Hugues le Bret – Compte Nickel : "Ouvrir un compte bancaire en 5 minutes chez son buraliste"<!-- --> | Atlantico.fr
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Hugues le Bret et Ryad Boulanouar, fondateurs de Compte-Nickel
Hugues le Bret et Ryad Boulanouar, fondateurs de Compte-Nickel
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L'interview Atlantico Business

A partir de janvier, les buralistes distribueront le service de paiement Compte-Nickel. Des particuliers pourront ouvrir leur compte et disposer d’une carte bancaire depuis leur bureau de tabac. Un système co-fondé par Ryad Boulanouar, le père du Pass Navigo, et Hugues le Bret. Cet ancien banquier qui a dirigé Boursorama et la communication de la Société Générale, s’est aussi fait connaitre après la publication d’un livre sur l’affaire Kerviel qui l’avait conduit à quitter le puissant groupe bancaire. Une affaire sur laquelle il a toujours un avis sans concessions.

Vous lancez à partir du 1er janvier le Compte-Nickel, un compte bancaire que l'on pourra ouvrir chez son buraliste. Comment cela va-t-il fonctionner ?

Le compte s'adresse à tout le monde, sans aucune condition de revenu, et s'ouvrira en 5 minutes dans les « tabac-presse ». Concrètement, le client va arriver chez son buraliste, ce dernier va lui vendre pour 20 euros le kit d'ouverture du compte, qui se matérialiste par une petite boîte en carton. A l'intérieur, on trouve un mode d'emploi et une MasterCard. Nous équiperons le buraliste avec une "borne Nickel", un peu comme les bornes SNCF, et le client ira ouvrir son compte, scanner ses documents d'identités... Ensuite, après vérifications le buraliste valide l'ouverture, imprime le RIB et le client reçoit son code de carte bancaire par SMS. On peut l'utiliser directement et quand le compte n'est pas réapprovisionné, la carte se bloque.

A qui le système s'adresse-t-il ?

Il y a énormément d'utilisateurs potentiels. Tout d'abord, les 2,5 millions d'interdits bancaires que nous sommes en mesure d'accepter, puisque que nous ne sommes pas un établissement de crédit d’un point de vue juridique. Notre offre s’adresse aussi aux jeunes, dont les parents veulent un petit compte bancaire simple et sécurisé qu’ils peuvent alimenter. Beaucoup de gens m'ont fait la réflexion qu'ils envisagent de l'utiliser également pour les paiements sur Internet car certains internautes n'aiment pas utiliser leur compte bancaire principal. On peut enfin l’utiliser pour des étudiants en colocation, cela permet d'avoir une gestion simple où chacun verse sa part de loyer, pour les factures etc.

Ces nombreuses utilisations possibles signifient-elles que les banques "traditionnelles" ne font pas suffisamment leur travail ?

Oui je pense qu’elles ne le font pas jusqu’au bout. Par exemple pour les interdits bancaires, il y a un service bancaire de base qui doit être assuré. Mais il faut saisir la Banque de France, obtenir des refus écrits de trois banques... Bref, c'est compliqué et seulement 30.000 interdits bancaires bénéficient de ce service sur les 2,5 millions qu’ils sont. Elles ne font pas leur travail également sur l’information. Quand vous êtes dans le rouge par exemple, les banques ne vous préviennent pas et vous prennent des agios... Elles ne le font pas forcement par mauvaise volonté, mais parce que leurs systèmes d'information sont compliqués. Nous, notre technologie permettra d'être en relation direct par SMS avec nos clients. Dès que son compte sera à sec, il recevra un SMS.

Entre les banques en ligne et des initiatives comme la vôtre, est-ce le signe que le monde bancaire est en train, ou va changer?

Il y a quelques années les banques "classiques" avaient 100% de part de marché, logique. Avec l'arrivée des banques en ligne on est descendu à seulement 98% et je pense que sur de la tenue de compte comme Compte-Nickel, il y a effectivement la possibilité que cela se démocratise. Ceci étant on restera des « nouveaux entrants » pendant quelques années encore. Je crois cependant que si l’on se projette à 10 ans on peut estimer que l'ensemble de tous les modèles alternatifs représenteront 15 à 20 % du marché français.

Se défaire de tous les "codes" de la banque traditionnelle, comme vous le faites, est-ce aussi parce que l'opinion publique à une mauvaise image des institutions bancaires ?

Oui, il y a une mauvaise image flagrante depuis 2008 avec la crise financière. De manière générale il y a toujours eu une difficulté dans le rapport entre la banque et le client. La banque puissante face au client en position de faiblesse, ce conflit a toujours existé et s'est considérablement renforcé avec la crise financière et la crise économique.

Et par l'affaire Kerviel ?

D'une certaine manière aussi. L'affaire Kerviel a commencé au début de la crise financière, quelques mois seulement avant la chute de Lehman Brothers.

Vous qui avez écrit un livre le mettant en cause, que pensez-vous de sa "popularité" à l'heure actuelle ?

Je ne crois pas vraiment qu'il soit populaire. J’en veux pour preuve le nombre de followers qu’il a sur Twitter. Un peu plus de 1000... Je pense vraiment que Jérôme Kerviel tout le monde s'en fou et depuis qu'il a été condamné en appel plus personne ne pense que c'est un héros. Le phénomène Kerviel ça date de 2008, le nom reste fort mais tout le monde est passé à autre chose.

Propos recueillis par Julien Gagliardi

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