Le contrat de génération, inadapté à l'essentiel des entreprises françaises ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Le contrat de génération a pour objectif de doper l'emploi des jeunes et des seniors.
Le contrat de génération a pour objectif de doper l'emploi des jeunes et des seniors.
©Reuters

Conflit intergénérationnel

Idée phare du candidat Hollande, le projet de loi sur le contrat de génération est examiné à partir de ce mardi à l'Assemblée.

Marc Raynaud

Marc Raynaud

Marc Raynaud : Canadien et Français, expert de l’interculturel et de l’intergénérationnel depuis 20 ans dans 20 pays, Marc Raynaud est le président-fondateur de l’Observatoire du Management InterGénérationnel www.omig.fr . S’appuyant sur leur étude ‘le Management InterGénérationnel’ , réalisée auprès de 200 entreprises pour Les Echos Etudes, Marc et son équipe de consultants d’InterGenerationnel  forment les managers, les seniors et les jeunes à travailler en équipe multi-générationnelle en adaptant leur fonctionnement.

 

Voir la bio »

Cet article a déjà été publié sur Atlantico le 19 octobre 2012.

Atlantico : Promesse phare de François Hollande, le contrat de génération a pour ambition de doper l'emploi des jeunes et des seniors, deux tranches d'âge particulièrement touchées par la crise. Ce dispositif est-il adapté à toute les entreprises et plus particulièrement aux secteurs qui recrutent des jeunes ?

Marc Raynaud : L'esprit du contrat de génération doit être porté par toutes les entreprises, y compris par celles qui ne peuvent pas embaucher. Aucune entreprise ne peut faire l'économie d'une réflexion sur la place des différentes générations dans l'entreprise. Cela peut-être de nature à fluidifier les rapports sociaux dans un pays qui aime la confrontation.

Je suis allé dans beaucoup de secteurs jeunes comme la publicité ou l'informatique, où les salariés les plus âgés ont à peine 30 ans. Dans ces entreprises, on commençait  par me dire : "'il n'y a pas de sujet". Et puis, en creusant, on voyait que même dans ces entreprises très jeunes, il y avait des enjeux intergénérationnels. Les chefs de 30 ans ne comprenaient pas leurs collègues de 21 ans !

Au plan des incitations financières, ce dispositif n'a aucun intérêt. En revanche, il permet d'ouvrir le débat sur la diversité générationnelle au sein des entreprises. Et cette diversité existe déjà dans des entreprises où les salariés ont 20 ou 30 ans. Dans une agence de publicité, un patron de 50 ans m'a expliqué qu'il faisait 30% de son chiffre d'affaire sur des conseils aux entreprises en rapport avec le web. Il ne connaissait même pas les services qu'il offrait . "Ce sont les jeunes qui inventent le truc..." m'a-t-il avoué. 

Certes, mais en dehors des entreprises qui ont de gros volumes de départs à la retraite à gérer, ou de celles qui prévoyaient déjà d'embaucher, le contrat de génération ne concerne finalement que très peu de sociétés ... Ce dispositif peut-il être amélioré ?

Effectivement, je pense que pour être réellement efficace, ce dispositif devrait profiter à plusieurs entreprises à la fois. C'est difficile pour une entreprise qui a besoin d'embaucher un jeune de marier nécessairement ce jeune à un senior qu'il faut maintenir dans l’emploi. Par contre, si on autorisait à grouper sur un bassin d'emploi ou dans une zone industrielle plusieurs entreprises autour de la question du contrat de génération, on décuplerait les possibilités. Si on pouvait faire un peu de transversalité et de regroupement entre entreprises sur un site donné, cela faciliterait à la fois la coopération inter-entreprises et intergénérationnel. Il faut partir sur un contrat qui facilite la mutualisation. Cela peut paraître compliqué, mais trop d'entreprises ignorent ce qui se fait à côté. Souvent dans les grands bassins d'emplois, il y a une grande entreprise "leader", comme Airbus à Toulouse, par exemple. Il faut donner à ces gros employeurs la responsabilité d'organiser ce dialogue intergénérationnel. Elles se sentiront valorisées. Évidemment, il faudrait faire confiance aux grandes entreprises...

Aujourd'hui, le taux de chômage des moins de 25 ans atteint 22,7 %, alors que le taux d'emploi des 55-64 ans est seulement de 40 %. La France est l'un des pays européens qui embauche à la fois le moins de jeunes et le moins de seniors. Cette situation, qui est une exception française, risque-t-elle de mener à un choc des générations ? 

Oui c’est sûr : mais ce n’est pas un problème français, il est mondial. Dès l’an prochain, dans toute l'Europe, 2 millions de gens supplémentaires vont sortir du marché du travail pour partir à la retraite. Ajoutez à cela 2 millions de personnes en moins qui rentrent sur ce marché, le tout sur 20 et 30 ans, faites le calcul : la pression sera croissante pour ceux qui travaillent.

Les gens pourraient en avoir assez de payer pour ceux qui ne bossent plus, c’est déjà le cas à Taïwan où la solidarité intergénérationnelle a été cassée. Même les enfants gâtés ne s’en occupent plus alors que c’est une tradition millénaire…

l y a un vrai risque de choc culturel si on ne s’y prépare  pas. Le pire serait de faire comme s'il n’y avait pas de différence entre les gens et les âges. Tout ça peut couter très cher…Mais la coopération intergénérationnelle, quand elle est organisée, coachée et managée -parce qu’elle n’est pas naturelle-,  peut aussi rapporter.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !