Les scientifiques sont-ils en train de se rendre compte que les effets de la pollution sur la santé ont longtemps été sous-estimés ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La pollution atmosphérique est une constituante importante des problèmes respiratoires.
La pollution atmosphérique est une constituante importante des problèmes respiratoires.
©Reuters

Masque à gaz

Même si d’importants progrès ont été accomplis ces dernières années pour réduire les émissions atmosphériques polluantes, de nombreux rejets toxiques continuent de dégrader la qualité de l’air et portent ainsi gravement atteinte à la santé humaine.

Pierre Souvet

Pierre Souvet

Le Dr Pierre Souvet, cardiologue, est le président de l'Association santé environnement France (ASEF). Il travaille en collaboration avec l'observatoire atmosphérique du Ballon de Paris.

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Atlantico : Il est établi que la pollution atmosphérique est une constituante importante des problèmes respiratoires. Connaissons-nous, toutefois, ses répercussions réelles sur la santé ? Quelles sont les conséquences sanitaires de la pollution à court et long terme ?

Pierre Souvet : Sur le court terme, il y a deux impacts principaux dûs à l’exposition aux divers polluants. Tout d’abord l’impact cardio-vasculaire qui comprend un sur-risque d’infarctus du myocarde - multiplié par trois les jours de pollution. D’autre part, on observe à court terme un impact sur le système respiratoire. Il se traduit par un déclenchement de crise d’asthme et une exacerbation des pathologies respiratoires. On peut observer des effets immédiats à l'occasion d’une forte exposition à la pollution se traduisant par une irritation des yeux, du nez et de la gorge.

En ce qui concerne les effets appréciables sur le long terme, on observe un impact cardio-vasculaire qui comprend une augmentation de 15 à 30% des pathologies coronariennes. Il faut noter également une augmentation du risque d’accident vasculaire cérébral (AVC). Le stress oxydatif que produit la pollution de l’air crée une inflammation du système vasculaire et, de fait, favorise la survenue de pathologies cardio-vasculaires et coronarienns (infarctus, angine de poitrine). On peut également apprécier sur le long terme une augmentation des pathologies respiratoires et une dégradation de la fonction pulmonaire (asthme, bronchite chronique, rhinite, toux, allergie).

Le système hormonal subit, lui aussi, les effets de la pollution ce qui se traduit par une baisse de la fertilité masculine, une mortalité intra-utérine plus forte, des naissances prématurées et donc de faibles poids à la naissance.

Enfin, de nombreux cancers notamment celui du poumon sont également dus au niveau de particules fines dans l’air car celles-ci agissent comme des millions de petits chevaux de Troie qui passent la barrière respiratoire voire sanguine après avoir fixé, absorbé, sur elles tous les produits toxiques de l’air, les pesticides, les pollens, les métaux lourds et autres.

Une étude américaine de 2012 met également en évidence le risque accru de donner naissance à des enfants souffrant d’autisme pour les femmes qui résident à proximité de voies de circulation très fréquentées. Enfin, une étude polonaise a établi le lien entre l’exposition des femmes enceintes aux véhicules essences et une baisse du quotient intellectuel du bébé.

Dans quelle proportion une exposition à la pollution devient préoccupante pour la santé ?

Il n’y a pas de « petite exposition » à la pollution atmosphérique. Tout le monde est impacté même si les populations urbaines sont les principales victimes de la pollution atmosphérique en particulier les personnes qui résident à proximité des axes à forte circulation. Néanmoins, le niveau de pollution est variable au sein même de l’agglomération en fonction de la circulation, de la typologie des immeubles, de l’aération de la rue et la présence de parcs.

Les effets de la pollution atmosphérique varient selon la durée d’exposition et l’âge d’exposition de la personne. Les enfants sont logiquement plus sensibles et leurs organismes moins résistants à la pollution que ne le sont les adultes.

Comment peut-on s’en prémunir ? Quelles sont les comportements à éviter?

Dans la vie de tous les jours, il est quasi impossible de se prémunir de la pollution atmosphérique. Néanmoins, on peut adopter des comportements qui réduisent l’exposition. Il faut conseiller aux populations exposées d’éviter d’aérer leurs logements lorsque la circulation est importante et d’éviter de se rendre à proximité des grands axes routiers à fort trafic.

Il existe quelques pistes qui limiteraient l’exposition des populations à la pollution atmosphérique. Il ne faut plus construire de lieux d’habitation, d’école ou de crèches autour des axes routiers. L’Etat doit développer la "piétonisation" de la voirie et multiplier les espaces verts dans les agglomérations importantes. Ces aménagements réduisent de façon significative la pollution.

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