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Nicolas Sarkozy ou François Fillon : qui a le plus fort potentiel électoral ?
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Face à face

Dans une interview à l'hebdomadaire Valeurs actuelles, mise en ligne mardi 8 octobre, l'ex-Premier ministre a laissé entendre qu'il pensait être le mieux placé pour remporter l'élection présidentielle de 2017. Si François Fillon bénéficie d'une image positive auprès des Français, il reste largement moins populaire que Nicolas Sarkozy auprès des sympathisants UMP.

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann est Directeur en charge des études d'opinion de l'Institut CSA.
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Atlantico : Dans une interview à l'hebdomadaire Valeurs actuelles, mise en ligne mardi 8 octobre, l'ex-Premier ministre a laissé entendre qu'il pensait être mieux placé pour remporter l'élection présidentielle de 2017 que Nicolas Sarkozy. Quel est actuellement le potentiel électoral comparé des deux hommes ?

Yves-Marie Cann : Plus de trois ans nous séparent de la prochaine élection présidentielle et il n’existe pas encore de mesures d’intentions de vote permettant de connaître les préférences des Français dans la perspective d’un premier tour. Nous disposons en revanche d’informations sur les préférence des sympathisants UMP dans l’hypothèse d’une primaire ouverte organisée pour désigner leur candidat. A cet égard, l’enquête que nous avions réalisée chez CSA pour Atlantico cet été démontrait une nette domination de Nicolas Sarkozy sur ses concurrents potentiels.  L’ancien chef de l’État recueillait alors 67% des préférences exprimées, 12% lui préférant François Fillon et 8% Alain Juppé.

Étant donné ce rapport de force, l’enjeu pour François Fillon est double. Il s’agit d’abord de faire bouger les lignes pour convaincre sa famille politique de sa détermination à s’engager quoiqu’il arrive dans la bataille des primaires, et imprimer sa marque politique personnelle en préemptant un territoire programmatique lui permettant de se différencier de Nicolas Sarkozy. L’enjeu pour François Fillon est aussi de marginaliser ses challengers potentiels, Alain Juppé et Jean-François Copé. En s’engageant dès à présent dans un duel face à Nicolas Sarkozy, en multipliant les prises de parole, François Fillon occupe le devant de la scène et laisse peu d’espace d’expression et de visibilité à ses concurrents. Cette stratégie comporte toutefois de nombreux risques, au premier rang desquels j’identifie celui de paraître, au sein d’une UMP encore convalescente, comme un facteur de division plutôt que de rassemblement en faisant passer ses ambitions personnelles devant le collectif.

D'après les sondages, Nicolas Sarkozy reste très largement le candidat préféré des sympathisants UMP. Qu'en est-il auprès des Français ? Le candidat de droite en 2017 devra-t-il forcément commencé par rassembler son propre camp ?

Ces derniers mois, François Fillon a bénéficié d’une cote d’opinion supérieure à celle de Nicolas Sarkozy auprès des Français. Début septembre dans notre observatoire mensuel avec Les Echos, l’ancien Premier ministre était crédité de 47% de bonnes opinions contre 41% pour l’ancien chef de l’Etat dont l’image reste très clivée auprès des Français, avec 20% seulement de bonnes opinions à gauche contre 76% à droite.

Toutefois, les récentes déclarations de François Fillon sur les consignes de vote en cas de duel PS-FN à une élection semblent avoir quel que peu brouillé son image. Début octobre, sa cote de popularité est ainsi tombée à 42% (41% pour Nicolas Sarkozy). Bien entendu, il est encore trop tôt pour savoir si ces déclarations auront un effet durable sur son image. Cette baisse vaut toutefois avertissement, d’autant plus qu’elle est due à une contraction des bonnes opinions en sa faveur auprès des électeurs du centre droit… sans que celles-ci soient compensées par un regain de bonnes opinions auprès des sympathisants UMP. Ceci démontre les limites de l’exercice auquel se livre François Fillon : la première bataille étant celle de la primaire, il lui faudra d’abord rassembler son camp pour la réussir.

Le rapport de force actuel peut-il s'inverser d'ici 2017 ? Comment ?

D’ici à 2017, tout reste possible car les inconnues sont encore nombreuses. La principale et la plus déterminante à ce stade, c’est Nicolas Sarkozy : reviendra-t-il dans le jeu politique ? Alors que son horizon judiciaire se dégage, la nostalgie à son égard peine toutefois à dépasser le cadre de sa famille politique. Ceci compromet, aujourd’hui, son retour sur le devant de la scène. En son absence, François Fillon pourrait alors disposer d’un avantage concurrentiel face à Alain Juppé et davantage encore face à Jean-François Copé qui peine à améliorer son image. Toutefois, si Nicolas Sarkozy revient, l’entreprise sera beaucoup moins aisée. Le risque serait alors de s’engager dans un duel fratricide auquel goûteraient peu les militants et les sympathisants UMP.

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