Samsung Electronics a réussi le test du réseau de téléphonie mobile à la "norme" 5G.
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Internet à très grande vitesse : a-t-on vraiment besoin de la 5G ?
Le géant Samsung vient de réussir le test d'un réseau de téléphonie mobile en utilisant la "norme" 5G. La surenchère technologique des opérateurs téléphoniques rend de plus en plus ténue la limite entre les véritables avancées et gadgets inutiles.
Pierre Ledru
Pierre LEDRU travaille dans les télécoms depuis plus de 30 ans. Après une expérience de 10 années, expatrié comme assistant technique aux autorités locales des Télécoms au Yémen, il devient formateur puis formateur-développeur à l’institut de formation Alcatel-Lucent. Il possède une grande expérience de la téléphonie et a suivi toutes les évolutions de la ToIP.
Il est également acteur amateur de théâtre et appartient à la troupe du théâtre de la griffe.
Il est notamment l'auteur de Téléphonie sur l'IP (ToIP).
Samsung Electronics vient de révéler avoir réussi le test du réseau de téléphonie mobile à la "norme" 5G. Après la 3G, la 4G, en quoi la 5G est-elle innovante ? Proposera-t-elle de nouveaux services ?
Pierre Ledru : Quoi qu’il advienne de la « 5G », l’innovation se traduira en fait par une amélioration de l’existant. En effet, si les débits de transmission autorisés augmentent sur une échelle de 1 à 10, ceux-ci permettront aux applications "temps-réel" actuelles de fournir un service de meilleure qualité ; rapidité accrue d’un téléchargement, très haute définition des images télévisées (live streaming), réponses quasi instantanées à des requêtes web par exemple. C'est à dire finalement approcher les performances d'un réseau filaire. De nouvelles applications profiteront probablement de cette augmentation de débit, l’annonce de Samsung donnera peut être des idées aux émules de Lépine.
Quel est l'intérêt stratégique pour Samsung de développer la 5G, alors que la 4G vient à peine de faire son apparition ?
Il n’existe pas encore de norme 5G et lorsque l’on connait la complexité de ce que sont les normes en téléphonie, il nous faudra encore attendre quelques temps la parution de cette éventuelle norme. Ou alors, le monde de la téléphonie mobile risque de devenir une jungle où chacun pourrait définir ses propres standards interdisant de fait (risquant d’interdire) les interfonctionnements Applications/Réseaux/Terminaux entre fabricants et fournisseurs. Certes, l’Union européenne aurait déjà provisionné quelques dizaines de millions d’euros dans le sens d’une mise à l’étude d’une norme 5G mais il faudra moult réunions et conférences d’experts pour aboutir à des faits… puisque l’année 2020 est supposée être celle de la commercialisation de cette nouveauté. N’oublions pas que la norme définissant un type de chargeur universel de portables, ne date que de 2010, et personne ne s'en est rendu compte.
Il ne faut pas confondre test de transmission de données entre deux terminaux et un véritable réseau mobile… La performance de ce test réside dans le débit des données transmises (1 Gigabit par seconde – 1Gbps) c'est-à-dire potentiellement 10 fois plus que la téléphonie 4G (balbutiante) aujourd’hui. Mais deux terminaux qui peuvent communiquer à 1Gbps n’ont pas grand-chose à voir avec un réseau mobile complexe où des millions de terminaux voudraient communiquer de manière totalement aléatoire.
Cet événement est un échelon supplémentaire dans la guerre des annonces entre Samsung, Google, Apple et autres Windows ou Blackberry. L’idée actuelle est d’installer une suprématie d’image sur le marché de la téléphonie mobile et des terminaux évolués, ceci ne devant pas évidemment diminuer la performance technologique réalisée.
La 5G va-t-elle entraîner des coûts supplémentaires pour le consommateur ?
Bien sûr, il faudra dans un premier temps « payer » les frais induits en recherche et développement comme pour toute innovation et tout comme pour le palier 3G / 4G les terminaux seront initialement plus onéreux, mais ceci participe de la logique commerciale et industrielle habituelle. Les équipements des réseaux de transport devront eux aussi s’adapter : sans trop entrer dans le détail, il faudra qu’ils soient capables de garantir le débit promis même dans les cas de mobilité du terminal lui-même (automobiles, train, d’un réseau à un autre) et ceci aura également un impact sur les abonnements des opérateurs offrant l’évolution.
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