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Dire "Je t'aime" avec une crème anglaise, c'est possible !
Dire "Je t'aime" avec une crème anglaise, c'est possible !
©Reuters

Bonnes feuilles

Il ou elle a le droit de ne pas avoir faim, de ne pas goûter un plat, ou de ne pas en avoir envie à ce moment-là. Et cela n'a rien à voir avec ce qu'il ressent pour vous. Extrait de "Bien dans sa cuisine". (1/2)

Isabelle Filliozat

Isabelle Filliozat

Isabelle Filliozat, psychothérapeute-psychopraticienne certifiée, dirige l’École des Intelligences Relationnelle et Émotionnelle. Elle pratique la méditation depuis trente ans et cuisine depuis toute petite. Elle est l'auteur de plusieurs livres, dont son grand succès L'intelligence du cœur.

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"Quand Jean Bernard et moi nous sommes installés ensemble, je le lui ai annoncé solennellement : « Ne compte pas sur moi pour te faire de la crème anglaise. Je n’aime pas ça, je ne vais pas cuisiner juste pour toi. » Il a tout de même eu envie de vivre avec moi. Pourtant, il adore les oeufs à la neige… De son côté, il m’a dit : « Ne compte pas sur moi pour bricoler. Je ne sais pas et je n’aime pas ça. » Vingt ans plus tard, je fais régulièrement de la crème anglaise… et lui bricole, cloue, visse, recolle à l’intérieur et à l’extérieur, répare le réseau d’arrosage et conduit le tracteur pour tondre (je n’ose parler de gazon, à Aix-en-Provence, c’est plutôt un genre de semi-garrigue qui entoure la maison), il le fait avec dextérité, bien que rasant régulièrement quelques-unes de mes plantations. 

La recette de la crème anglaise est bien connue, mais comme nous ne consommons plus de lait de vache, je l’ai adaptée. La variation lait de chèvre a la préférence de Jean Bernard. Pour ma part, je préfère celle au lait d’amandes.



Nourrir est une des dimensions de l’amour maternel. Nous commençons par l’allaitement au sein, puis nous cuisinons pour nos chers petits. Les papas et les grands-parents peuvent alors s’y mettre aussi. Chacun a sa spécialité. Les enfants y sont particulièrement sensibles. Inutile de chercher à rivaliser, le hachis de la mamie sera toujours meilleur que le vôtre. Mais il/elle préférera votre fameuse soupe de fanes de radis à celle que tentera un jour la même grand-mère. Nous aimons faire plaisir à nos petits, éplucher, pétrir, découper, cuire pour eux… mais quand ils refusent de manger ce que nous avons patiemment et tendrement concocté, il peut nous arriver de le prendre pour un affront personnel ! 
« Quoi ? Je ne vais pas manger ça ! Mais non, je n’ai JAMAIS aimé ça ! » Faire le plat préféré d’un(e) enfant pour lui dire « je t’aime » présente toujours le risque de s’exposer à une déconvenue car les papilles des petit(e)s évoluent et leurs goûts avec… Et de plus, il/elle a besoin un jour ou l’autre de se séparer de maman. De notre côté, nous avons à surveiller notre tendance à faire plaisir par la nourriture ; si cela devient stratégie, il/elle finira par ne plus aimer ce qu’il/elle adorait et le fil de complicité sera rompu. Comme en tout, l’excès est contre-productif. Nourrir sans envahir, toute la question est là.
Quel que soit l’accueil que l’autre fait à notre message, nous le lui avons adressé. Il est important de lui laisser la responsabilité de la réception et surtout de lâcher prise sur la réponse !  Vous l’aurez compris, au vu de mes convictions, la réflexion de Jean-Bernard à sa mère face aux éclairs n’avait guère fait battre mon coeur. J’avais souri. Bien sûr, j’étais contente de découvrir qu’il s’agissait de son dessert préféré, mais surtout, j’avais fait mon « bout » de la relation, comme le dit Jacques Salomé. Il n’aurait pas mangé de sucre, ou aurait été allergique au lait ou aux éclairs au café, j’aurais tout de même fait mon bout. Être dépendant(e) de la réponse de l’autre, c’est lui conférer bien trop de pouvoir… Et finalement en prendre aussi excessivement sur lui."



Extrait de Bien dans sa cuisine, JC Lattès 

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