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Savoir dire non est indispensable dans le travail afin de pouvoir consacrer du temps à sa famille et d'éviter le burn out.
Savoir dire non est indispensable dans le travail afin de pouvoir consacrer du temps à sa famille et d'éviter le burn out.
©Flickr / zigazou76

Non, c'est non!

Dans nos sociétés où tout est présenté comme porteur d'un intérêt important, nous ne parvenons pas à hiérarchiser, et donc à dire non. Ceci se vérifie quotidiennement au travail, mais également au sein de la cellule familiale avec ses enfants. Pourtant, savoir dire non est la clé de l'épanouissement personnel, à condition de ne pas en abuser.

France Brécard

France Brécard

Psycho-practicienne certifiée en analyse transactionnelle, France Brécard travaille en thérapie avec des personnes adultes, en séance individuelle et en groupe. Membre de l’École d'Analyse Transactionnelle de Paris Île-de-France, elle est également l'auteure du livre 50 exercices pour apprendre à dire non et Se libérer des relations toxiques aux éditions Eyrolles.

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Atlantico : Quelles réticences avons-nous à dire non ?

France Brécard : Parmi les différentes réticences pouvant exister, il y a celle relative à la crainte de ne pas faire plaisir à l’autre, mais également la peur de ne pas renvoyer l’image que nous souhaitons donner de nous-même, et celle aussi liée au conflit. Ces raisons relèvent davantage de la psychologie propre à chacun, en lien avec les messages de type éducatif que nous avons pu recevoir dans notre enfance. Nos parents nous ont éduqué selon un certain nombre de messages constituant des normes, parmi lesquelles celle de faire plaisir aux autres et d’être gentil. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’il s’agit là d’un message que l’on inculquait davantage aux petites filles, avec ce souci de les élever pour qu’elles puissent s’occuper des autres.

Qu'a-t-on à gagner sur le plan personnel et professionnel à savoir dire non ?

Sur le plan personnel, il s’agit d’être plus proche de ce que nous sommes, sans pour autant dire non à tout bout de champ et sans raison valable. Dire non, c’est se rapprocher de ses désirs propres.

Sur le plan professionnel, il s’agit d’une façon de se faire respecter, d’éviter de réaliser des tâches et missions qui ne nous conviendraient pas ou qui ne seraient pas en adéquation avec nos valeurs. D’un point de vue éthique, il peut donc être important dans le travail de savoir dire non.


A lire sur le même sujet : Petit guide anti-manipulateurs Partie 2 : apprendre à leur dire non de Jacques Legard. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

Savoir dire non n'est-il pas la manifestation de notre assurance quant à nos envies et à nos objectifs ?

Très certainement, bien que plusieurs interprétations sont possibles. Par exemple, il y a des gens qui ne savent pas dire non car ils ne savent pas ce qu’ils veulent, ce qui les placent dans une situation telle qu’ils sont obligés de s’adapter à l’envie de l’autre. Ils n’ont donc effectivement aucune assurance quant à leurs propres envies et désirs.

A l’inverse, il y a des gens qui savent ce qu’ils veulent mais qui sont incapables de l’exprimer. Dans ce cas, le travail à accomplir pour pouvoir dire non est différent, même si l’objectif reste le même : affirmer ce que nous sommes.

Qu'est-ce qui doit motiver nos refus : notre absence d'envie de faire telle ou telle chose, ou bien le fait qu'il ne s'agisse pas d'une nécessité/priorité ?

Tout dépend bien évidemment à quoi nous disons non. Ne pas vouloir aller au cinéma, par exemple, peut relever du simple fait que nous n’en avons pas envie, tandis que l’acte de refuser d’accomplir telle ou telle tâche au travail peut signifier simplement un désir de hiérarchisation parmi toutes les choses à accomplir. 

L’identité de la personne à qui nous disons non joue aussi un rôle important.Savoir dire non à ses enfants notamment est important d’un point de vue éducatif. Beaucoup de parents aujourd’hui disent oui simplement pour être aimés de leurs enfants, ce qui n’a rien d’éducatif. Les parents doivent apprendre à leurs enfants la frustration, à leur fixer des limites : ne pas manger trop de bonbons, trop de glaces… Apprendre à savoir dire non, dès l’enfance, permet par la suite, dans notre vie d’adulte, à savoir dire non à des choses qui ne sont pas bonnes pour nous.

Quels risques court-on à ne pas dire non ?

On prend le risque principal de s’adapter, et avec lui, celui de s’oublier. C’est ce que beaucoup de patients me confient dans le cadre de mes consultations en tant que psychothérapeute.

Travail, vie de famille, vie sociale, loisirs que l'on fait pour soi...nos vies sont de plus en plus en chargées, avec un risque de burn out, phénomène de plus en plus caractéristique de notre société du XXIème siècle. Plutôt que de ne pas savoir dire non, n'avons-nous pas un problème avec le fait de ne pas savoir prioriser ?

Tout nous est présenté comme important. Du coup, nous ne savons pas comment prioriser. Néanmoins, nous devons absolument apprendre à dire non : non à travailler le week-end, non à travailler tard le soir…Savoir ce qui est prioritaire ou non est indispensable afin de pouvoir notamment se concilier une vie de famille.

L'une des principales craintes relatives au fait de dire non réside dans la peur de paraître impoli/de décevoir les gens. Quels types de formulation pourraient permettre de maintenir notre refus tout en évitant cet effet socialement "indésirable" ?

Il convient surtout de rester poli dans la formulation de son refus. Dans le cas du patron qui souhaite que nous restons plus tard au travail par exemple, il est requis, dans la notification du refus, d’éviter les situations conflictuelles le plus possible. Préférez les formulations du type : " Je comprends bien que vous ayez besoin de moi, mais j’ai déjà des impératifs à remplir ", ou bien " Ce n’est malheureusement pas possible maintenant, mais une prochaine fois, sans aucun souci ". Le plus important est de pouvoir avancer des explications, en évitant donc une simple affirmation de refus qui pourrait être trop dure. Attention à ne pas tomber dans l’excès inverse : celui de dire non tout le temps.

Propos recueillis par Thomas Sila

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