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Après sa double défaite en 2012, Fançois Bayrou cherche un moyen de continuer à exister politiquement.
Après sa double défaite en 2012, Fançois Bayrou cherche un moyen de continuer à exister politiquement.
©Reuters

Cure d'abstinence médiatique

Depuis son échec à la présidentielle, puis aux législatives, François Bayrou a entamé ce qu'il appelle "sa traversée du pays du silence". Le président du Modem s'est-il effacé pour mieux revenir ?

Alexis Massart

Alexis Massart

Alexis Massart  est directeur d'Espol, école européenne de sciences politiques et sociales de l'Université catholique de Lille.

 

 

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Atlantico : Les universités d'été du Nouveau centre, le week-end dernier, ont lancé la rentrée des centristes que Jean-Louis Borloo veut rassembler. François Bayrou a, quant à lui, disparu des écrans radars, avant son interview au JDD ce dimanche. Est-ce une stratégie ou est-il définitivement mort politiquement ?

Alexis Massart : François Bayrou est en train de se décaler des agendas politiques habituels : l'université d'été du PS, il y a trois semaines et celle du Nouveau centre le week-end dernier. Dans la situation qui est la sienne, il faut qu'il reconstruise une présence médiatique et politique. Il crée son propre agenda politique et devrait s'exprimer plus tard, vers la mi-septembre, pour donner plus de poids et de hauteur à sa parole.

Que peut-il faire, aujourd'hui, de ses 10% à l'élection présidentielle ?

Honnêtement, plus grand chose. François Bayrou a connu son heure de gloire lors de l'élection présidentielle de 2007 où il a obtenu plus de 18 % des suffrages exprimés. Il caressait l'espoir de renouveler l'opération en 2012, ce qu'il lui aurait permis de s'installer durablement au centre de l'échiquier politique. Mais le fait est que 2012 a été pour lui un échec que ce soit à l'élection présidentielle ou dans la foulée à l'élection législative. Aujourd'hui, le capital sur lequel il avait vécu entre 2007 et 2012 est perdu. Sa position dans  l'espace politique est une énigme.

A la faveur de la crise, peut-il jouer un rôle au sein de la majorité de gauche ?

Cela paraît compliqué parce qu'il existe un centre gauche, même s'il n'est pas très développé. Historiquement, autour des radicaux de gauche ou autour d'une frange centriste du PS, l'espace est déjà occupé.

Le discours modéré de François Hollande sur les valeurs et sur un mode de comportement présidentiel ont permis à François Bayrou de voter pour lui lors du second tour de l'élection présidentielle. Pour autant, le président du Modem peut difficilement basculer vers une majorité de gauche, principalement parce qu'il s'est montré très critique vis à vis du programme économique du PS. Or, c'est justement sur la politique économique que François Hollande est attendu. Sur ce point, François Bayrou n'est pas en mesure de discuter avec lui.

Par ailleurs, un ralliement serait aussi un reniement par rapport au discours que François Bayrou a toujours tenu sur l'indépendance du centre. Tout le discours qu'il a pu développer tenait autour de l'autonomie du centre et de la possibilité de créer des coalitions avec un véritable programme commun. La gauche étant majoritaire à l'Assemblée nationale, l'entrée de François Bayrou au gouvernement sonnerait inévitablement comme un ralliement.

Justement, l’idée d’un centre indépendant est-elle devenue illusoire dans le paysage politique français ?

Intellectuellement, ce discours est intéressant et séduisant. Mais le mode de  fonctionnement de l'échiquier politique français tourne autour de la bipolarisation droite/gauche qu'implique le duel du second tour de l'élection présidentielle : il y a un gagnant et un perdant, une majorité et une opposition. Notre système politique est relativement binaire et le troisième homme a toujours des difficultés à trouver sa place.

Quel peut être le rôle de François Bayrou à l'avenir ?

Après les échéances électorales de 2012, François Bayrou est plutôt dans une position de "sage" de la République. Son expérience de la vie politique est certaine, sa voie est écoutée. Mais le caractère binaire de la vie politique française ne lui permettra pas d'avoir un rôle effectif.

Jean-Louis Borloo est-il le nouveau leader du centre ?

Aujourd'hui, il est le mieux positionné pour faire revivre le centre. Mais il s'agira d'un centre qui retrouvera son positionnement historique ancré dans une majorité de centre-droit. Jean-Louis Borloo pourrait reconstituer ce que l'UDF avait été à une certaine époque : une droite centriste et libérale dans une logique d'alliance avec la droite au second tour et non pas dans une posture d'indépendance.

Pour autant, cette fois, l'ancien ministre de l'Environnement ne devrait pas faire l'impasse sur l'élection présidentielle. Un parti qui renonce à aller à l'élection présidentielle est un parti qui joue en deuxième division. Cela a été le cas du Parti communiste en 1974.  Soutenir François Mitterrand dès le premier tour a marqué le début de la fin pour les communistes. Pour l'ancien UDF, le choix de soutenir Edouard Balladur en 1995 plutôt que d'avoir son propre candidat a également marqué la disparition progressive du parti. Aujourd'hui le terrain est plutôt favorable pour Jean-Louis Borloo qui devra toutefois rassembler un centre encore éparpillé.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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