Kouchner n’a jamais trahi Kouchner ! Pour le reste...<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Est-ce l’amertume d’avoir été finalement congédié malgré cette loyauté exemplaire qui l’incite, désormais, à tenir ce discours ?
Est-ce l’amertume d’avoir été finalement congédié malgré cette loyauté exemplaire qui l’incite, désormais, à tenir ce discours ?
©Reuters

Editorial

"Moi, j'ai clairement, toujours, été un homme de gauche. Voilà, je n'ai jamais voté à droite, je ne vais pas commencer maintenant", affirmait Bernard Kouchner sur BFM TV mardi.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

Voir la bio »

Dans une interview coup de poing sur RMC/BFMTV, Bernard Kouchner affirme avoir voté Hollande "sans états d’âme", ajoutant : "Moi, j'ai clairement, toujours, été un homme de gauche. Voilà, je n'ai jamais voté à droite, je ne vais pas commencer maintenant".

Quelle triste fin de parcours ! Le french doctor qui défendit jadis des causes honorables à la tête de Médecins Sans Frontières, montra un certain courage quand il prit position pour la guerre en Irak il y a dix ans contre l’avis majoritaire du Parti socialiste, a été la figure emblématique et zélée de l’ouverture sarkozienne. Et après tout, pourquoi pas ? La gauche n’ayant jamais vraiment misé sur lui, il pouvait ne pas se sentir obligé vis-à-vis de ces "camarades" qui passaient leur temps à railler son style emphatique et sa popularité zénithale. La vraie faute politique, il la commet aujourd’hui en donnant le sentiment de ne plus assumer son choix de 2007.

Je me souviens d’un voyage à Abu Dhabi en mai 2009 où il accompagnait Nicolas Sarkozy, quêtant une parole présidentielle, un regard… Lors de ce séjour au cours duquel le Président de l’époque inaugura une base militaire et essaya de vendre, en vain, nos Rafales au petit mais richissime émirat, il y eut un long et passionnant off avec le chef de l’Etat. Kouchner était assis à sa droite. Pendant deux heures, il ne cessa d’acquiescer ostensiblement de la tête pendant que le "patron" répondait aux questions des journalistes. Kouchner et l’ancien sherpa de l’Elysée, Jean-David Lévitte, rivalisaient d’onctuosité à l’égard de Nicolas Sarkozy que ces jeux de cour semblaient amuser.

Pendant la période où il occupa le Quai d’Orsay, donc de mai 2007 à novembre 2010, l’ex ministre des Affaires étrangères rejeta toutes les tentatives d’organiser un pôle sarkozyste de gauche avec les Besson, Bockel et autre Fadela Amara. Il n’esquissa pas la moindre divergence avec le Président. Il accepta même de faire "le sale boulot" en justifiant ainsi la disparition du secrétariat d’Etat aux Droits de l’Homme et donc, de fait, de son embarrassante occupante, Rama Yade : "Je pense que j'ai eu tort de demander un secrétariat d'État aux Droits de l'Homme. C'est une erreur. Car il y a contradiction permanente entre les droits de l'homme et la politique étrangère d'un État, même en France".

Est-ce l’amertume d’avoir été finalement congédié malgré cette loyauté exemplaire qui l’incite, désormais, à tenir ce discours ? Ou un secret espoir de revenir en grâce à l’Elysée, version Hollande ? Je l’ignore mais à coup sûr, ces questions insidieuses provoqueraient sa légendaire indignation.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !