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Qui croit au retour de Ségolène Royal ?
Qui croit au retour de Ségolène Royal ?
©Reuters

Ex-future

Réélue à la tête de la fantomatique association "Désirs d'avenir", Ségolène Royal ambitionne de revenir au premier plan de la scène politique nationale. Un combat contre l'oubli politique loin d'être gagné pour la présidente de la région Poitou-Charentes.

Josée Pochat

Josée Pochat

Josée Pochat est chef du service politique de Valeurs actuelles.

 

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Atlantico : Humiliée aux élections législatives, sans poste national, et sans qu'aucune opportunité ministérielle ne semble se libérer pour elle, comment Ségolène Royal peut-elle envisager son retour au premier plan politique ? Est-ce une perspective crédible, ou bien le chant du cygne d'une personnalité dont la carrière nationale est derrière elle ?  

Josée Pochat : Ségolène fait tout pour préparer son retour, mais le problème c'est qu'elle est toute seule à le préparer, justement, ce retour ! Son ancien compagnon devenu Président de la République ne fait d'ailleurs rien de particulier pour la favoriser. Ses anciennes amies politiques proches, comme Dominique Bertinotti, Najat Vallaud-Belkacem ou Delphine Batho sont aujourd'hui toutes au gouvernement. En fait, Ségolène Royal a raté le train en marche, un train qui aujourd'hui continue sans elle.

Parmi l'électorat socialiste, et les sympathisants de gauche, comment Ségolène Royal est-elle parçue ? Représente-t-elle toujours un recours pour les sympathisants/militants ou bien peut-on dire que depuis ses échecs de 2012 presque tout le monde l'a oubliée ? Existe-t-il un "désir de Royal" en quelque sorte ?

Les sympathisants de gauche se sont déjà exprimés sur la question, lors des primaires socialistes pour l'élection présidentielle, et le résultat a été clair : Ségolène Royal est arrivé quatrième, en étant même largement dépassée par le troisième Arnaud Montebourg. Le problème de Ségolène Royal, c'est qu'elle vit dans le déni. Elle était persuadée que les sondages qui la donnaient battue lors de la primaire se trompaient, et que même malgré ses défaites, les gens étaient encore en attente de quelque chose d'elle, alors que les électeurs ne veulent plus d'elle, et que la galaxie socialiste se passe très bien de ses services. 

Ségolène Royal semble vouloir s'appuyer sur sa structure "Désirs d'avenir" et le soutien de personnalités médiatiques (comme Stéphane Hessel) pour faire son retour dans le débat. Cette stratégie vous semble-t-elle la bonne pour regagner le coeur de l'opinion ? Sur quels positionnements peut-elle affirmer sa crédibilité et la légitimité de son retour ?  

"Désirs d'avenir" est une association moribonde qui a perdu la moitié de ses membres et n'a fourni aucun travail intellectuel ces dernières années. Cette structure ne lui sera pas d'un grand secours. Elle essaie aussi de se positionner politiquement en ayant notamment fait une déclaration au Portugal lors du Conseil de l'Internationale Socialiste appelant à ne pas recourir "à la seule austérité" pour sortir l'Europe de la crise. Je ne pense pas que cela ait beaucoup influencé les dirigeants européens, sans même parler d'intérêt dans l'opinion publique française... Elle essaie de tout faire pour se démarquer et faire parler d'elle. C'est à mon sens très révélateur de son impuissance. 

Qui, rue de Solférino, ou même parmi le gouvernement, voudrait du retour de Ségolène Royal ? Comment peut-elle s'imposer face à des dirigeants PS qui pour beaucoup ont profité de son éviction ?

Ségolène Royal a été faite par les sondages en 2006, et les "éléphants" avaient du faire avec à contre-cœur face à cette candidate dont ils n'ont jamais voulu. Mais maintenant c'est terminé, la dynamique est du côté de François Hollande. Un peu comme Dominique Strauss-Kahn pour d'autres raisons, elle a perdu son image de gagnante potentielle, elle n'a donc plus d'intérêt en termes de pouvoir pour les autres socialistes. Malgré son "désir d'avenir" personnel, je pense justement que Ségolène Royal n'a aucun avenir.   

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