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Retour de Nicolas Sarkozy : quels sont les scénarios les plus crédibles ?
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I'll be back

Dans un article à paraître jeudi dans l'hebdomadaire Valeurs Actuelles, l'ancien chef de l'Etat maintient qu'il n'a pas envie de revenir en politique et qu'il ne le fera que s'il y était obligé, faute de "solution de recours à droite ni à gauche".

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé est politologue et maître de conférence à Sciences Po. Son dernier livre, Islamopsychose, est paru aux éditions Fayard. 

Pour en savoir plus, visitez son site Internet : thomas-guenole.fr

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Dans un article à paraître jeudi dans l'hebdomadaire Valeurs Actuelles, Nicolas Sarkozy maintient qu'il n'a pas envie de revenir en politique sauf s'il y est obligé. Un sondage Ifop pour Atlantico, publié ce mercredi, place Nicolas Sarkozy loin en tête des candidats préférés à la présidentielle de 2017 parmi les sympathisants UMP (56%), devant François Fillon, distancé à 17% et Alain Juppé à 9%. Il y a quelques semaines, nous avions demandé à Thomas Guénolé de dessiner les scénarios possibles de son retour.

Atlantico : A quelles conditions Nicolas Sarkozy pourrait-il envisager de revenir ?

Thomas Guénolé : Il faut déjà que la situation économique du pays, en particulier celle de l’emploi, soit mauvaise autour de 2016. Il faut ensuite que lui-même ne soit pas inquiété en 2016-2017 par les procédures judiciaires en cours sur les affaires Karachi, Bettencourt et autres. Il faut également qu’il soit le mieux placé à droite, au plus tard mi-2016, dans les sondages d’intentions de vote relatifs à la prochaine présidentielle. 

Quels sont les différents  scénarios possibles de son  retour ?

Thomas Guénolé : En définitive, il n’y aura pas de retour de Nicolas Sarkozy en politique, car visiblement, il ne l’a jamais quittée. On oublie d’ailleurs souvent que cela s’est déjà produit, de 1999 à… 2001. Si donc ce dont on parle, c’est de sa candidature à la présidentielle de 2017, il y a, en schématisant, trois grands scénarios possibles : reprendre la tête de l’UMP puis être son candidat, être candidat de l’UMP sans en reprendre la tête, ou être candidat sans chercher l’investiture de l’UMP ni en reprendre la tête. Le premier scénario, reprendre la tête de l’UMP puis être son candidat, suppose que Nicolas Sarkozy se fasse réélire à la présidence du parti. Ce mandat dure trois ans, donc à supposer que comme prévu, le prochain président soit élu en 2013, alors la fenêtre de tir suivante est en 2016. L’avantage de ce scénario est sa sûreté, car il donne un vrai contrôle du parti, donc de la machine de guerre électorale : qu’on songe au contre-exemple de Ségolène Royal, qui ne l’avait pas lors de la présidentielle de 2007, ce qui handicapa lourdement sa candidature. Par ailleurs ce scénario n’a pas d’inconvénient particulier. Le deuxième scénario, être candidat de l’UMP sans en reprendre la tête, suppose que Nicolas Sarkozy remporte la primaire à droite pour la présidentielle. À supposer que les rumeurs sur ce sujet s’avèrent finalement fondées, cette primaire serait calquée sur celle de la gauche en 2011, donc ouverte à tous les électeurs qui le souhaitent, et elle aurait lieu au second semestre de 2016. En l’état actuel des enquêtes d’opinion, Nicolas Sarkozy la gagnerait. L’avantage de ce scénario est de créer une dynamique et de lancer de facto la campagne de reconquête de l’électorat. Il a cependant un inconvénient : si l’on s’en tient aux faits et pas aux rumeurs, il n’y a rigoureusement aucune certitude que cette primaire soient effectivement organisées. Le troisième scénario, être candidat sans chercher l’investiture de l’UMP ni en reprendre la tête, est de loin le plus simple : un matin, Nicolas Sarkozy annonce qu’il est candidat à la présidence de la République. Et qui l’aime le suive. Pour être gagnante, cette façon de faire supposerait simplement qu’un attelage suffisamment fourni de personnalités de l’UMP se rallie à sa candidature autour de sa date d’officialisation – avant, pour déclarer la souhaiter ; après, pour déclarer la soutenir –, de sorte que toute autre velléité de candidature à droite soit étouffée dans l’œuf ou marginalisée. L’avantage de ce scénario est sa facilité, puisqu’il repose uniquement sur la mobilisation d’un réseau de personnalités de l’UMP pour réussir. Son inconvénient est d’être un quitte ou double : tout se joue en quelques jours et si la mayonnaise ne prend pas, le coup n’est pas rattrapable. En termes de calendrier, comme challenger et non comme président sortant, l’automne 2016 est la fenêtre de tir probable. 

L'hypothèse de son retour traduit-elle un vide à droite depuis la crise de l’UMP ?

Thomas Guénolé : Pas un vide : plutôt un trop-plein. Parmi ses anciens lieutenants, aucun n’émerge significativement du lot comme nouveau chef de file de l’UMP, et si deux d’entre eux se distinguent, leur rapport de forces a été équilibré au point de conduire à une guérilla faute de net vainqueur. En comparaison, seul Nicolas Sarkozy garde encore à ce jour chez les adhérents de l’UMP, mais aussi chez les électeurs de droite, un socle hégémonique.  

Un nouveau vote pour la présidence de l'UMP pourrait avoir lieu en septembre. Une implosion du parti serait-elle un handicap ou un avantage pour Nicolas Sarkozy ?

Thomas Guénolé : Je ne crois absolument pas à une scission de l’UMP. Les intérêts professionnels des élus, qui ont comme vous et moi des projets et des plans de carrière, dépendent de l’existence même de la marque UMP et de sa stabilité, qui font l’essentiel des scores électoraux aux scrutins locaux. La scission, ce serait donc tuer la poule aux œufs d’or : je n’y crois pas. 

Dans les propos rapportés par Valeurs Actuelles, Nicolas Sarkozy se montre très critique envers la droite. Son retour est-il vraiment souhaité à l'UMP ? L'ancien président de la République peut-il se plier à l'exercice des primaires ?

Thomas Guénolé : Encore une fois, on ne peut pas parler de retour, puisque Nicolas Sarkozy n’a jamais quitté l’actualité politique. Tout au plus peut-on parler d’ascèse sur la scène médiatique. À proprement parler, la question ne porte donc pas sur son éventuel retour, mais sur son éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 2017. Cela posé, oui, l’ancien président de la République peut se plier à l’exercice de la primaire à droite : il peut ensuite ne pas le vouloir, et préférer un autre des trois scénarios précédemment évoqués. Encore faudrait-il que cette primaire ait lieu. Or si l’on parle d’une primaire ouverte, comme celle de la gauche en 2011, alors Il n’y a rigoureusement aucune certitude en la matière : rien ne contraint actuellement l’UMP, ni dans ses statuts ni dans son règlement, à l’organiser. 

Quels sont ses principaux concurrents dans la course à l’Élysée ? A-t-il une réelle chance de se faire réélire ?

Thomas Guénolé: Sur la base des enquêtes d’opinion actuelles, François Fillon est le seul rival substantiel de Nicolas Sarkozy à droite. Tous les autres, sans exception, sont beaucoup trop nettement distancés pour être pris en compte. Quant à savoir si Nicolas Sarkozy peut être réélu président de la République en 2017, se prononcer est totalement impossible à plus de quatre ans du scrutin : notamment parce qu’on ne peut pas faire de pronostic sur une élection nationale sans avoir une idée claire de ce que sera la conjoncture économique – en particulier sur le front de l’emploi – cette année-là.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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