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La parité euro-dollar : un phénomène qui pourrait durer
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Le nettoyeur

Il est probable que l'équilibre entre ces deux monnaies ne soit pas dû aux fluctuations ordinaires du marché mais bien à des tendances lourdes qui risquent de se prolonger, au moins à moyen terme.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Depuis la création de l'euro, celui-ci a été une monnaie forte. La Banque centrale européenne, particulièrement sous Jean-Claude Trichet, a tenu à faire une politique de l'euro fort afin d'asseoir la crédibilité de la nouvelle monnaie. A contrario, pendant les années 2000 le déficit commercial des Etats-Unis faisaient du dollar une monnaie plutôt faible.

C'est pour ça que la hausse du dollar et la baisse de l'euro qui ont commencé depuis le début de l'année sont des événements économiques significatifs. Aujourd'hui les deux monnaies tutoient la parité, ce qui ne s'était pas produit depuis plus de dix ans. Explications.

Est-ce un phénomène passager ?

Celui qui essaye de prédire les marchés, particulièrement les marchés de devises, invite les dieux à se moquer de lui, mais il y a des raisons de le penser.

Du côté de l'Europe, la BCE a depuis quelques mois enfin réussi à se libérer partiellement de l'emprise politique de la Bundesbank et à reconnaître le fait qu'une politique monétaire ultra-restrictive est le meilleur moyen de plonger la zone euro dans une dépression permanente et donc de provoquer à terme un éclatement de la zone monétaire. La BCE de Mario Draghi a lancé ces derniers mois plusieurs programmes plus ambitieux de rachats d'actifs et signalé au marché qu'il continuerait de soutenir la reprise économique de la zone euro. Ces actions ont évidemment tendance à faire baisser l'euro.

Du côté des Etats-Unis, c'est l'effet inverse qui joue. La Federal Reserve s'est lancé dans des politiques monétaires non conventionnelles dès le début de la crise économique, et aujourd'hui l'économie américaine est au milieu d'une reprise qui, si elle n'est pas aussi importante qu'on pourrait le souhaiter, est néanmoins bien réelle. Dans ce contexte, la Fed a signalé que sa politique va être plus restrictive à moyen terme. Autrement dit, au moment où la banque européenne fait baisser sa monnaie, la banque américaine a tendance à la faire monter.

Il y a une autre tendance qui renforce le dollar : les gaz de schistes et autres méthodes nouvelles d'extraction de matière première. Les Etats-Unis sont en train de devenir un des plus grands exportateurs de ressources naturelles au monde. Ceci a évidemment tendance à résorber le déficit commercial et à faire grimper le dollar.

Autrement dit, il est probable que cette parité euro-dollar ne soit pas due aux fluctuations ordinaires du marché mais bien à des tendances lourdes qui risquent de se prolonger, au moins à moyen terme.

Le dollar fort va augmenter le pouvoir d'achat des consommateurs américains au même moment où l'euro faible va renforcer les exportations européennes. C'est une facette importante de l'équilibre économique mondial qui est en train de changer pour de bon.

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