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Cantonales : 
"Il y a bien eu une poussée frontiste"
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Vague Bleue Marine

La progression du FN au second tour des cantonales : la note d'analyse détaillée de Jérôme Fourquet, le directeur adjoint du département Opinion de l'IFOP.

Les données présentées dans cette note ont été calculées par l’Ifop sur la base d’une totalisation de l’ensemble des résultats dans les 394 cantons où le FN était en situation de duel.

Evolution du score du FN aux cantonales de 2011 dans les cantons où il pouvait se maintenir

En dépit des commentaires sur « l’échec du FN », analyse basée sur le très faible nombre de cantons gagnés (2), on constate une progression importante de plus de 10 points quelle que soit la configuration de second tour. Le FN progresse autant face au PC que face au PS ou à l’UMP. Ceci démontre que le FN dispose de réserves importantes et diversifiées.

Dans les cantons où se déroulait un duel droite/FN, la progression de près de 11 points du score du FN ne peut s’expliquer sans reports significatifs d’une partie de l’électorat de gauche. On peut certes objecter que les renforts en voix dont a bénéficié le FN dans ces cantons pourraient provenir d’abstentionnistes du premier tour ou d’électeurs de candidats de droite éliminés mais cela ne serait suffire à produire une poussée de 11 points pour le FN au second tour. De notre point de vue, des reports conséquents en provenance de la gauche ont bien eu lieu.

Pour s’en convaincre, on peut s’intéresser au cas de cantons où le nombre de suffrages exprimés a très peu varié entre les deux tours et où il n’y avait au premier tour que des candidats de gauche et un candidat du FN et un candidat de droite. Dans ces cantons, où la gauche a été éliminée laissant la place à un duel droite/FN, l’observation des transferts est donc plus aisée et plus nette. Or comme on peut le voir dans le tableau suivant, il apparaît de manière assez manifeste qu’une fraction de l’électorat de gauche a voté FN au second tour.

Exemples de reports de la gauche dans des duels droite/FN

De la même façon, la forte progression du FN face à la gauche indique qu’une part significative de l’électorat de droite du premier tour dans ces cantons n’a pas opté pour le « ni, ni » et a voté Front National au second tour. On constate d’ailleurs une corrélation assez marquée entre la progression du FN entre les deux tours et le score atteint par les candidats de droite élimés au premier tour. En d’autres termes, dans ses duels face à la gauche, le FN a d’autant plus progressé qu’il disposait de « réserves » importantes dans l’électorat du ou des candidats de droite éliminé(s) au premier tour.

Cantons avec duels gauche/FN : lien entre la progression du FN entre les deux tours et le score de la droite au premier tour

En revanche, on n’observe pas de lien évident entre l’ampleur de la progression du FN entre les deux tours et l’évolution du nombre de suffrages exprimés (indicateur qui nous semble plus pertinent à prendre en considération que la stricte participation car, dans ce type de configuration, le nombre de bulletins blancs et nuls est assez élevé et peut venir contrebalancer une hausse de la participation). Comme le montre le tableau suivant, le nombre d’exprimés recule très faiblement dans les cantons où la poussée du FN a été la plus forte mais évolue également assez peu dans les cantons où le vote frontiste a moins progressé.

Ces chiffres infirment donc l’idée selon laquelle la hausse du FN serait largement due à une augmentation de l’abstention couplée à une plus forte mobilisation de son électorat. L’évolution du nombre de suffrages exprimés varie en effet très peu au regard de celle du score du FN entre les deux tours.

Pour mémoire : Evolution du score du FN aux cantonales de 2004 dans les cantons où il pouvait se maintenir

De la même façon, il y a assez peu de différences entre l’évolution du nombre de suffrages exprimés entre les deux tours dans les cantons où se déroulaient des duels gauche/FN (+ 1,9 point) et dans ceux concernés par un duel droite/FN (-1,4 point). Pascal Perrineau a montré que l’écart en terme de participation était plus prononcé (+4,4 points dans les duels gauche/FN contre +1,5 point seulement face à la droite) mais la progression des bulletins blancs et nuls vient lisser ce phénomène.

Aux cantonales de 2004, le FN avait également progressé de 10 points entre les deux tours dans les configurations de duels, mais cela portait sur un nombre beaucoup plus limité de cantons (16 duels avec la droite et 46 avec la gauche) et surtout, son niveau de premier tour était nettement moins élevé qu’aujourd’hui (20 % à l’époque contre 25 % maintenant). Le maintien de cette forte capacité de progression entre les deux tours alors que le score de premier tour a augmenté significativement démontre bien la poussée frontiste et sa nature de parti « attrape tout », capable d’agréger des électeurs d’horizons très différents.


Jérôme Fourquet, le directeur adjoint du département Opinion de l'IFOP

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