Jeûne : utile ou dangereux... où faut-il s'arrêter ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Le jeûne le plus courant est le jeûne à l’eau, c’est-à-dire que l’on se contente de ne boire que de l’eau pendant un jour, une semaine, plusieurs semaines.
Le jeûne le plus courant est le jeûne à l’eau, c’est-à-dire que l’on se contente de ne boire que de l’eau pendant un jour, une semaine, plusieurs semaines.
©Copinescreas.blogspot.fr

Les yeux plus gros que le ventre

Se priver de manger à des fins thérapeutiques est à la mode, mais cette pratique peut affaiblir l'organisme.

Sophie Lacoste

Sophie Lacoste

Sophie Lacoste est rédactrice en chef de Belle-Santé et auteur de livres sur les remèdes naturels. Elle est aussi journaliste à TV Magazine où elle tient la rubrique santé depuis presque 10 ans.

 
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Atlantico : Une étude de l'équipe de l'Université d'Aston suggère que le jeûne intermittent contribuerait à réduire le risque de diabète de type 2 et celui des maladies cardiovasculaires, tandis que le Pr Jean-Marie Bourre, membre de l'Académie nationale de médecine, met en garde dans le Figaro contre cette pratique qui peut affaiblir l'organisme. Que sait-on actuellement des vertus du jeûne ? 

SophieLacoste : Les études scientifiques et essais cliniques sont très rares. En effet, la plupart des études concernant la santé sont financées par l’industrie pharmaceutique, généralement dans le but de découvrir de nouvelles molécules brevetables afin d’en faire des médicaments rentables. Dans le cas du jeûne, il y a donc clairement un problème de financement des études. Cependant, quelques-unes sont menées, en particulier dans les pays de l’Est. Un congrès international sur le jeûne aura lieu en Allemagne fin juin et ce sera l’occasion de faire le point sur la recherche. En Russie, par exemple, on a étudié les effets du jeûne sur l’hypertension artérielle et l’obésité et les conclusions seront rendues à ce moment-là. Un chercheur américain, Valter Longo, est l’un des invités d’honneur du congrès. Il travaille sur l’association du jeûne avec la chimiothérapie et obtient des résultats spectaculaires. Il ne semble pas avoir de problème pour financer ses recherches, ce qui s’explique sans doute parce qu’il rend les molécules de l’industrie pharmaceutique plus efficaces et moins toxiques. Un documentaire diffusé sur Arte en mars 2012 a permis de faire connaître ses recherches au grand public.

Quels sont les différents types de jeûne ? Comment peut-on déterminer celui qui nous correspond le mieux ?

Le jeûne le plus courant est le jeûne à l’eau, c’est-à-dire que l’on se contente de ne boire que de l’eau pendant un jour, une semaine, plusieurs semaines... Et dans le cas du jeûne thérapeutique, c’est-à-dire quand il a une vocation médicale, tel qu’il est pratiqué dans les pays de l’Est sous contrôle médical, on emploie ce type de jeûne. En Allemagne, on pratique plus souvent la méthode Buchinger, un jeûne où l’on prend un peu de jus de fruit, des tisanes et du bouillon. Les jeûnes « de confort », de type « jeûne et randonnée » sont souvent sur ce modèle, plus facile à accepter, surtout quand on est « novice ». Chacun peut déterminer ce qu’il a envie de faire selon ses envies.

Quels sont les avantages liés à la pratique du jeûne ? 

Tout dépend de quel type de jeûne on parle. Quand il s'agit de jeûne thérapeutique comme il est pratiqué à l'étranger sous contrôle médical, on soigne de nombreuses maladies. En France, on ne pratique que des jeûnes « plaisir », généralement dans les centres qui proposent d'associer jeûne et randonnée. On passe une semaine à marcher et à s'occuper de soi et on en ressort avec des idées plus claires, un meilleur moral, on réapprend le goût des aliments, on se sent mieux dans sa peau, un peu comme si on avait fait un grand ménage dans son corps et dans sa tête..

Quelles sont les conditions qui doivent encadrer la pratique du jeûne ? Quelle est la durée idéale ? Combien de fois par an ? 

L'idéal, c'est de pratiquer le jeûne avec des spécialistes, d'où l'intérêt des stages d'une semaine proposés maintenant un peu partout en France. Mais on peut aussi jeûner chez soi. Moi-même j'ai commencé comme ça. J'avais reçu de nombreux témoignages de lecteurs me vantant les bienfaits du jeûne et j'ai fini par me décider à le faire. La première fois, je l'ai fait une semaine chez moi, en continuant à travailler. L’essentiel, c’est de programmer le jeûne et de le préparer en diminuant progressivement ses rations alimentaires et en supprimant les protéines animales et les excitants plusieurs jours avant… Au moment du jeûne, on a davantage une énergie d'endurance et moins de réflexes. Mieux vaut éviter de prendre la route, par exemple. On « brûle » un autre carburant. Le glucose n'étant plus disponible, on puise dans les réserves de graisse. Il n'y a pas vraiment de durée idéale. Certaines personnes aiment jeûner une journée par semaine, d'autres trois jours par mois, d'autres une semaine par semestre ou par an. On pratique en fonction de ce que l'on ressent et de la façon la plus simple. Il est bien plus agréable d'aller jeûner avec d'autre jeûneurs qu'en famille quand les autres mangent... Et dans ce cas, c'est vrai que l'option « une semaine » est la durée la plus fréquemment proposée.

Quels en sont ses dangers ?  

Le jeûne est une pratique ancestrale qui ne présente, a priori, pas de danger. Bien entendu, si l'on est malade, diabétique, hypertendu... mieux vaut en parler avec des spécialistes avant de se lancer dans l'aventure, ou aller jeûner en Allemagne, ou en Suisse, ou dans un pays où l'on peut jeûner sous contrôle médical. Évidemment, le jeûne peut être un prétexte utilisé par des personnes anorexiques, mais ce n’est pas lui qui rend qui que ce soit anorexique… Au contraire, quand revient le moment de manger, le plaisir est décuplé !

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