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À la rencontre de la population lapone
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Couvrant une partie de la Suède, de la Finlande et de la Norvège, le Laponie est considérée comme la dernière étendue sauvage en Europe. Une région où vivent les Samis, population locale et surprenante.

Quentin Desurmont

Quentin Desurmont

Président fondateur de Peplum, créateur de voyages sur-mesure de luxe, Quentin Desurmont agit activement pour l’entreprenariat. Il a fait partie de la délégation du G20 YES à Moscou en 2013 et  à Mexico en 2012, est membre de Croissance + et des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens. Quentin contribue aussi à l’émergence du tourisme de luxe en Europe, il est membre de Traveller Made.

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Pour en savoir plus sur la Laponie, rendez-vous sur le site de Peplum

C'est la « dernière étendue sauvage de l'Europe ». Une étendue qui s'étire, d'est en ouest, de la Russie à la Norvège, en passant par la Suède, en passant par la Finlande.Face aux champs enneigés de taïga et de toundra, on se demande quelle différence il peut y avoir entre les trois régions. Aucune a priori. Le trio arctique appartient à la Laponie, le pays du Père Noël. La Suède occupant le plus de terrain, c'est là que l'on a décidé de se rendre en premier lieu. Un guide semble indispensable pour explorer cette patinoire apparemment infinie. D'où l'intérêt de partir à la rencontre du peuple autochtone, les Samis. Estimée à près 80 000 personnes - la Russie incluse -, la population same doit son autonomie à des traditions qu'elle partage volontiers avec les voyageurs. Rencontre exclusive.


Cap sur un village same de la Suède. En motoneige, quelle question ! C'est le moyen de transport le plus utilisé en Laponie. Pourquoi pas en traîneau ? Patience...  Rencontrer ses hôtes présage de nombreuses surprises. Et s'il est question d'hospitalité, c'est parce que la visite des environs est assurée par et chez un couple d'autochtones semi-nomades, au bout d'un chemin de terre. Une dizaine de maisons alentour, pas plus. Accueil trop chaleureux pour se sentir seul au monde. Plusieurs bâtiments à l'horizon.La demeure des deux époux jouxte une cabane à outils, une espèce de hangar où reposent des objets artisanaux rares, un kota, sorte d'abri octogonal où l'on fume de la viande de renne, réchauffe du café... Et enfin un musée. Parfaitement, un musée dit personnel.


On ôte ses bottes fourrées pour pénétrer ce qui ressemble à un agréable foyer. Non, ce n'est pas l'entrée d'un appartement mais celle d'un centre culturel privé. Parmi les objets présentés et les instruments de musiques typiques, se distingue une série de costumes traditionnels. Les modèles semblent unisexes tant les motifs et les coupes se ressemblent. Le kolt ou gákti – ainsi se nomme ce genre de vêtement – se décline sous douze formes différentes. On le porte lors de grandes occasions, baptêmes, enterrements... Et l'hôtesse de décrire soudainement sa tenue de mariage. La version masculine est généralement plus courte, quoique elle tombe jusqu'aux chevilles, dans le sud de la Suède. En face, divers ornements. Un étalage qui oppose les accessoires en argent, caractéristiques du nord, et les broderies en étain, plus largement répandues dans le sud. 

Bleu, rouge, vert et jaune. La combinaison provoque une impression de déjà-vu. Et pour cause, les mêmes couleurs composent le drapeau same entraperçu sur la façade du centre. Autre objet de fierté : le renne, auquel le couple de guides réserve un sort particulier. Le dîner est prêt. Comme quoi le terme d' « hôte » était vraiment approprié. La Laponie suédoise, compte environ 260 000rennesà moitiédomestiqués. Pas question de chasser ses trésors de la nature. Demander à un Sami combien il possède de rennes revient à lui demander combien il a sur son compte en banque. Si on les retrouve fumés - sous le nom de « Suovas » - sous la forme de chaussures ou d'ustensiles de cuisine, ce n'est que parce que la Laponie doit optimiser ses pertes.Une sorte de crème glacée fondue rejoint la tablée. Curieuse, cette association de plat et de dessert. Il s'agit en réalité de lait de renne, une boisson visiblement grasse mais fort riche en minéraux.


La discussion se politise autour du café. Un café same cuit dans le kota, remarqué à l'arrivée. L'occasion pour le maître des lieux de revendiquer l'autonomie de son peuple. Dire qu'il existe une assemblée luttant pour la création d'un siège same à Kiruna, ville lapone bordant un chemin de fer. Un objectif qui fait l'unanimité dans les partis politiques. Plus puissants, les parlements de Finlande, de Norvège, et de Suède ont signé une convention dans l'espoir de renforcer leur position en tant que peuple minoritaire et d'influencer les décisions inhérentes aux affaires sames. Reste à obtenir l'accord des gouvernements nordiques. En 2011, la Cour suprême a reconnu aux Sames leurs droits coutumiers sur certaines terres, conclue le chef de famille avec passion.


Le repas s'achève en musique, sur un joik - pour être plus précis -, chant traditionnel religieux constituant l'un des plus anciens genres de musique en Europe. Considéré comme une pratique païenne et barbare, il a longtemps été interdit par l'Église luthérienne de Suède. A qui se dédie ce joik digestif ? À la grand-mère de l'interprète. Pas besoin de parler same pour comprendre la charge émotionnelle qui envahit cette dernière. En Laponie, le chant est souvent commémoratif. L'heure est venue de débarrasser ; c'est du moins ce que laisse entendre l'hôtesse en bondissant de sa chaise. Deux assiettes en mains, elle allume une vieille chaîne hifi afin de poursuivre l'initiation musicale entamée dans les larmes. Ce deuxième air paraît si familier... On dirait Waterloo du groupe ABBA. Bonne réponse ! Le blind test peut continuer. La Suède doit à Sofia Jannok d'avoir osé interpréter ce tube en same lors de l'Eurovision 2009.

On pense regagner son hôtel en traîneau. Seulement, l'obscurité et la neige rendent l'expérience peu recommandable. Le temps de caresser les chiens que l'on aurait souhaité avoir pour conducteurs, et on enfourche la motoneige de son guide, déterminé à changer de moyen de transport dès le lendemain. Tout vient à point à qui sait attendre, non ?

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