L'Édito : Quand les anglo-saxons viennent draguer les compétences françaises <!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Marc Sylvestre
Jean-Marc Sylvestre
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Les pays anglo-saxon ont parfaitement bien compris ce qu'ils pouvaient désormais acheter en France compte tenu de la situation économique. Ils arrivent pour acheter des compétences. Les uns encore discrets, les autres moins, draguent les jeunes français diplômés, les ingénieurs en informatique, les experts en marketing ou en mathématiques financières. Convaincus qu’ils ne trouveront pas de job en France, les étrangers leurs ont ouvert les portes.

Les investisseurs australiens, les chefs d’entreprises néo-zélandais, les banquiers européens installés à Hong-Kong ou à Singapour font la queue à la sortie des grandes écoles. Mais les mieux organisés et les plus déterminés pour draguer, ce sont les Anglais et les Canadiens. Dans ces deux pays, la chasse au talent français est prise en charge par l’État.

En Grande-Bretagne, on se souvient du « mot » de David Cameron, le Premier ministre, au lendemain de la victoire de François Hollande : « nous sommes prêts à accueillir à Londres les jeunes entrepreneurs français qui ne voudraient pas travailler que pour le fisc ». Opération « Red Carpet » disait les journaux anglais. Et David Cameron est passé à l’acte. D’une façon très officielle, le gouvernement britannique a chargé son ambassade à Paris de sélectionner les meilleurs français créateurs d’entreprise de haute-technologie. Ces heureux élus seront invités à Londres pour être présentés à des investisseurs qui cherchent des projets d’avenir. Ils seraient évidemment invités à rester en Angleterre avec tous les avantages fiscaux existants. Cette opération initiée par le ministère des Affaires Étrangères est géré par le site internet « Myjobcompany.com » et par Bloomberg.

Le concours devrait être mensuel et designer chaque mois une dizaine de jeunes pousses. Pour les Anglais, la France recèle des trésors d’imagination, d’ingéniosité et entrepreneuriat qui ne réussissent pas à se développer ici. Parallèlement, les organiseurs à Londrès et à New-York des « French Tuesday »,- événements déjà anciens autours desquels les jeunes français expatriés se retrouvent ensemble le premier mardi de chaque mois – organisent pour la première fois à Paris la semaine prochaine le « Red-Carpet day » une soirée pendant laquelle les jeunes français viendront fouler le tapis rouge des britanniques et recevront toutes les informations dont peut avoir besoin un candidat à l’expatriation. Cette manifestation est sponsorisée par les grandes banques anglaises et parrainée par l’ambassade.

L’architecte de tout cela est un Français, le président de l’union des Français de l’étranger qui n’est autre que Gilles Pellisson, l’ancien patron du groupe Accor, lui-même expatrié à Bruxelles. La communication de ces événements n’est pas passée dans les grands medias. Pierre-Henri de Menthon, le directeur de la rédaction de Challenges qui a révélé cet événement précise que le message et l’invitation étaient clairs : « le moment est venu de profiter du dynamisme de la Grande-Bretagne ».

L’autre grand pays, qui met le paquet pour drainer les compétences et attirer les entrepreneurs, c’est le Canada et plus particulièrement la province du Québec. Pour tous les ingénieurs agro, les titulaires d’un BTS agricole, pour les informaticiens… les portes sont ouvertes. La documentation éditée par le Canada est diffusée dans les écoles et les chambres d’agriculture. Il faut dire que dans le secteur agricole, les Français bénéficient d’aides à l’installation très importantes notamment pour l’acquisition des terres cultivables. Dans l’informatique, les Canadiens sont en manque d’ingénieurs comme partout dans le monde. Donc ils recrutent. Et pour mieux attirer les Français, ils n’hésitent pas à leur indiquer que le passage aux États-Unis après trois années au Canada est assez facile.

L’autre grande structure d’accueil au Canada est de transiter par l’université Mc-Gill de Montréal. Une réputation internationale, des frais de scolarité deux fois moins chers qu'aux États-Unis, un coût de la vie moins élevé qu'à Paris, des formalités d’inscription pas trop exigeantes. Tout cela fait que Mc-Gill est particulièrement courtisée par les jeunes français qui, à la sortie du bac, s’en vont au Canada. Pas de problème de visa. Pas de problème de langue pour ceux qui sont mauvais en Anglais.

A la fin des études, trois ou cinq ans, les autorités canadiennes n’espèrent qu'une chose : que ces jeunes gens restent dans la Belle Province. Depuis dix ans, ceux qui ne sont pas restés sont partis aux Etats-Unis. Mc-Gill est aujourd’hui le meilleur des sas pour être accepté aux US. La rentrée universitaire 2013 a battu tous les record d’inscriptions d’étudiants français. A tel point que les enfants du 7ème arrondissement (surtout) ont colonisé une partie du campus. Contrairement à la Grande-Bretagne, le Canada n’offre pas de régime fiscal particulièrement light, pour personne sauf pour les créateurs d’entreprise.

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