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Il est important de ne pas toujours faire passer les autres avant soi pour être heureux.
Il est important de ne pas toujours faire passer les autres avant soi pour être heureux.
©Flickr/Vermin Inc

Bonnes feuilles

Il est important de ne pas toujours faire passer les autres avant soi. Jacqui Marson explique ainsi comment demander de l'aide sans nécessairement toujours aider les autres. Extrait de "Cessez de faire passer les autres avant vous: et soyez plus heureux" (1/2).

Retenez-vous d’aider les autres !

Pourriez-vous faire l’expérience de vous interdire d’aider les autres, de ne pas vous porter volontaire quand on en recherche un (ni même quand on n’en recherche pas) ? Combien de règles personnelles rigides enfreignez-vous en constatant un besoin et en ne faisant rien pour y répondre ? Comme les autres ont toujours des besoins, la demande est infinie. Qu’en est-il de vos besoins – quelle place leur accordez-vous ?

Je me suis mise au défi de faire cette expérience très récemment. J’attendais le bus quand la scène suivante a eu lieu. Une femme s’est précipitée vers l’arrêt, l’air paniqué, et a commencé à demander aux gens qui faisaient la queue où allait le bus et à quelle heure il devait passer. Une minute plus tard, j’ai levé les yeux et je l’ai vue au milieu de la route avec une autre femme qui était dans la queue, en train de héler un taxi. Tandis que j’étais assise sur un banc en bois derrière l’arrêt de bus, sirotant mon gobelet de café et profitant des premiers rayons de soleil du printemps qui réchauffaient mon visage, j’ai senti la tension monter en moi. Je pouvais ressentir l’anxiété des deux femmes qui essayaient d’arrêter un taxi. Leur langage corporel était tendu et désespéré. J’ai commencé à tisser une histoire autour de ce que je voyais : la femme A devait se rendre de toute urgence à un rendez-vous, mais elle était perdue et en retard, et la femme B essayait, en pure perte, de l’aider. Je pouvais sentir les connexions neuronales gentilles qui se réveillaient et m’incitaient à intervenir pour les aider.

Mais, au lieu de cela, j’ai respiré profondément et je me suis dit : « Que puis-je faire de plus qu’elles ne font déjà ? »

Je me suis concentrée sur les sensations physiques du moment présent – le goût du café, la chaleur du soleil – pour essayer de me calmer. Quand j’ai à nouveau levé les yeux, la femme A était partie – peut-être avait-elle trouvé un taxi ou opté pour une autre solution. Quoi qu’il en soit, mon aide n’avait pas été nécessaire.

Ne vous en mêlez pas. Retenez-vous d’apporter votre aide.

Comment demander de l’aide ?

En général, au revers de la médaille des croyances et des comportements illustrés ci-dessus qui incitent à être trop serviable, il y a l’extrême difficulté à demander soi-même de l’aide. J’en parle ici, dans cette partie consacrée aux expériences comportementales avancées, parce que, par bien des façons, c’est ce qui pose le plus de difficultés à de nombreux gentils. N’étiez-vous pas justement sur le point de sauter cette section parce que vous n’avez pas envie d’y réfléchir ?

Mes patients me parlent beaucoup des raisons pour

 lesquelles ils ne peuvent pas demander de l’aide. Les thèmes récurrents sont des déclinaisons des règles personnelles rigides : je dois être fort, autonome et invulnérable en toute circonstance. Si je leur demande de réfléchir à ce qu’ils ressentiraient s’ils demandaient de l’aide, le revers de la règle surgit aussitôt : si je demande de l’aide, on considérera que je suis faible, nécessiteux et vulnérable ; les autres pourraient profiter de moi et je leur serai redevable. D’autres règles sont des variations sur le thème de la maîtrise de soi et du perfectionnisme, qui sont généralement renforcées par une anxiété inavouée, par exemple : cela ne sert à rien de demander l’aide de quelqu’un puisque les autres ne font pas les choses correctement ; c’est plus rapide et plus simple de faire les choses soi-même.

Ce mode de pensée alimente le ressentiment, le côté martyr et l’isolement dans la croyance : je suis seul face à toutes ces responsabilités et personne ne peut m’aider.

[…]

Il n’est pas indispensable de décevoir quelqu’un quotidiennement. Et il n’est pas nécessaire d’inventer des déceptions simplement pour être un élève modèle et avoir de bonnes notes. Cette idée marque les esprits, parce qu’elle donne un côté ludique à des difficultés qui peuvent paraître insurmontables et anxiogènes. Une amie m’a raconté qu’elle y pense souvent quand elle est prise dans les embouteillages et cela la fait sourire – elle s’est donné pour rôle de veiller émotionnellement sur les gens et à leur bonheur, et certainement pas de les décevoir ! Mais elle dit que cela lui donne l’impression que tout est possible – qu’il pourrait en être autrement, qu’elle ne sera pas méchante si elle se comporte parfois autrement « J’ai même commencé à ne plus me laisser systématiquement doubler dans la queue ! » me dit-elle, une étincelle dans les yeux.

Souvenez-vous que ce n’est pas parce que vous commencez à faire plus attention à vos besoins que vous êtes méchant ou égoïste. Vous réaliserez que vous donnez de façon plus libre et authentique, ce qui est mieux pour tout le monde.

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Extrait de "Cessez de faire passer les autres avant vous: et soyez plus heureux", Ixelles Editions (mars 2013)

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