"Bring Back Our Girls" : un hashtag qui secoue (enfin) le Nigeria et le monde<!-- --> | Atlantico.fr
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Le tweet et la photo de l'@UNICEF ont été retweetés 10 000 fois.
Le tweet et la photo de l'@UNICEF ont été retweetés 10 000 fois.
©Unicef

Revue de blogs

Les plus de 200 lycéennes enlevées au Nigeria par le groupe terroriste Boko Haram n'ont d'abord provoqué aucune réaction médiatique. Il a fallu que les réseaux sociaux s'en mêlent pour que le gouvernement nigérian et le reste du monde se mobilisent.

La mobilisation des réseaux sociaux sous le hashtag "Bringbackourgirl" a atteint désormais le monde entier. L'ampleur du phénomène ressemble maintenant à celle atteinte pour sauver Malala, l'adolescente afghane grièvement blessée par les Talibans pour être allée à l'école. L'enjeu, au-delà du sort des adolescentes disparues, est plus large. Boko Haram, le nom des extrémistes qui les ont enlevées et assurent maintenant qu'ils les vendront ou les marieront de force, peut en effet se traduire par "L'éducation (occidentale) est un péché".

Au Nigéria, dans la confusion, la leader des manifestations pour obliger le gouvernement à agir a été arrêtée, mais là aussi, les réseaux sociaux sont à l'attaque et acculent les politiques.

Aux Etats-Unis, un mea culpa commence. Celui des médias, qui s'interrogent sur pourquoi, depuis le 14 avril, date des enlèvements, très peu ont daigné en parler et qu'il a fallu l'assaut des internautes sur Twitter et Facebook et un hashtag qui ne pouvait plus être ignoré pour secouer leur silence blasé. L'une des réponses le plus fréquemment renvoyée :  peut-être parce que cela se passe dans un pays africain, chaotique et indéchiffrable. Mais surtout : parce que ce sont des filles.

Mary J. Blige, l'une des premières stars à se mobiliser

Dans le métro de New York, une affiche de "Personnes disparues'" pour les lycéennes nigérianes sur le compte Twitter de Wolfe 321

Sur Foreign Policy, Lauren Wolfe tente de répondre à travers différents entretiens avec des experts et élargit ce sursaut tardif de remords au phénomène global des filles et femmes enlevées, vendues et ou utilisées comme monnaie sexuelle :

"Pourquoi n'avons-nous pas prêté attention par le passé aux milliers de filles (et de garçons) qui ont été enlevés durant les conflits ? Pourquoi ne prêtons-nous pas attention maintenant aux filles piégées dans les réseaux de trafics d'être humains, vendues pour des mariages ou retenues captives comme "épouses" par des groupes armés ? Et toute l'actuelle colère durera-t-elle pour des situations telle que celle-ci qui vont se succéder sans cesse ? Toute la colère du monde peut-elle amener une solution concrète ?

Photo compte Twitter Anne Cecile Mailfer , "d'Osez le féminisme"

Elle poursuit : "Voir ce cas comme un cas de trafic humain ( ou d'esclavage moderne comme on l'appelle maintenant ) est ne pas voir une question plus grande : les crimes contre les filles et les femmes ne sont pas seulement courants, ils sont ignorés, ils ne sont pas sanctionnés et les médias internationaux n'en parlent pas, surtout quand ils se déroulent dans les pays pauvres et en développement."

'Même nombre, même page. Et si c'étaient elles ?". Compte Twitter BabajideFadoju

"Pas un seul membre de Boko Haram n'a été jugé pour un seul de ses crimes, selon une organisation des droits humains. L'impunité pour la violence sexuelle et les crimes contre les femmes et les filles, en plus de l'indifférence générale pour leurs vies, surtout dans le monde en développement, avoue, tacitement, que l'on permettra à tout ceci de continuer. Qu'on l'appelle "mariages précoces" ou "trafic sexuel", ce sont les problèmes qui ne sont pas considérés comme un sujet sérieux comme la sécurité.

"Vous aurez toujours un phénomène comme Boko Haram", dit une encore chercheuse, "mais si la barre de l'opposition à la violence contre les filles et les femmes n'est pas relevée ou si l'on admet que les femmes sont des trophées ou des butins de guerre et si l'on y réfléchit même pas, alors nous allons voir se produire ce genre de choses de plus en plus fréquemment."

Photo de Malala sur son compte Twitter

En France, c'est l'éducation, un capital et une cause très française, qui est plus évoqué. Les Nouvelles News rappellent  : "On tire sur des fillettes de 15 ans, on lance de l'acide sur le visage des écolières et on enlève en toute impunité des centaines de lycéennes.Le meilleur moyen de combattre l'extrémisme est l'accès à l'éducation pour tous et cela passe par le fait d'assurer la sécurité des jeunes filles, partout dans le monde, qui ont le courage de défier l'obscurantisme pour s'asseoir sur les bancs de l'école. "Si ces écolières ne sont pas secourues, plus aucun parent n'autorisera sa fille à aller étudier", prévient encore Hadiza Bala Usman, organisatrice des marches de soutien au Nigéria.

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