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Vaccin contre le Covid-19 : le groupe français Sanofi va-t-il donner la priorité aux Etats-Unis ?
©FRANCK FIFE / AFP

Polémique

Selon Paul Hudson, le patron du groupe pharmaceutique français Sanofi, les Etats-Unis seraient prioritaires pour bénéficier du futur vaccin contre le Covid-19, suite aux efforts financiers du gouvernement américain dans la recherche. Cette annonce a déclenché de vives réactions au sein de la classe politique.

Sanofi réservera-t-il aux Etats-Unis la primeur d’un futur vaccin contre le Covid-19 ? Evoquée par le groupe, qui renvoie l’Europe à ses responsabilités, cette idée provoque l’indignation du monde politique français, jusqu’au gouvernement qui la juge "inacceptable". Face à la polémique, le patron de Sanofi France a néanmoins confirmé au gouvernement français "que le vaccin serait accessible à tous les pays et évidemment (...) aux Français, ce d'autant qu'il a des capacités de production en France". 

Mercredi, Paul Hudson, le directeur général du laboratoire français Sanofi, avait pourtant indiqué qu’il servirait prioritairement les Etats-Unis s’il trouve un vaccin, puisque le pays "partage le risque" des recherches menées à travers un partenariat. Le gouvernement américain "a le droit aux plus grosses pré-commandes", a expliqué Paul Hudson, en raison de sa prise de risque dans la recherche d’un vaccin aux côtés du géant pharmaceutique. Ils "obtiendront les vaccins en premier", selon Paul Hudson, car "ils ont investi pour essayer de protéger leur population". Cette avance devrait être de quelques jours ou quelques semaines sur le reste du monde, d’après Paul Hudson.

Dans la soirée, le laboratoire a ensuite publié un communiqué : 

"Sanofi dispose d’un ancrage industriel diversifié et international. Nous avons des capacités de production aux Etats-Unis, en Europe, notamment en France et ailleurs dans le monde. La production sur le sol américain sera principalement dédiée aux Etats-Unis et le reste de nos capacités de production sera alloué à l’Europe, à la France et au reste du monde. […] Nous nous sommes toujours engagés à ce que dans ces circonstances sans précédent, notre vaccin soit accessible à tous". 

Emmanuel Macron s’est "ému", ce jeudi, de l’annonce que le groupe pharmaceutique Sanofi servirait en priorité les Etats-Unis s’il trouvait un vaccin contre le Covid-19. Le président de la République a appelé de nouveau à ce que ce vaccin soit "extrait des lois du marché", selon l’Elysée.

"Les efforts déployés ces derniers mois montrent qu’il est nécessaire que ce vaccin soit un bien public mondial, extrait des lois du marché".

Le chef de l’Etat va d'ailleurs recevoir des dirigeants de Sanofi en début de semaine prochaine.

Le président de la Région Hauts-de-France Xavier Bertrand (ex-LR) avait interpellé Emmanuel Macron sur Twitter : 

"Il est impensable qu’une entreprise qui a son siège en France et qui bénéficie de crédits d’impôts recherche délivre un vaccin aux Etats-Unis avant nous. Vous devez agir !". 

L’ONG Oxfam s’est également insurgée contre des informations "tout simplement scandaleuses" et dénonce "les motivations financières et la recherche de profits par les géants de l’industrie pharmaceutique". 

Edouard Philippe a tenu à réagir également sur ce dossier : 

"L’égal accès de tous au vaccin n’est pas négociable".

La distribution en France d’un éventuel vaccin Sanofi sera bien assurée, selon un message publiée sur Twitter par le Premier ministre. Olivier Véran, le ministre de la Santé, s’est également entretenu par téléphone avec des responsables de Sanofi. 

Le président de Sanofi France, Olivier Bogillot, a renvoyé l’Europe à ses responsabilités :

"Les Américains sont efficaces en cette période. Il faut que l’UE soit aussi efficace en nous aidant à mettre à disposition très vite ce vaccin".

Le patron de Sanofi en France a assuré qu’un tel traitement serait in fine "accessible à tous". 

"L’objectif, c’est que le vaccin soit disponible à la fois aux USA en France et en Europe de la même manière".

Olivier Bogillot a confirmé que l’objectif restait le développement d’un vaccin utilisable d’ici 18 à 24 mois, soulignant qu’un tel calendrier est extrêmement accéléré par rapport à la normale, qui se situe autour d’une dizaine d’années.

Sanofi, l’un des plus grands spécialistes des vaccins au monde, s’est lancé dans la course contre le Covid-19, à la mi-février, avec l’annonce d’un accord de coopération avec l’Autorité Barda, qui dépend du ministère américain de la Santé. Sanofi utilisera sa technologie de recombinaison de l’ADN pour "accélérer la mise au point d’un vaccin potentiel contre le Covid-19". Le groupe s’est également allié avec le britannique GSK, à travers une collaboration dont les deux laboratoires espèrent obtenir un résultat d’ici 2021. Le laboratoire français collabore également avec Translate Bio, une biotech américaine, dans le but de mettre au point un autre type de vaccin contre le Covid-19.

Plus de 100 projets de vaccins seraient actuellement à l’étude à travers la planète, avec une dizaine d’essais cliniques déjà en cours. 

Ouest-France

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