Paris doit faire sa place au handicap<!-- --> | Atlantico.fr
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Une place de parking réservée aux handicapés.
Une place de parking réservée aux handicapés.
©Lacroix-city.fr

La ville pour tous

Une tribune de Jean-François Legaret et de Valérie Montandon, respectivement têtes de liste de Nathalie Kosciusko-Morizet dans le 1er et le 12e arrondissement, pour les élections municipales de 2014.

Nos cités n’ont pas été pensées pour l’ensemble des citoyen." (Michel Fardeau, 2001) C’est à la ville de s’adapter aux citoyens, et non le contraire. Faire leur place aux personnes handicapées ; c'est permettre à toute la société de progresser et d’améliorer sa capacité à bien vivre ensemble. Une ville accueillante doit penser à tous ses habitants : aux personnes âgées, aux familles, aux personnes qui rencontrent des difficultés, passagères ou non… Jacques Chirac avait ainsi affirmé sa volonté de faire toute sa place au handicap, et particulièrement, son attachement à rendre Paris "accessible". Et son impulsion s’était avérée décisive pour la réalisation de nombreux travaux d’accessibilité. Paris était alors une des capitales les plus volontaristes en ce domaine.

Aujourd’hui, force est de constater que  cette avance a été largement perdue. Un exemple parmi d’autres : en un an, Paris est passée de la 20e à la 44e place dans le baromètre d’accessibilité de l’Association des paralysés de France. Nombre de bâtiments municipaux, d’établissements scolaires, de stations de métro ne sont toujours pas rendus accessibles ; l’adaptabilité des logements sociaux est encore trop faible (l’objectif affiché est d’atteindre 40% en 2020). L’offre d’établissements d’accueil est aussi en décalage avec les besoins réels des personnes handicapées souvent en situation de précarité et nécessiterait de mailler davantage le territoire parisien. Il faut noter également le pourcentage accablant de lycéens en situation de handicap  accédant aux études supérieures en France : 0,5% ! Que deviennent les 4 bacheliers sur 5 dans cette situation qui ne poursuivent pas leurs études ? 

Il y a donc urgence à améliorer la politique de la ville de Paris à l’égard des personnes handicapées,  sans oublier qu’une bonne politique en matière de handicap est une politique qui profite à tous : aux femmes enceintes, aux personnes âgées, etc.

C’est tout le sens des mesures proposées par Nathalie Kosciusko-Morizet ce mardi, lors de la journée internationale du handicap. Il y a de nombreuses actions à mener autour de l’hébergement, de l’accessibilité ou de l’emploi en secteur protégé. Quant à l’accès aux soins des personnes handicapées, qui est un droit fondamental, il est aussi un enjeu pour tous. Les structures de ville habituelles doivent être rendues accessibles et faire l’objet d’un véritable référentiel au service de tous. L’aménagement des locaux, qui n’est que la partie visible du problème, doit absolument faire partie des priorités pour des personnes qui ont en outre une grande exigence en termes de soins.

De même, il est urgent d’établir une cartographie du besoin et de l’offre de soins accessibles à l’échelle de Paris. Or, ce travail n’a jamais été fait. Nous ne disposons que d’estimations très vagues à Paris. Les chiffres varient selon les sources. Il y pourrait y avoir 200 000 Parisiens en situation de handicap, soit 1 Parisien sur 10, parmi lesquels 80 à 90% auraient un handicap psychique ou mental. Toutefois, l’absence de données précises pose un vrai problème d’adaptation de la politique que doit mener une collectivité et révèle la nécessité urgente d’engager une refondation de l’action municipale et départementale, en cohésion avec les mairies d’arrondissements et les associations. D’autres problématiques comme le soutien aux aidants qui apportent un répit précieux aux familles et tous les dispositifs d’accompagnement pour le maintien à domicile et l’intégration en milieu ordinaire, doivent également être au cœur d’une nouvelle politique. Les Parisiennes et les Parisiens handicapés doivent être pleinement intégrés à la vie de la Cité. Un effort de  sensibilisation peut être fait à cet égard en direction de tous afin que Paris redevienne une ville modèle. Il faut pour cela donner la parole aux personnes concernées qui sont les plus à même de faire comprendre et porter les projets.

Certes l’aménagement de la voirie et des équipements ne peut être programmé et réalisé que sur plusieurs années mais lorsqu’on fait le compte des travaux de Jean Bouin (200 millions), des Halles (un milliard), ou des voies sur berges (40 millions)... on peut s’interroger sur leur légitimité, au regard du retard choquant pris dans la prise en compte du handicap. Celle-ci doit devenir ou redevenir avant tout un état d’esprit, et non seulement une obligation légale. 

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