Agriculture de demain : comment concilier efficacité et environnement<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Agriculture de demain : comment concilier efficacité et environnement
©REUTERS/Stephane Mahe

Atlantico Green

Les agriculteurs sont capables d’innover. Aux politiques de leur permettre de nourrir tous les habitants de la planète.

Lucien  Bourgeois

Lucien Bourgeois

Lucien Bourgeois est économiste spécialiste des questions d'agriculture et de politiques agricoles sur lesquelles il a publié plusieurs ouvrages. Il est également conseiller du président de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture et membre de l'Académie d'agriculture.

Voir la bio »

Atlantico : Du 2 au 6 juin 2014 aura lieu la semaine des initiatives pour l'agriculture de demain, qui vise à mettre en avant les producteurs, les agriculteurs et les innovations de terrain. A l'heure ou les agriculteurs sont les premiers à tester des énergies comme la méthanisation, quelles sont les progrès respectueux de l'environnement aujourd'hui ?

Lucien Bourgeois : Les agriculteurs sont probablement une des catégories sociales les plus innovantes en France aujourd’hui. Le niveau initial de formation ne cesse d’augmenter et ils ont la possibilité d’investir et d’innover dans le cadre d’entreprises individuelles qui ne nécessitent pas de processus bureaucratiques qui retardent leurs décisions. Pour cela ils peuvent profiter du progrès technique disponible sur le machinisme et les installations mises au point par leurs fournisseurs  de l’industrie. Mais ils ne cessent aussi de faire des innovations pour économiser l’énergie en modifiant constamment leurs techniques de production. 

Si les rendements, en termes d'écologie et de qualité du produit sont bons, qu'en est-il de l'aspect économique ? Ces innovations sont-elles rentables ?

Il n’y a pas opposition entre économie et écologie. Les contradictions n’apparaissent souvent qu’à la suite de raisonnements à trop court terme qui privilégient une rentabilité immédiate au détriment de la pérennité du patrimoine privé ou collectif. Très souvent aussi, l’utilisation abusive d’intrants industriels s’explique par une insuffisance de maitrise technique. Si l’on facilitait davantage la diffusion des bonnes pratiques et surtout les résultats économiques réels auxquels ils aboutissent, on n’oposerait plus de façon aussi caricaturale la logique économique et la logique écologique. C’est souvent le fruit d’une ignorance largement encouragée par les lobbies de ceux qui vendent l’énergie ou les produits indistriels.

Ces innovations parviennent-elles à prendre le pas sur d'autres techniques moins respectueuses, mais sans doute plus productives ? Dans quelle mesure ce genre de techniques représentent-elles un véritable défi pour l'agriculture de l'avenir ?

Depuis 2008, la crise économique et la crise alimentaire ont bouleversé le contexte économique des exploitations agricoles. Les agriculteurs ont du faire face à une volatilité beaucoup plus importante des prix des produits qu’ils mettaient en marché mais aussi des produits qui constituaient leurs charges. Il leur a donc fallu trouver rapidement de nouvelles des marges de manœuvre pour survivre et éviter le double danger d’une forte augmentation des charges et d’une baisse des prix. Dans ce contexte, certains agriculteurs ont pu faire baisser leurs charges grâce à de meilleures pratiques et communiquer sur ces meilleures pratiques pour mieux stabiliser les prix de vente auprès des consommateurs. De plus lorsque ces meilleures pratiques sont transformées en normes collectives reconnues comme pour certains produits sous appellations d’origine contrôlées comme les AOC, le succès peut être durable et collectif dans une zone géographique délimitée.

La déclaration du millénaire fixait 2015 comme date butoir pour la réduction de 50% de la pauvreté mondiale. Comment l'agriculture de demain peut-elle parvenir à surmonter la misère ?

Les produits agricoles sont très différents de la plupart des produits industriels ou des services. Ils permettent la satisfaction d’un besoin vital quii est celui de l’alimentation. On peut attendre plusieurs mois voire plusieurs années avant de changer d’automobile. On peut se passer de coiffeur pendant un certain temps. Il faut en revanche manger trois fois par jour pour rester en bonne santé. On ne peut pas attendre que le prix du blé baisse pour acheter du pain. De plus, on ne peut pas se nourrir uniquement de pain, de riz ou de bananes. Il faut assurer une diversité tous les jours. Si l’on veut remédier aux inégalités dans le monde, il faudrait être capable de mettre fin à cette énorme inégalité actuelle qui fait qu’il y a encore près d’un milliard de personnes dans le monde dp,t la survie est remise en cause par le fait qu’ils ne mangent pas à leur faim. Ce n’est pas un problème technique mais c(est un des plus graves problèmes politiques de notre époque.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !