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Breivik, profession : Predator
©DR

Revue de presse des hebdos

Cette semaine, l’été n’a rien d’une carte postale. Anders Behring Breivik, le tueur fou d’Oslo, ensanglante les hebdos.

On voudrait y être, une planche de surf sous le bras, déambulant sur une plage de sable ombragée par un bouquet de palmiers. Ah ça, on donnerait cher pour entrer, comme Mary Poppins, dans la couverture de Télérama. L’hebdo promet un sujet sur la culture surf derrière le titre : « L’été sans fin ». C’est sympa, cette parade pour nous faire oublier que l’été n’a pas encore commencé (sur le plan météorologique s’entend). Pire, qu’il est, cette année, affreusement meurtrier. Dans l’Express, on tombe sur l’édito de Christophe Barbier, qui martèle : « qui a plaint la Somalie affamée ? » Ailleurs, en couverture de VSD, Paris-Match, et du Nouvel Obs, on croise le regard sexy, rebelle et insolemment vivant d’Amy Winehouse. On tourne les pages, elle nous apparaît en petite ballerine ou écolière en uniforme, en lolita glamour, en jeune espoir de la musique, en diva destroy. On retrace sa vie brève, ses frasques, son talent gâché. Le fantôme de la belle à la voix d’or est partout. Sauf dans Télérama, pris en flagrant déni (très certainement pour des raisons de timing de bouclage), et qui échappe au vent macabre qui souffle sur les hebdos de la semaine.

Un monstre froid…

Si l’actualité est lugubre, c’est la faute à Breivik, l’auteur du massacre d’Oslo. On voudrait savoir, comprendre ce qui s’est passé, radiographier l’horreur. Paris-Match publie un long reportage, où les récits des témoins du carnage glacent les sangs : « Dès que j’ai compris, en le voyant abattre deux personnes devant moi, je me suis jeté à l’eau, dit Adrian Pracon, 21 ans. Mais j’avais gardé mes vêtements et mes bottes : au bout de 150 mètres le poids m’empêchait de nager et j’ai dû me résoudre à revenir sur le rivage, pour ne pas mourir noyé. Je me suis alors aplati entre des corps. Beaucoup plus tard, une heure peut-être, l’homme est revenu, m’a visé et atteint à l’épaule droite. Je me suis effondré pensant qu’il allait m’achever. J’ai fait le mort… » On se croirait dans World of Warcraft, la mort, réelle, en chair et en os, en plus.  « Il marchait lentement mais avec détermination et il tirait sur tout le monde […] Il était si calme, c’est ça qui était étrange », parole de rescapée, à lire dans L’Express.  Ou encore, dans le Nouvel Observateur : « Il fredonnait au milieu des cadavres ».

…et narcissique 

Qui est donc cet Anders Behring Breivik ? Cet homme qui aimait se mettre sur Facebook en costume de franc-maçon ou de nageur de combat ?  Ce Norvégien « de souche », comme le précisent les journalistes, qu’on voit sourire, satisfait de son forfait, dans une voiture de police, juste après le massacre ? Le Point nous en livre le portrait psychologique. « Ce qui fait la spécificité et, heureusement, la rareté d’un Breivik, c’est la propension à fonctionner selon le principe des armes binaires : deux traits de caractère dominants qui, pris séparément, ne présentent pas de danger létal mais qui, lorsqu’ils se rencontrent, peuvent mener aux pires extrémités. Un faible pour les idéologies extrémistes, et surtout un narcissisme vertigineux. » Le monstre Breivik avait faim de gloire et de célébrité. Voilà pourquoi il a demandé à ce que l’audience du procès soit publique et qu’il comparaisse en uniforme, un souhait qui semble effroyablement puéril et grotesque, à côté de l’atrocité des faits.

Déferlante de haine sur internet

Pour fouiller les racines du mal, à défaut de les comprendre, le Nouvel Obs s’est arrêté dans les filets de la Toile. L’hebdo nous offre une édifiante « plongée dans la fachosphère ». Sur les sites et forums xénophobes, notamment le très visité « François Desouche » (fdesouche.com), les commentaires racistes sur la tuerie d’Oslo vont bon train. Les internautes ont d’abord cru à une attaque islamiste : « Si seulement ça pouvait signer le début de l’expulsion des musulmans d’Europe… » Et, encore plus « frais » : « Quand on voit ces images, on se dit que bah, on finira bien par les avoir, nos pogroms contre les musulmans. Ils l’auront bien cherché. » Quand on apprend que l’auteur des faits est un Norvégien 100% Viking, on s’arme de mauvaise foi et opère une absurde volte-face, à l’instar de cet internaute qui poste : « En même temps, s’il n’y avait pas d’immigrés, il n’y aurait pas eu ce drame ». Dans la « fachosphère », on s’aperçoit que le loup Breivik n’est pas si isolé… « Un certain nombre de sites peuvent nourrir le genre de trajectoire de « loup solitaire » qu’a empruntée le Norvégien », conclut le sociologue Yannick Cahuzac.

Vrais-faux prédateurs

A propos de prédateurs, Paris-Match nous apprend, citations scientifiques à l’appui, que les araignées, les serpents et les scorpions qui vivent sous nos latitudes, sont des bêtes à bon Dieu. « Il y a tant à dire pour les réhabiliter. Et, à défaut de les aimer, ne pas les craindre et les respecter », écrit Maryvonne Ollivry. Question stupide : Est-ce que ça vaut aussi pour DSK ? Cette semaine, on étudie l’animal Strauss-Kahn à la lumière des déclarations de ses victimes présumées, Nafissatou Diallo et Tristane Banon. Concernant la première, les hebdos ont passé au peigne fin ses phrases, ses gestes, son look. Et alors ?!!! Alors, la vérité a encore un bon bout de chemin à parcourir pour arriver jusqu’à nous… Par ailleurs, pas sûr que les larmes, les gestes saccadés, l’émotivité de la femme de ménage vue à la télé plaisent au procureur, lit-on dans Paris-Match. Quant à l’affaire Tristane Banon, elle vire carrément au règlement de compte familial. Rien ne va plus entre la mère, Anne Mansouret – qui a récemment déclaré qu’elle avait été l’amante de DSK – et la fille, Tristane, dont on expose dans VSD et Paris-Match les blessures, les rancœurs, la fragilité, les paradoxes. Bref, ce n’est pas encore cette semaine, dominée par la tragédie et les actes d’un tueur fou, qu’on saura si les piqûres de DSK sont venimeuses ou pas.

Astrid Eliard

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