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Violences en France, communautarisme, islam : Emmanuel Macron se confie aux médias après son déplacement en Israël
©CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Confidences du chef de l'Etat

Dans l’avion qui le ramenait en France à l'issue de son voyage en Israël, Emmanuel Macron s’est exprimé sur de nombreux sujets comme "l’islam radical", les tensions identitaires et les violences qui traversent la société française.

Le président de la République Emmanuel Macron s'est exprimé au sein de l'avion présidentiel qui le ramenait en France après sa visite en Israël dans le cadre des commémorations des 75 ans de la libération du camp d'Auschwitz. 

Dans la salle de réunion au coeur de l’avion, il a accordé ce jeudi 23 janvier un entretien auprès des rédactions du Figaro, du Monde et de Radio J. Le chef de l’Etat est revenu avec les journalistes sur plusieurs grands axes de sa présidence.

Le président de la République a abordé la question des tensions identitaires en France: 

"Il faut accepter qu’il y a, dans notre République aujourd’hui, ce que j’appellerais un séparatisme". 

Macron a dénoncé "l’espèce de fantasme, de narcissisme de la petite différence", qui conduit à la fracturation de la société, au lieu de consolider "l’identité narrative" nationale.

Emmanuel Macron a déploré un "phénomène mondial, d’un islam radical qui se tend, et d’une transformation de l’islam, qu’il faut regarder en face. (…) Des pays qui sont de tradition musulmane, dirais-je, vivent ça. La Tunisie d’aujourd’hui n’est pas celle de Bourguiba, force est de le constater, y compris dans la rue. Et donc on l’a chez nous aussi. Mais ça s’est greffé sur des fractures mémorielles, des échecs que nous-mêmes on a eus sur le plan économique et social… Et ça devient une contre-culture ! Ça devient tout à la fois l’importation d’un islam qui vit une crise mondialement – et qui revisite des signes de religiosité qu’il n’avait pas forcément il y a vingt ou trente ans. [Cela] vient s’agréger à une crise qui est chez nous, très profonde". 

La question de la laïcité a été évoquée lors de cet entretien :

"On m’a demandé 20 fois un discours sur la laïcité. Mais je l’ai fait 40 fois ! (…) Ils confondent. Ils demandent à la laïcité quelque chose qui ne relève pas d’elle. La laïcité, le texte est clair : c’est un texte de séparation de l’Etat et des religions et en même temps de liberté de conscience. Ce qu’on me demande au fond c’est de parler de la civilité républicaine et de l’islam. C’est très différent, ça n’a rien à voir avec la laïcité. Le voile, ce n’est pas un sujet de laïcité dans la rue. C’est un sujet de civilité, c’est un sujet d’égalité femme-homme, d’ordre public. [Il s’agit de] dire comment un monothéisme aujourd’hui en expansion dans le monde qui s’est fortement développé dans notre pays avec le phénomène migratoire et arrive après la loi de 1905 peut prendre sa place dans la République". 

Emmanuel Macron a défendu "l'intégration républicaine" qu'il considère comme un "beau principe" afin de "rejoindre la communauté nationale avec ses règles, ses lois, mais aussi sa civilité", sans que "la part d’altérité de l’autre" ne soit niée. 

Le chef de l'Etat souhaite mettre un terme au "conflit mémoriel" qui "rend la chose très dure en France" :

"Je suis très lucide sur les défis que j’ai devant moi d’un point de vue mémoriel et qui sont politiques. La guerre d’Algérie, sans doute, est le plus dramatique d’entre eux. [...] Je le sais depuis ma campagne".

Emmanuel Macron s'est exprimé sur l'antisémitisme lors de cette interview. Il a fait le lien avec les extrêmes : 

"Ça vient des extrêmes et c’est d’ailleurs une voie de passage entre les extrêmes. Il ne faut pas penser que les extrêmes ne se touchent pas. Je crois, là aussi, que la vie politique est sphérique, et notre histoire à nous-mêmes l’a montré. Donc il y a un moment, quand les extrêmes se structurent, ils finissent par se retrouver et vous avez une boule d’énergie négative qui se retrouve. Et l’antisémitisme est d’ailleurs au cœur de ces jonctions possibles". 

Le président Emmanuel Macron a également évoqué les questions des violences au sein de la société française. Le chef de l'Etat a précisé que "dans une démocratie, on a un devoir de respect à l’égard de ceux qui représentent et portent (la) voix du peuple, parce que, précisément, on a le pouvoir de les révoquer. Aujourd’hui, s’est installée dans notre société, et de manière séditieuse par des discours politiques extraordinairement coupables, l’idée que nous ne serions plus dans une démocratie. Qu’il y a une forme de dictature qui s’est installée. Mais allez en dictature! Une dictature c’est un régime où une personne ou un clan décide des lois. Une dictature c’est un régime où on ne change pas les dirigeants, jamais. Si la France c’est ça, essayez la dictature et vous verrez. La dictature, elle justifie la haine. La dictature, elle justifie la violence pour en sortir. Mais il y a, en démocratie, un principe fondamental: le respect de l’autre. L’interdiction de la violence. La haine à combattre. Tous ceux qui, aujourd’hui dans notre démocratie, se taisent sur ce sujet, sont les complices, aujourd’hui et pour demain, de l’affaiblissement de notre démocratie et de notre République".

Le chef de l'Etat devrait être mobilisé sur le dossier des retraites dans les jours et les semaines à venir. La journée du vendredi 24 janvier est marquée par une nouvelle journée de mobilisation des syndicats contre la réforme des retraites. 

Le Monde et Le Figaro

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