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Il faut sauver le soldat Kadhafi
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Axe du mal

Qui sont les plus grands supporters de Kadhafi ? Castro, Ortega, Chavez, que de grands démocrates...

Fabio Rafael Fiallo

Fabio Rafael Fiallo

Fabio Rafael Fiallo est économiste et écrivain, ancien fonctionnaire à la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement). Il est diplômé d’économie politique de l’université Johns Hopkins (Baltimore).  Son dernier ouvrage, Ternes Eclats - Dans les coulisses de la Genève internationale (L'Harmattan) présente une critique de la diplomatie multilatérale.

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Dans sa débâcle actuelle, le soutien le plus actif dont Mouammar Kadhafi a pu bénéficier se trouve du côté de l’axe castriste. Le premier à lui venir en aide fut le président du Nicaragua, Daniel Ortega, qui appela le leader libyen par téléphone pour lui témoigner sa totale « solidarité ».

Ensuite, alors que les médias du monde entier faisaient état de civils tués par les forces de Kadhafi, et que Kadhafi en personne avait demandé à ses partisans de faire une « boucherie » de ceux qui osaient manifester contre lui, Fidel Castro met en doute le bien-fondé des accusations formulées à l’encontre de son camarade libyen mais, en revanche, ne montre aucune hésitation à dénoncer « le crime que [selon lui] l’OTAN s’apprête à commettre contre le peuple libyen ».

Hugo Chavez, lui, va plus loin en besogne et propose une « médiation internationale », ce qui – dans un moment où les pressions pour la démission de Kadhafi s’accentuaient de toutes parts – revenait à aider celui-ci à gagner du temps pendant que ses mercenaires et ses avions continuaient d’attaquer les postes tenus par les rebelles.

Quelles raisons ont pu mener ces trois dirigeants latino-américains, au mépris du bon sens et de tout souci moral, à prendre fait et cause pour un despote aux abois ?

Parmi les raisons d’une telle attitude, la connivence historique entre Kadhafi et Castro aura sans doute joué un rôle non négligeable. Au temps de la guerre froide, avec la protection du grand frère soviétique, ces deux personnages avaient, dans les affaires mondiales, un poids qui depuis la chute du Mur de Berlin s’est considérablement réduit. Aujourd’hui, ils se serrent les coudes à l’instar de vieux délinquants ayant noué une complicité inébranlable.

D’autre part, il ne faudrait pas oublier que les trois dirigeants latino-américains dont il est question dans cet article ont reçu le « prix Kadhafi des droits de l’homme ».

Au-delà de ces considérations de fraternité entre dictateurs n’ayant que faire des droits de l’homme, il existe trois raisons qui aident à mieux comprendre pourquoi l’axe castriste est monté au créneau pour aider Kadhafi.

Primo, si la chute de Kadhafi arrivait à se produire, cela voudrait dire que tuer dans l’œuf toute opposition, comme l’a fait Kadhafi au long de son règne, ne suffit pas pour dissuader un peuple de se révolter contre un régime tyrannique. En extrapolant, la répression qui prévaut à l’heure actuelle à Cuba, et le dépeçage progressif des droits de l’opposition et de la presse au Venezuela et au Nicaragua, pourraient ne pas parvenir à endiguer indéfiniment le mécontentement populaire dans ces trois pays de l’Amérique latine.

Secundo, le vide politique qui existait en Libye à cause de l’absence d’opposition n’aurait pas été insurmontable ; il s’est vite vu occupé par des figures politiques et militaires du régime de Kadhafi qui ont opté pour se rallier à la contestation. Elles se sont ainsi propulsées au premier plan du processus de renaissance de la Libye. Cela pourrait donner des idées aux élites gouvernantes des trois pays latino-américains, dont certains membres seraient tentés de répondre favorablement aux aspirations démocratiques de leur population.

En troisième lieu, la supériorité militaire des forces de Kadhafi n’aurait pas empêché les rebelles de tenir bon. « Ils [les gens de Kadhafi] n’ont pas une cause pour laquelle se battre, contrairement à nous ! » – s’exclamait, défiant, un des rebelles qui défendent le port libyen de Brega. Quelle belle source d’encouragement pour tous ceux qui, à Cuba, au Venezuela et au Nicaragua, au nom d’une liberté à conquérir ou à protéger, se battent pour couper court aux desseins de perpétuation des régimes en place !

Comment s’étonner, alors, que l’axe castriste fasse montre d'un malaise certain à l'égard de la rébellion du peuple libyen ?


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