5% du parc automobile mondial d’ici 2016 : qui seront les acheteurs de voitures vertes ? <!-- --> | Atlantico.fr
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La Renault Zoé, commercialisée à partir de 14 000 euros, pourrait marquer un tournant.
La Renault Zoé, commercialisée à partir de 14 000 euros, pourrait marquer un tournant.
©Reuters

Un avenir verdoyant

Les voitures vertes hybrides et électriques devraient représenter 5% de la production automobile mondiale dès 2016. Qui va les produire ? Qui va les acheter ?

Jean-Pierre Corniou

Jean-Pierre Corniou

Jean-Pierre Corniou est directeur général adjoint du cabinet de conseil Sia Partners. Il est l'auteur de "Liberté, égalité, mobilié" aux éditions Marie B et "1,2 milliards d’automobiles, 7 milliards de terriens, la cohabitation est-elle possible ?" (2012).

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Atlantico : Selon le cabinet de conseil PWC, les voitures hybrides et électriques devraient représenter 5% de la production automobile mondiale dès 2016. Quels sont les clients les plus probables pour ces futurs modèles ?

Jean-Pierre Corniou : Les clients les plus probables pour ces modèles cumulent deux caractéristiques importantes : une conscience écologique forte et un revenu élevé. Autrement dit, le marché des voitures vertes risque de rester un marché de niche pour encore longtemps sauf que plusieurs facteurs viennent atténuer cette tendance :

  • partout dans le monde les gouvernements subventionnent et continuent de subventionner les véhicules électriques et, dans une moindre mesure, les véhicules hybrides, ce qui fait que le prix de vente de ces véhicules tend à se rapprocher des véhicules classiques (essence et diesel)
  •  Une stratégie des constructeurs qui consiste à baisser les prix : Mitsubishi a décidé de baisser substantiellement le prix de la MiEV
  • les pouvoir publics accélèrent leur renouvellement des flottes comme c'est le cas avec la Chine ou la France afin de stimuler la substitution des voitures thermiques par des véhicules électriques
Le marché reste donc une niche poussée par les pouvoirs publics. L'évolution reste lente et ne bouleversera pas les conditions économiques du marché rapidement.

Alors que Toyota a été précurseur dans les modèles hybrides, quelles autres marques sont susceptibles de se positionner sur ce marché ? PSA Peugeot-Citroën et Renault peuvent-ils être compétitifs par rapport au géant nippon ?

En ayant commencé avec la Prius dès 1997, Toyota reste le constructeur de référence sur le marché. La marque a une courbe d'apprentissage qui est de toute évidence la plus longue et la meilleure du marché. L'entreprise dispose d'une maîtrise totale des modèles hybrides, d'une connaissance exhaustive sur une base de plus de 4 millions de véhicules (sous les marques Toyota et Prius) et est parvenu à miniaturiser les chaîne cinétique des modèles pour les intégrer à des modèles plus petits comme la Yaris par exemple. C'est une véritable performance technique.

A l'exception de Honda, qui est le second plus important constructeur de véhicule hybride au monde, tous les autres constructeurs ont du retard. Ford dispose toutefois d'une certaine connaissance en matière de modèle hybride. De même, PSA Peugeot Citroën a déjà reçu 20 000 commandes de modèle tournant sous sa technologie HYbrid4 en 2010, ce qui en fait le troisième fournisseur européen an matière de véhicule hybride.

En matière de voiture électrique, la situation est beaucoup plus complexe. Seule l'alliance Renault-Nissan a entièrement misé sur l'électrique. Mais leur  modèle phare, la Leaf, se vend beaucoup moins bien que prévu aux États-Unis comme partout dans le monde et nous attendons encore avec une grande impatience les résultats de la Zoé qui devrait faire son entrée dans les concessions au mois de mars. L'accueil du grand public sera crucial car la Zoé sera la première véritable tentative de commercialisation à grande échelle d'un modèle électrique puisqu'elle sera vendu à 14 000 euros avec une location de batterie oscillant aux alentours des 79 euros par mois. La voiture est séduisante et a d'ores et déjà été très bien accueillie par la presse spécialisée.

Côté américain, General Motors a créé une alternative avec la Volt, un modèle électrique à prolongateur d'autonomie, c'est un dire un véhicule électrique qui embarque un petit moteur auquel s'additionne un générateur qui produit l'électricité nécessaire pour donner 500 kilomètres d'autonomie électrique lorsque la batterie est épuisée. Il s'agit d'une solution séduisante mais chaque modèle se vend plus de 40 000 euros en Europe et rencontre peu de succès alors bien même qu'il n'y a plus cet obstacle de l'autonomie.

En quoi les voitures vertes de demain pourraient être différentes de celles que nous connaissons aujourd'hui ? Les innovations ne risquent-elles pas d'aller trop vite pour les consommateurs ?

Il est clair que la progression des voitures électriques et hybrides, plus largement appelé "à motorisation alternative", est beaucoup moins rapide que ce que vendent habituellement les grands constructeurs mondiaux parce que ce marché se heurte à deux problèmes : un problème de surcoût dû aux solutions techniques actuelles, et un problème de pérennité des ces solutions puisque les consommateurs n'ont pas de vision suffisante sur l'évolution techniques du marché pour pouvoir estimer la valeur de revente de leur véhicule.

Il y a par conséquent un attentisme du consommateur final qui conduit à différer les achats. Preuve en est, les voitures électriques bénéficient d'une prime de 7 000 euros à chaque achat ce qui dénature la réalité économique de ce segment.

Plus largement, les constructeurs font face à un véritable problème de marché qui est totalement engrené par un problème relatif au coût des batteries et l'autonomie des véhicules. Les incertitudes sur les performances opérationnelles des véhicules et les problèmes de coûts sont les principaux frein. La Zoé de Renault, à 14 000 euros avec le prime, constitue un tournant majeur qu'il faudra surveiller de près.

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