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Édito - Les Français aiment leur boite, mais leur boite le mérite-elle ?
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Les Français aiment leur entreprise et ils l’ont montré toute la journée d’hier, lors de la journée « J’aime ma boite ». Inventée par Sophie de Menthon en 2003, cette fête de l’entreprise permet chaque année de mettre en lumière la vie quotidienne de certaines entreprises et surtout l’avis de leurs salariés. Cette année encore, personne n’a manqué à l’appel dans les grandes entreprises comme AXA ou BNP. Dans les plus petites aussi et Europe, le mouvement s’est étendu dans beaucoup de pays.

Au-delà des réunions et des rencontres, les sondages indiquent une forte adhésion des salariés à leur entreprise. En dépit de la crise, 73% des Français déclarent « bien aimer leur boite », 85% pensent qu’il faudrait la « valoriser davantage » et 69% considèrent que le gouvernement actuel « n’aide pas les entreprises ». Cela dit, il ne faut pas se faire d’illusions : les Français aiment leur entreprise d’abord parce qu'ils y travaillent, ils ont donc une rémunération et par les temps qui courent ça apparait comme un privilège. L’opinion serait très différente si on avait interrogé des salariés au chômage. 

Cela dit, les Français sont attachés à leurs entreprises parce qu’ils lui font confiance. Les Français n’ont plus confiance dans les hommes politiques, ils n’ont plus confiance dans l’école, ils n’ont guère confiance dans les syndicats qui ne représentent plus que les appareils ou les fonctionnaires, ils ont peu confiance dans leur banques. Quant aux églises elles se sont vidées. L’entreprise est devenue la dernière cellule de base de l’organisation de la société. La dernière à offrir une relation sociale, la dernière à offrir l’occasion de donner un sens à la vie, la dernière à avoir un projet à moyen terme. 

Les Français qui travaillent encore dans le privé passent plus de temps dans leur entreprise que chez eux. L’adhésion des Française ne repose donc pas seulement sur la rémunération et les aspects matériels. Chacun considère, à juste titre, que l’entreprise est capable d’offrir les valeurs d’épanouissement et de sécurité. Devant des États de plus en plus désargentées, l’entreprise est même capable d’apporter la sécurité et la solidarité que l’État renonce à assumer. 

Il y a d ailleurs une grande inégalité de traitement entre les salariés des petites et des grandes entreprises. Ces dernières sont des organisations structurées qui apportent des complémentaires santé, des assurances, des retraites complémentaires, des aides au logements, des allocations pour les enfants… Sans parler des moyens dont disposent les comités d’entreprise pour les voyages et les loisirs. On peut aimer sa boite quand elle est très grande. On peut aimer sa boite si elle est petite mais pour d’autres raisons plus intimistes. 

Maintenant, pour l’entreprise, cette relations quasi-affective représente une garantie de fidélité et donc de stabilité. Ceci dit encore faut-il, que l’entreprise mérite cette attention. D’abord, il faut que l’entreprise soit efficace et performante. C’est la base de tout. L’entreprise doit impérativement délivrer les résultats financiers qu'elle a promis. Sinon la confiance se fissure. C’est vrai pour le salarié comme pour l’actionnaire. Ensuite, il faut que l’entreprise soit organisée pour répondre à cette demande de relation sociale. D’où les actions de formation, de pédagogie et de partage des surplus de productivité. Enfin, il faut que le patron de l’entreprise soit exemplaire dans son comportement professionnel et personnel. L’entreprise n’a pas à faire de morale, elle fait du business. Le chef lui, doit avoir un comportement éthique.

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