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Édito : Pourquoi l’économie française tout entière part en vrille
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Remontée inquiétante du taux de chômage au mois de septembre, les demandeurs d’emplois en catégorie A était 3.295.700. C’est 60.000 de plus qu'en août. François Hollande ne gagnera pas son pari d’inverser la courbe du chômage avant la fin de l’année. Pire, le Président a perdu l’appui de l’opinion et le soutien de sa majorité. S’il est tombé à un tel niveau d’inefficacité, c’est bien sûr à cause de ses maladresses, son incapacité à faire des choix mais surtout à cause d’une absence de résultats sur le front de l’économie, de l’activité et de l’emploi.

Depuis 18 mois, la majorité de ceux qui ont voté à gauche ont le sentiment d’avoir accepté des compromis très douloureux. Ils ont le sentiment d’avoir consenti des efforts considérables : pas de pouvoir d’achat, pas d’emplois, pas de marges et ne perçoivent aucune amélioration de la situation. Plus grave, on empêche le travail le dimanche, on supprime les heures supplémentaires, on taxe, non seulement le travail, et on surtaxe l’épargne du travail. Ceux-là, et les autres, ont le sentiment que l’économie toute entière part en vrille. Ils n’ont pas tort, cette impression est partagée par les experts, il suffit de regarder les faits et les chiffres.

Leur analyse est très simple :

D’abord, le Président s’est trompé dès le départ de diagnostic. Il a cru que la France traversait un simple trou d’air, qu’il suffisait de brancher quelques respirateurs artificiels ou des perfusions pour que ça redémarre. Sauf que, ça ne pouvait pas redémarrer parce que l’économie n’avait pas besoin que l’on booste la consommation, elle avait besoin d’améliorer la compétitivité de ses entreprises.

Alors, pour conserver la confiance des marchés et garder des moyens de financement supportables, le gouvernement français a promis de s’attaquer aux déficits publics. Mais plutôt que de raboter les dépenses publiques, le gouvernement a augmenté les impôts. D’abord ceux des riches, puis les classes moyennes et enfin l’épargne. Celle qui était sacro-sainte. ! L’assurance-vie, les PEA et les PEL qui vont passer a plus de 15% de taxation avec effet rétroactif sur 15 ans. Incroyable. Les acteurs de l’économie à tous les niveaux ne lui pardonneront jamais d’avoir été trahi à ce point. A quoi bon travailler ? Pour qui ? Pourquoi ?

Tous les leviers de l’activité sont attaqués. La consommation est attaquée, le revenu du travail est amputé et comble du comble, l’épargne et l’investissement sont découragé. Incroyable ? Pire. Tous ceux qui ont fait de l’épargne longue parce qu’ils pensaient au redressement des appareils productifs sont humiliés. Que l’on ne s’étonne pas si beaucoup cherchent à partir voir si l’herbe ne serait pas plus verte ailleurs. Avec un tel système, l’économie ne peut pas redémarrer parce que personne n’a plus intérêt à travailler et à créer de la richesse. L’économie part en vrille et personne désormais ne pourra l’arrêter. Comment reprendre confiance dans une machine économique qui trahi en permanence ceux qu’elle est censé servir ?

C’est d’autant plus incroyable que l’on sait maintenant, après trois années d’efforts, de crise, de souffrance que les pays européens les plus malades sont sur la voie du redressement. La Grèce n’inquiète plus. L’Italie a retrouvé le chemin de l’exportation et l’Espagne, qui a assumé une formidable baisse du prix de ses actifs, se redresse et se retrouve plus compétitive que la France. Ces trois pays étaient gravement malades, ils ont failli faire exploser la zone euro, ils sont sortis du trou en activant trois séries d’outils.

D’abord, ils ont tous réformé le fonctionnement de leurs administrations avec l’aide et le soutien des autorités européennes et du FMI. Ces trois pays ont désormais un niveau de dépense publique beaucoup plus faible.

Ensuite, ils ont assez peu augmenté la pression fiscale en dehors des très riches et des rentiers. Ces trois pays ne confisquent pas le revenu du travail.

Enfin, ils ont fait un effort colossal de compétitivité au niveau de leurs entreprises. Moins de salaires et moins de charges salariales. Ils ont baissé le coût du travail. D’où une amélioration spectaculaire de leur compétitivité. Comme l’Allemagne à partir de l’an 2000. Ces pays ont fait le choix du travail et de la compétitivité.

De son côté, la France, qui n’a pas arrêté de se plaindre, n’a activé aucun de ces outils. Avec au départ un diagnostic faux, le gouvernement a pris d’autres outils de redressement. Ils ont matraqué fiscalement tout le monde pour sécuriser ceux qui nous prêtent de l’argent tous les jours. Aucune réduction de dépense publique et peu d’effort de compétitivité hormis dans l’automobile. L’Europe dans son ensemble va s’en sortir. La France elle, pense qu’elle pourra s’en sortir aussi alors qu’elle fait tout l’inverse des autres.

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