Il n'y a pas d'inflation en France... à moins de la chercher vraiment<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Les prix à la consommation ont officiellement augmenté de 0,3% en février.
Les prix à la consommation ont officiellement augmenté de 0,3% en février.
©Reuters

Cache-cache

Les prix à la consommation ont officiellement augmenté de 0,3% en février, soit seulement 1% en rythme annuel selon l'Insee.

Robin Rivaton

Robin Rivaton

Robin Rivaton est chargé de mission d'un groupe dans le domaine des infrastructures. Il a connu plusieurs expériences en conseil financier, juridique et stratégique à Paris et à Londres.

Impliqué dans vie des idées, il écrit régulièrement dans plusieurs journaux et collabore avec des organismes de recherche sur les questions économiques et politiques. Il siège au Conseil scientifique du think-tank Fondapol où il a publié différents travaux sur la compétitivité, l'industrie ou les nouvelles technologies. Il est diplômé de l’ESCP Europe et de Sciences Po.

Voir la bio »

L'INSEE a publié les chiffres de l'inflation ce matin et il s'avère que l'indice des prix à la consommation en février a atteint 1% sur un an glissant, soit son niveau le plus faible depuis décembre 2009 et son cinquième mois consécutif de baisse. Cela signifie que les prix des biens et services continuent d'augmenter mais à un rythme plus faible qu'auparavant.

Plus précisément, la hausse des prix de l'énergie se confirme, 1,5% en février portant l'évolution annuelle à 2,4%, conduits par le fioul domestique, qui progresse de 2,8% et a de nouveau franchi le 19 février la barre symbolique de 1 euro le litre comme l'année dernière sur fond de vague de froid, et les carburants en hausse de 2,6% par rapport à janvier. L'électricité marque une pause après une hausse annuelle de 6%.

A l'inverse la baisse des prix dans le secteur des télécommunications se poursuit, alimentée par les nouvelles offres de téléphonie mobile. Le calendrier plus tardif des vacances d'hiver a aussi reculé la montée des prix des services liés à cette période qui interviendra vraisemblablement en mars. Les produits alimentaires ont aussi montré une relative stabilité avec une hausse de 0,1% en février 2013, le prix des viandes étant à l'inverse en hausse continue +0,3 % en février et +2,7 % sur un an.

Il paraît utile de rappeler le poids important de ces statistiques dans la politique économique du pays, l'indice des prix hors tabac sert à indexer de nombreux contrats privés, des pensions alimentaires, des rentes viagères et à revaloriser le SMIC. La méthodologie de cet indice est relativement fiable.

La combinaison de 1 000 familles de produits et de services commercialisés dans 27 000 points de vente répartis dans 106 agglomérations aboutit à 200 000 relevés mensuels et couvre plus de 94% des biens et services excluant seulement les services hospitaliers privés, l’assurance vie et les jeux de hasard. Pourtant, il est courant d'entendre que les statistiques de l’INSEE ne reflètent pas fidèlement la réalité.

Tout d'abord cet indice est une moyenne qui ne reflète pas l'évolution des comportements d'achats des Français. Ces dernières années, certaines catégories ont structurellement baissé (produits de haute technologie) alors que d'autres ont progressé (alimentation).

En outre, l'offre de produits est tendanciellement orientée à la hausse par une politique de montée en gamme des industriels des biens de consommation et même des distributeurs qui promeuvent des marques "premium". Ceci est d'autant plus vrai sur les segments où le renouvellement est rapide, ainsi les chewing-gums, dont un quart du linéaire a moins d'un an d'existence. Les nouveaux produits censés être dotés de nouvelles caractéristiques (goût, durée…) sont vendus à des tarifs bien supérieurs aux produits existants.

Il faut aussi compter avec les pratiques d'inflation cachée qui correspondent à des réductions de la taille des produits et le maintien à un prix similaire ou une augmentation des quantités inférieures à l'augmentation des prix, pouvant conduire à augmenter la sensation d'inflation des consommateurs.

Enfin, certaines inflations sont liées à la hausse des taxations. Le prix de la bière a encore augmenté de 3,1% en février après une hausse de 7,5 % en janvier, en lien direct avec l'augmentation des droits indirects le 1er janvier 2013. Toutefois, dans un contexte latent de stagnation économique, les opérateurs doivent limiter ces pratiques au risque de voir les clients se détourner. Pour preuve, l'indicateur Nielsen/LSA paru également hier montre que le prix des produits de grande consommation en hypermarchés et supermarchés a baissé de 0,1% entre février 2012 et février 2013 suite à la guerre des prix que mènent les distributeurs nationaux. Il s'agit là d'un indice de l'offre de l'ensemble des produits en rayons et non d'une inflation de la demande qui correspond aux produits effectivement passés en caisse.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !