Affaire Gammy : la Thaïlande et le business des mères porteuses<!-- --> | Atlantico.fr
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Gammy, petit garçon trisomique né d'une mère porteuse.
Gammy, petit garçon trisomique né d'une mère porteuse.
©Reuters

Revue de blogs

Gammy, un petit garçon trisomique de six mois, est gravement malade et suscite l'émotion sur les réseaux sociaux. Né en Thaïlande d'une mère-porteuse, l'enfant a été abandonné par ses parents, un couple d'Australiens, qui ont emporté avec eux sa sœur jumelle en bonne santé.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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La gestation par autrui ou le recours à des mères porteuses a déjà produit des pourvois en cassations, des recours auprès de la cour européenne de justice et des manifestations mais sa dimension mondialisée n'avait pas encore trouvé un exemple. C'est fait avec l'affaire de Gammy, celle d'un petit garçon trisomique et jumeau d'une petite fille normale, nés d'une mère porteuse thailandaise pour un couple d'Australiens.

Le père aurait refusé de prendre le petit garçon. La maman porteuse, déjà mère de deux enfants à 21 ans, n'a pas les moyens de le faire soigner pour des problèmes cardiaques. C'est alors que s'est déclenché l'appel à solidarité pour Gammy et le scandale.

Photo de la page Facebook "Hope for Gammy"

En France, une lectrice deLady Waterloo, le blog d'une grand-mère indigne conseille de "se méfier des réactions à chaud". Elle a raison. Car les blogosphères australiennes et thailandaises, au point d'ébulition, reflètent une histoire il faut le dire sordide, mais sans doute déjà courante, où se heurtent haute technologie de procréation, principes ethiques occidentaux et simple misère de celles qui louent leur ventre.

En Australie, l'affaire est bouillante et provoque des apparitions à la télévision de ministres. On s'interroge même pour savoir si Gammy pourrait avoir la nationalité australienne et si l'Australie lui doit de veiller sur sa santé et d'en assumer les frais. Ou même : peut-elle être inculpée, en droit international, de "trafic d'êtres humains" ?

C'est l'association caritative australienneHands accrosss the wateractive en Thaïlande pour les orphelins et les enfants défavorisés depuis le tsunami, qui mène les appels aux dons et la mobilisation. En quelques jours, par l'effet réseaux sociaux et indignation, sur le site de crowdfudiing Gofundme, la page Hope for Gammy a atteint l'objectif des 200 000 dollars pour couvrir l'opération et les soins médicaux de Gammy.

Les pages Facebook et les divers comptes créés pour envoyer des dons au petit Gammy depuis l'Australie grouillent de rumeurs : le père-acheteur australien aurait un casier judiciaire, et qui plus est d'attentat à la pudeur. Le couple aurait décliné le second bébé car "trop vieux pour élever des jumeaux". Ils auraient vu la mère porteuse. Non, ils ne l'auraient jamais rencontrée, l'agence interméfiaire se chargeant de tout, y compris des examens médicaux. Ils auraient proposé à la mère porteuse d'avorter. Elle aurait refusé. Non, ils n'étaient au courant de rien. Lucie, une donnatrice australienne, résume la confusion dans le fil de commentaire de la page des dons :

"Il semble maintenant que la mère porteuse ait menti. Dans un article précédent du journal de Sidney, elle disait qu'elle n'avait jamais rencontré les parents, qu'un employé était venu à l'hopital, avait pris la petite fille et laissé Gammy. Maintenant, elle dit que le père est venu à l'hôpital et qu'il l'a vu. Dès que cette affaire a éclaté, j'ai pensé que c'était l'agence intermédiaire qui était en faute, et qu'elle avait menti aux parents et à la mère porteuse pour protéger sa réputation, et ça semble être le cas. Les gens devraient donc cesser de hurler aux monstres que sont les parents et voir qu'ils sont tout autant victimes de la situation."

La Thaîlande, actuellement sous couvre-feu et régime militaire, s'est aussitot retrouvée sous les feux des projecteurs, et ce que les Australiens découvrent du secteur de la procréation, très peu ou pas encadré, par les informations sur les réseaux sociaux, le plus souvent tirées des articles du Sidney Morning Herald, est assez inquiétant :

- La Thaîlande compte 44 cliniques d'insémination pour mères porteuses, dont quatre se sont ouvertes cette année. Le secteur jusqu'à ce scandale était en plein boom et enregistrait une progression de 20 pour cent par an. Depuis, les agences de mères porteuses ont retiré précipitamment leurs publicités et ne répondent plus au téléphone. Elles étaient presque officiellement conseillées aux couples australiens stériles comme une solution. Environ 200 mères porteuses thaîlandaises attendraient actuellement un enfant de couples australiens, pour celles dont on a trace.

- Des perquisitions ont été lancées après plaintes début juillet dans quelques cliniques par les autorités thaîlandaises : elles étaient prises d'assaut par des couples chinois voulant avoir recours à la FIV pour sélectionner les embryons mâles et avoir un garçon.

Der retour en France, le blogPas si dupe a trouvé un titre-conclusion : "Service après-vente GPA : un enfant trisomique ni repris, ni échangé".

"Au final, on peut se demander si la naissance providentielle de cet enfant trisomique qui suscite un émoi dans le monde entier n'est pas de nature à nous sauver, au moins pour un temps, de toute précipitation dans la légalisation de la GPA."

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