Baisse du pétrole : les pays qui sourient et ceux qui grimacent<!-- --> | Atlantico.fr
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La baisse des cours pétroliers fait plaisir aux Etats-Unis qui voient le prix payé par leurs consommateurs baisser.
La baisse des cours pétroliers fait plaisir aux Etats-Unis qui voient le prix payé par leurs consommateurs baisser.
©Reuters

L'or noir

L'Arabie saoudite a décidé de baisser les cours du pétrole. Si cela permet aux consommateurs américains de faire des économies, ce n'est pas sans entraîner des difficultés pour l'Iran et la Russie.

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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Depuis la découverte du pétrole en Pennsylvanie au 19e siècle, cette denrée rare que l’on qualifie à juste titre d’or noir n’a pas cessé d’être au centre des enjeux politiques et géostratégiques. Cette réalité est une donne permanente des relations internationales.

Il n’y a donc pas à s’interroger sur la finalité de la décision saoudienne de pousser sa production de brut à son seuil maximal de 10 millions de barils/jour avec pour effet d’entrainer une baisse des cours pétroliers. Rappelons que le cours du Brent, qui est, de fait, l’indice de marché, a augmenté de presque 35% pour atteindre presque 118$/baril le 14 septembre dernier.

Cette surproduction pétrolière saoudienne a des conséquences majeures à l’échelle internationale.

D’abord, en ce qui concerne les prochaines élections américaines où le prix de l’essence est au centre des débats. Le cours du pétrole avait atteint aux Etats-Unis son sommet historique, soit 3,87$ au gallon pour une saison d’été en ce début septembre entrainant des critiques assassines de la part du candidat républicain, Mitt Romney. Certains élus américains du congrès avaient même commencé à solliciter le déblocage des réserves pétrolières afin de réduire le coût pour le consommateur américain fortement dépendant de son véhicule pour se déplacer. C’est incontestable, la baisse des cours enchantera les électeurs américains moins de deux mois avant les élections présidentielles.

Cette volonté saoudienne d’inonder le marché n’est pas sans créer des difficultés avec ses voisins au nord. L’Iran notamment en premier qui, sous le coup des sanctions américaines et de l’Union européenne, voit sa production baisser de mois en mois pour atteindre son taux le plus faible ces 20 dernières années à moins de 3 millions de baril/jour. Et pourtant, les Iraniens avaient mis en garde les Saoudiens de ne pas augmenter leur production pour compenser la baisse de celle de l’Iran.

L’incapacité accrue de l’Iran de trouver de nouveaux acquéreurs pour son brut et ses difficultés croissantes sous l’effet de l’embargo de son secteur bancaire a déjà réduit le taux de conversion de la monnaie iranienne par rapport au dollar de plus de 60% en un an. Cette baisse des cours pétroliers du fait de la surproduction pétrolière saoudienne ne manquera pas de réduire davantage les revenus pétroliers de l’Iran, faisant doublement plaisir aux Américains qui non seulement voient le prix payé par leurs consommateurs baisser mais de surcroit regardent avec enchantement la réduction des retombées de la rente pétrolière pour l’Iran.

Enfin, la Russie, qui est devenue une petro-république fortement dépendante de ses exportations pétrolières voit également d’un mauvais œil cette baisse des cours. Pas plus tard qu’en début de semaine, Vladimir Poutine a ainsi sévèrement critiqué son premier ministre, Medvedev, ancien Président lui-même et son protégé de toujours, pour son incapacité à respecter les allocations budgétaires massives en faveur des hausses des retraites et des salaires du secteur public. Faute d’une augmentation des cours, la Russie sera contrainte de réduire son budget de défense afin de pouvoir dégager les ressources financières nécessaires permettant le respect des promesses électorales de son mentor.

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