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L’antiaméricanisme c’est le patriotisme des imbéciles !
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Tous ensemble, tous ensemble...

Aux deux extrêmes de l'échiquier politique, des voix se font entendre pour reprocher aux Américains de nous laisser seuls intervenir au Mali. C'est le retour de l'antiaméricanisme, cette spécificité bien française.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Ici et là, à l’extrême gauche et aussi à l’extrême droite, des voix se font entendre pour reprocher aux Américains de nous laisser seuls au Mali. Une singulière petite musique…

L’antiaméricanisme est une spécificité française. Comme une passion qui, lancinante, s’exprime avec la persévérance monotone du moulin à prière tibétain. C’est une exception en Europe.  Et il faut chercher bien loin, du côté d’Ahmadinejad en Iran, de Chavez au Venezuela, ou de Morales en Bolivie, pour trouver d’autres virtuoses de l’antiaméricanisme. La vérité oblige à dire que cela ne tire pas à conséquence. N’est pas taliban, ou djihadiste qui veut. Donc, pour l’essentiel, des deux bords, du rouge au brun, on se contente de prendre une poupée à l’effigie de l’oncle Sam, et de planter moult aiguilles dans son cœur. C’est notre petit vaudou bien à nous.

Les Etats-Unis sont un grand, un très grand pays. Complexe et compliqué pour les esprits formatés par Mao et cie, autant que pour ceux qui ne jurent que par Soral, Meyssan, et quelques autres moins connus.  Alors, ces malheureux réprouvés s’y perdent un peu. Mais la détestation, et souvent la haine, prennent vite le dessus sur leurs éventuelles perplexités. Les Etats-Unis sont un pays d’une grande liberté. Une liberté extrême qui n’a pas son pareil en France. Tout, là-bas, peut se dire. Tout peut s’écrire. Si ça vous fait plaisir d’appeler un Juif "sale youpin", de traiter un homosexuel de "vieux pédé", vous pouvez. Alors, certains, plutôt très à droite, devraient crier " Vive l’Amérique !". Ils ne peuvent pas : ils sont ontologiquement antiaméricains… Nombre d’Etats des USA légalisent le cannabis et autorisent le mariage gay. Alors certains, plutôt très à gauche, devraient entonner l’hymne américain. Ils ne peuvent pas : ils sont antiaméricains… La constitution américaine autorise tout citoyen à détenir une arme à feu et n’a pas aboli la peine de mort. Alors, du côté des tenants de la droite extrême, on devrait applaudir. Ils ne peuvent pas : ils sont antiaméricains…

L’Amérique est aussi un pays hérissé de grande banques, qui, c’est bien connu, dominent le monde et veulent domestiquer nos âmes. Et alors là, tous en cœur, tous ensemble, fascistes et antifascistes, gauchistes et antigauchistes, scandent : "A bas l’Amérique !". L’Amérique, et là nous approchons du comble de l’horreur, soutient Israël, et intervient militairement dans des pays musulmans. Et là encore, les mêmes, et beaucoup plus fort, crient "A bas l’Amérique !".

A la gauche de l’extrême gauche, on en vient à détester les Juifs par amour des Arabes. A la droite de l’extrême droite, on parvient à aimer les Arabes par détestation des Juifs. La passion antiaméricaine est portée par un grand fleuve plutôt rouge-rouge. Parallèlement à ces flots tempétueux serpente, en parallèle, un petit ruisseau d’une autre couleur, plutôt de droite extrême.

A l’orée du 20ème siècle, un marxiste autrichien, avait eu cette lumineuse formule : "l’antisémitisme, c’est le socialisme des imbéciles". Il convient aujourd’hui en France de remplacer "antisémitisme" par "antiaméricanisme" (encore qu’il y ait des cas de cumul). Pour l’extrême gauche, ce sera donc : "l’antiaméricanisme, c’est le socialisme des imbéciles". Pour l’extrême droite, rétive au mot socialisme, ce sera : "l’antiaméricanisme, c’est le patriotisme des imbéciles".

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