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Derrière les murs du Vatican : Rome J+5 après la renonciation de Benoît XVI
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Dans les coulisses de...

Lundi le pape annonçait renoncer à son pontificat. Depuis, l'agitation est à son comble. Retour sur la semaine où tout a basculé au Vatican.

Nicolas Diat

Nicolas Diat

Nicolas Diat est considéré comme un des meilleurs spécialistes du Vatican. 
 
"Un temps pour mourir" de Nicolas Diat
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Atlantico : Depuis que le pape a annoncé sa renonciation, quand l'a-t-on vu en public ?

Nicolas Diat :  Cette semaine, le Saint-Père est apparu quatre fois en public. Lundi pour le consistoire où il a annoncé, en latin, sa renonciation. Ensuite il est apparu une deuxième fois mercredi matin pour l'audience traditionnelle avec les pèlerins, Salle Paul VI, demandant de prier pour lui, pour l'Eglise et pour son successeur. Il est apparu une troisième fois mercredi soir pour la messe des Cendres à la Basilique Saint Pierre de Rome et une nouvelle fois jeudi matin où il a prononcé une conférence « improvisée », sans notes, sans discours préparé par son entourage, devant tous les prêtres et séminaristes de Rome, qui est son diocèse en tant qu'évêque de la ville éternelle.

Comment allait-il lors de chacune de ses sorties ?

Lors de chacune de ces rencontres, il a fait des interventions particulièrement pointues, avec une précision et une finesse intellectuelle telle qu'on lui a toujours connue. Mais il ne fait aucun doute qu’il est vraiment très fatigué, comme une petite flamme qui peut s’éteindre si le vent souffle trop. Mais je crois aussi qu'il ne faut pas minimiser l'émotion que ces jours représentent pour lui. Mercredi soir, la messe à Saint Pierre de Rome était un moment assez extraordinaire. Une messe d'adieu d’un Pape, unique dans l'histoire de l'Eglise. A la fin de la cérémonie, il a été applaudit pendant près de dix minutes et cela aurait pu durer plus longtemps s'il n'avait pas demandé lui-même aux fidèles d’interrompre les applaudissements. Il vit ce moment comme une dernière épreuve émotionnelle.

Depuis l'annonce de cette renonciation quelle est l'ambiance à Rome et au Vatican ?

Le temps s’est accéléré et en même temps, il s’est aussi arrêté. Les fidèles ne réalisent pas vraiment que dans quelques jours ils ne verront plus jamais Benoît XVI. La surprise a été forte. Il y a un vrai choc aussi pour les habitants de Rome. Beaucoup de cardinaux confient à voix basse que Benoît XVI leur avaient demandé de prier, pour lui et pour sa mission. Aujourd'hui, Benoît XVI part et ces prélats se demandent s'ils ont vraiment aidé le Saint Père comme ils auraient du le faire. Je ne dis pas qu'ils se sentent coupables mais je pense qu'il y a une vraie tristesse coupable qui enveloppe les esprits.

La date du conclave pourrait être avancée. Est-ce une forme de précipitation ou est-ce dans la logique des choses ?

Oui, c'est dans l'air du temps. Cela pourrait être avancé au 10 mars. Il y a là une certaine logique dans la mesure où la semaine Sainte, qui commence après le dimanche des Rameaux, cette année le 24 mars, est un moment très important. La fête de Pâques est le sommet de la vie de l'Eglise, il serait tout de même étrange qu'elle n'ait pas de Pape pour les Rameaux et la Semaine Sainte. Par ailleurs, les cardinaux du monde entier viendront à Rome dès le 27 février afin d'assister à la dernière audience de Benoît XVI, et en cela à ses derniers adieux publics.

Comment les cardinaux se préparent au futur ? Y a-t-il des favoris qui se détachent ?

Parmi les Italiens, il y a toujours deux favoris, les cardinaux Scola et Bagnasco. Plus qu'en début de semaine, le cardinal africain Robert Sarah revient dans beaucoup de conversations. Né en 1945, ce Guinéen est présent à Rome et s'occupe du conseil pontifical Cor unum, une congrégation caritative. Il est vrai qu’il s’agit d’un homme tout à fait exceptionnel. On sent qu'il y a un certain nombre de réflexions autour de son nom.

En 2005, il y avait eu des fuites. Comment le Vatican compte-t-il s'y prendre cette fois-ci ?

Effectivement, une rumeur circule beaucoup dans Rome, selon laquelle en 2005 un cardinal serait entré au conclave avec son téléphone portable – ce qui est bien sûr absolument interdit. Il semble donc que des précautions soient prises, et redoublent même d'intensité. De même, il ne faut pas oublier qu'en septembre 2005, un cardinal a donné à la revue de géopolitique Limes le détail des scrutins. La gendarmerie pontificale et son commandant Domenico Giani coordonneront l'ensemble des mesures permettant de respecter le secret de l’élection. Enfin, le Vatican sort à peine de l’affaire Vatileaks où des dizaines de notes confidentielles des appartements pontificaux ont échoué dans un livre à scandale…

Propos recueillis par Maxime Ricard

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