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Blippex est-il le premier moteur de recherche capable de concurrencer la supériorité technique de Google ?
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Tadam

Ce nouveau moteur de recherche fondé par deux Autrichiens se veut être le "Wikipédia de la recherche", un positionnement intéressant face à Google.

David Fayon

David Fayon

David Fayon est responsable de projets innovation au sein d'un grand Groupe, consultant et mentor pour des possibles licornes en fécondation, membre de plusieurs think tank comme La Fabrique du Futur, Renaissance Numérique, PlayFrance.Digital. Il est l'auteur de Géopolitique d'Internet : Qui gouverne le monde ? (Economica, 2013), Made in Silicon Valley – Du numérique en Amérique (Pearson, 2017) et co-auteur de Web 2.0 15 ans déjà et après ? (Kawa, 2020). Il a publié avec Michaël Tartar La Transformation digitale pour tous ! (Pearson, 2022) et Pro en réseaux sociaux avec Christine Balagué (Vuibert, 2022). 

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Atlantico : Plusieurs grands noms d'Internet ont essayé de concurrencer Google pour la recherche en ligne : Yahoo, Microsoft avec Bing, le français Qwant... En quoi Blippex, le « Wikipédia de la recherche » selon ses fondateurs interviewés par Quartz.com, est-il vraiment différent ?

David Fayon : Je n’affirmerai pas que Blippex, (https://www.blippex.org ) lancé en juillet dernier, est le "Wikipédia de la recherche". Le principe de ce nouveau moteur de recherche est d’améliorer le résultat des recherches au fur et à mesure des "expériences utilisateurs" notamment avec le temps passé par visite (et la date) qui est généralement gage d’indicateur de pertinence de la page visitée. En effet, si un internaute abandonne rapidement une page, c’est qu’elle le l’intéresse pas. Il introduit une notion différente du PageRank qui est baptisée le DwellRank. En outre son algorithme est rendu public, ce qui peut permettre une amélioration collaborative en tirant profit de l’intelligence de la multitude. Une autre singularité concerne les résultats des recherches pertinentes de 24 h à 3 mois, ce qui peut permettre de tracer les phénomènes de buzz à des périodes données faisant évoluer le positionnement des réponses délivrées. Enfin, les réponses sont données en anglais, ce qui limite son impact avec, pour l’heure, des bases de données très petites, de l’ordre de quelques millions de pages référencées, ce qui est lilliputien par rapport à Google.

Est-il une alternative sérieuse à Google ? S'il ne parvient pas à le détrôner, peut-il se faire une place ?

Je ne pense pas qu’il représente une menace sérieuse pour Google, et ce pour plusieurs raisons.

D’abord, si l’on regarde les lancements précédents de produits qui annonçaient révolutionner la recherche, nous avons surtout connu du buzz sans lendemain. Cuil par exemple était un "me too product" sans originalité. Spoke, moteur de recherche de personnes, a simplement eu un effet d’annonce et ce sont plus des outils comme 123People ou Webmii qui en tant qu’agrégateurs de la présence numérique d’une personne se sont fait une place à la marge et sans recettes suffisantes. Wikia était un moteur de recherche sémantique de la fondation Wikimedia avec enrichissement des internautes qui s’imprégnait plus de la philosophie collaborative et encyclopédique de Wikipédia mais n’a pas percé du fait de la difficulté du web sémantique en tant que tel et de l’absence de business plan sérieux. Et DuckDuckGo (https://duckduckgo.com/) vivote tout en se moquant de l’aspect big brother de Google dans les recherches (http://donttrack.us/).

Ensuite, Google, même si ses revenus proviennent majoritairement des AdWords et des AdSense (mots clés achetés selon un mécanisme d’enchères avec le principe du coût par clic de l’internaute ; ils permettent aux annonceurs de figurer dans les liens partenaires en "tête de gondole" des résultats affichés par Google lors des requêtes effectués), s’est diversifié et à bâti tout un écosystème pour ne pas dire empire numérique autour de lui (Android, Gmail, Google Maps, YouTube, Google Docs, etc. sans compter les nouveautés Google Glass, dans le domaine de l’automobile, de l’énergie, etc.). En outre Google améliore sans cesse son algorithme et intègre également des éléments sémantiques. Pour des recherches plus de natures encyclopédiques (par exemple si l’on saisit Lady Diana, Barack Obama), dans la zone de droite des éléments de réponse uniques sont affichés.

Enfin, parce que la croissance du Web est tirée par le mobile (smartphone, tablette et bientôt Internet des objets avec par exemple Samsung Electronics qui a annoncé sa montre connectée qui sera suivie par l’iWatch d’Apple) alors que le PC est un marché en renouvellement sur le plan mondial. Il aurait mieux valu imaginer un  moteur de recherche tirant profit de la géolocalisation (dans le respect de l’opt’in) et offrant une plus-value à l’utilisateur (par exemple recherche de bons plans à proximité avec recommandation sociale, une sorte de Google combiné à Foursquare pour des achats groupés, des réductions, des rencontres, des suggestions d’événements ou spectacles en fonction de ses goûts, etc.). L’idée reste valable pour un acteur Français qui tirerait profit des bases de connaissance existantes, pourquoi pas avec Solocal.

Une place de niche est possible mais pas de nature à engranger des profits. Il est en effet difficile de détrôner les GAFA (Google Apple Facebook Amazon) même si la masse critique d’internautes est un préalable avant la monétisation de l’audience.

Quelles sont les autres alternatives à Google ? Doit-on les utiliser comme Google ou seulement dans des cas précis ?

Nous avons effectivement des outils comme Bing de Microsoft qui est un équivalent du moteur de recherche Google avec des fonctions analogues comme par exemple la recherche d’images ou de vidéos, Qwant ou Exalead côté français qui délivrent des résultats globalement satisfaisants, Yahoo, Blekko, etc. Il s’agit plus de choisir en fonction des habitudes de l’utilisateur. Néanmoins, 90 % des recherches en France restent faites avec Google.

Les concurrents les plus sérieux sont, pour des besoins précis, d’une part les outils qui permettent de scruter le Web invisible dont les bases de données non référencées par les moteurs de recherche classiques. Mais aussi côté niche, Wolfram Alpha (http://www.wolframalpha.com/), moteur de recherche sémantique en anglais simplement, qui a développé quelques services autour comme l’analyse d’un compte Facebook. Et surtout Twitter et des outils agrégateurs comme Hootsuite qui peuvent permettre de faire de la veille notamment sur une entreprise, une marque, une personne. En effet  Twitter est aussi un moteur de recherche dans l’instantanéité et permet de connaître les termes qui buzzent ou d’avoir des informations sur un événement qui se déroule (match de rugby, conférence, élection, etc.) et ce par ordre antéchronologique alors que Google permet d’effectuer des recherches moins exhaustives pour des événements datant de moins d’une heure.

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