faiseuses de manucure travaillent dans des conditions proches de l'esclavagisme.
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Revue de blogs

Le New York Times a révélé l'existence de véritables filières organisées d'esclaves chargées de faire des jolis ongles aux dames fortunées.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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C'est une addiction internationale qui frappe les femmes dès l'adolescence. De longs ongles vernis ou décorés de compositions parfois tellement sophistiquées qu'elles racontent en dix doigts une histoire. Cette mode sévit jusque chez lespetites vlogueusesmode et beauté, qui possèdent 40 vernis différents. Le Net regorge de tutoriels et de concours d'ongles fantaisie. Tous les instituts de manicures lancent leur compte Facebook ou Instagram. Le vernis, c'est sérieux. Et c'est un énorme business.

Le prix des jolis ongles à New York

Ce week-end, un hashtag a soudain surgi sur Twitter aux Etats-Unis : Unvarnished (sans vernis). Il fait suite à la publication d'une enquête choc dans le New York Times. "Le prix des jolis ongles" de Sara NirQuand toutes les New Yorkaises s'offrent chaque semaine un rendez-vous chez une manicure, ce reportage en deux parties publié sur les coulisses des Nail salons ne pouvait que secouer la ville.

L'émotion est telle que le gouverneur Cuomo de l'Etat de New York a annoncé des mesures d'urgence pour protéger les petites mains de l'ongle et ordonné de contrôler les milliers d'ongleries qui ont ouvert ces dernières années. Des instituts, comme Paintbox, ont réagi sur leur blog pour assurer qu'ils ne traitaient pas leurs employées de cette façon.

Extrait : "Quin Lin, 47 ans, manicure qui a travaillé dans l'Upper East side ces dix dernières années, est toujours bouleversée quand elle évoque le jour où du vernis à ongles tacha la chaussure Prada d'une cliente. Quand cette cliente a demandé à être dédommagée, les 270 dollars que le propriétaire fourra dans sa main ont été déduits du salaire de Mme Lin, à qui on demanda de ne pas revenir travailler. Je vaux moins qu'une chaussure",dit-elle.

Après plus d'un an d'enquête, la journaliste décrit un monde sordide d'immigrées chinoises ou d'Amérique du sud, ramassées à l'aube en mini-bus dans une banlieue pour travailler dans des chaines de salons qui ressemblent beaucoup aux sweat shops du XIXème siècle. Certaines doivent payer pour travailler et ne reçoivent que des pourboires. Elles font de très longues heures, doivent fournir leur propre matériel, payer encore pour être formées à la pose de faux ongles acryliques. En début de carrière, la manucure peut ne gagner que 10 dollars par jour. La journaliste raconte aussi le système de castes qui s'est instauré dans ces salons où les Coréennes, l'aristocratie du métier, prétendent d'emblée aux meilleurs salaires et où les Sud-américaines sont insultées et méprisées. Par ailleurs, ces travailleuses sont exposées à des produits très toxiques, et les maladies professionnelles, objet de la seconde partie du reportage, explosent dans ce secteur. L'ongle et le vernis sont devenus le petit métier d'un nouveau Far West dont les clientes ne se plaignaient pas : 10 dollars la manicure, c'est donné.

Une histoire déjà longue

Les Vietnamiennes, réputées avoir lancé le concept des ongleries abordables aux Etats-Unis, étaient des réfugiées de la guerre du Vietnam, qui cherchaient comment survivre en Californie. Tippi Hedren, célèbre actrice de l'ère Hitchcock, qui soutenaient ces réfugiées, leur proposa des cours de dactylographie. Mais elles n'avaient d'yeux que pour ses ongles faits et demandèrent à apprendre l'art des longues griffes rouges, ce qui fut fait. Une décennie plus tard, elle se trouvaient à la tête des premières chaines de salons de manicures, qui n'était encore qu'un artisanat féminin. 

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