Les partis politiques paient-ils les affaires dans l’opinion ? <!-- --> | Atlantico.fr
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De jeunes militants UMP.
De jeunes militants UMP.
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C'est le tarif !

Les révélations sur les affaires qui touchent nos politiques s'enchaînent, se suivent et se ressemblent, et finissent pas lasser les soutiens traditionnels des partis, qui vont voir ailleurs.

Xavier  Chinaud

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

Aujourd’hui, il est associé du cabinet de stratégie ESL & Network.

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Sondage Ifop pour le JDD 09.03.2014

Atlantico : Mediapart et Le Monde ont publié ce mardi 17 juin des informations sur les affaires Bygmalion et Karachi. Même s’il n’est pas concerné toujours de la même manière, Nicolas Sarkozy est tout de même cité dans six affaires à la fois : Bygmalion, Karachi, le financement libyen, un trafic d’influence présumé, l’arbitrage Tapie, et les sondages de l’Elysée (dont certains commandés à la société de Patrick Buisson). Cette accumulation nuit-elle uniquement à l’ancien président, ou l’UMP en fait-elle aussi les frais dans l’opinion ?

Xavier Chinaud : Le passé a montré que ce sont davantage les institutions que les hommes qui pâtissent des "affaires" ; Cette étude l’illustre à nouveau.

Ces accusations dont la justice dira si elles sont ou non fondées, nuisent évidemment à l’ancien président, notamment vis-à-vis des siens plus audacieux aujourd’hui qu’ils ne le furent sous sa présidence, mais Nicolas Sarkozy au-delà de la défense de ses amis sur l’air du complot, est une personnalité vis-à-vis de laquelle les Français ont une opinion tranchée, dans un sens ou dans l’autre et il n’est pas surprenant qu’il apparaisse moins impacté que la classe politique discréditée dans son ensemble.

Jamais la défiance vis-à-vis du politique n’a été aussi forte, les affaires sont une atteinte permanente et croissante à la démocratie,  tout cela est très dangereux dans le contexte des crises que nous vivons.

Avec l’affaire Bygmalion c’est l’UMP qui est directement touchée dans son organisation. Les militants et les sympathisants peuvent-ils être tentés de se détourner du parti ?

L’UMP a enchainé en 2 ans, une défaite aux présidentielles, une élection interne abracadabrantesque, une guerre des chefs et des égos ininterrompue et bien peu de remise en cause ; j’ignore les chiffres réels d’adhésion, mais il est vraisemblable que ceux qui sont encore membre sont d’un type très résistant…c’est sans doute auprès de ceux qui partis écœurés et envisageant de readhérer que le mal est fait. Le problème est d’avantage celui des électeurs que celui des militants.

DSK en 2011, Cahuzac en 2013 : le PS a-t-il eu à pâtir considérablement de ces affaires auprès de l’opinion ? Pourquoi ?

Le sondage illustre ici deux cas différents, dont l’impact a logiquement différé : "l’affaire DSK" n’a en rien empêché le succès de la primaire socialiste et l’élection de François Hollande.

"L’affaire Cahuzac" est différente en ce sens qu’il s’agit d’un ministre de la République, pas d’une affaire interne au PS.  Si l’opinion s’est retournée contre les socialistes au plan électoral, cela est dû d’avantage aux déceptions,  à l’absence de résultats ou à la faiblesse de cette Présidence qu’à l’affaire évoquée. L’exemple de 1993 est plus pertinent, les "affaires" prêtées à l’époque au PS avaient entrainé une défaite historique des socialistes dans les urnes.

De manière générale, le sujet des "affaires" est-il  déterminant dans l’image qu’un parti véhicule auprès des Français, des sympathisants et des militants ? Quelles sont les défaillances les plus fatales aux partis dans l’opinion ?

La réponse est oui et non, oui dans l’instant médiatique et à court terme, mais non sur la durée, les scandales qui ont émaillé la vie du Parti Communiste français ne me semblent plus beaucoup impacter son image aujourd’hui.

La mise en cause de quelques-uns à l’UMP ne rejaillit pas sur l’ensemble des personnalités qui la composent. Puisse par contre cela  faire réfléchir dans l’ensemble de la classe politique.

Ce sondage confirme sans surprise que la majorité des Français préfère que la classe politico-médiatique mette son énergie sur les sujets de fond… et vivent avec une "fatalité trompeuse" les écarts de certains de leurs représentants.

Le problème majeur des partis politiques, à commencer par les deux principaux, est d’abord de n’être qu’écurie d’ambitions individuelles, dans lesquelles sont absents le corpus, la colonne vertébrale et la cohérence de la pensée.

Vers quelles options les électeurs sont-ils plus tentés de se tourner lorsqu’ils sont déçus par les affaires qui touchent les partis ? Dans quelles proportions les partis se situant aux extrémités de l’échiquier politique en profitent-ils ?

Abstention et rejet sont les "bénéficiaires" du délétère. L’abstention devient le premier parti de France mais il n’est par définition pas incarné, le rejet a lui un parti à l’extrême droite. Si les affaires ne sont pas la source majeure des succès d’un FN qui n’est d’ailleurs pas épargné par elles, les scandales contribuent au climat de ras le bol que les Le Pen savent depuis si longtemps exploiter en jouant des peurs et des amalgames.

Dans quelles proportions ? L’avenir le dira, mais le Premier ministre comme récemment Xavier Bertrand ont raison de s’en inquiéter.

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