L’équipe de France de football devrait-elle s’inspirer de l’esprit corse pour redorer son blason ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les joueurs de l'équipe de France de football sont souvent critiqués pour leur manque d'engagement.
Les joueurs de l'équipe de France de football sont souvent critiqués pour leur manque d'engagement.
©Reuters

Pinzuttu

Deux clubs corses jouent cette année en Ligue 1, le Sporting Club de Bastia et l'AC-Ajaccio. Pas forcément favoris, ils ont réussi à remporter leur premier match, l'un face à Sochaux et l'autre contre Nice. L'engagement, le dépassement de soi et l'amour du maillot des joueurs corses ne sont certainement pas étrangers à ces bons résultats.

Julien Argenti

Julien Argenti

Julien Argenti est journaliste.

Il est un observateur avisé du monde des tribunes.

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Atlantico : Cette année, la Ligue 1 va connaître deux clubs corses, le Sporting Club de Bastia et l'AC Ajaccio. Comme ce fut le cas pour Nantes, existe-t-il un jeu "à la Corse" ?

Julien Argenti : Longtemps, on a catalogué Bastia, et à un degré moindre Ajaccio, comme des équipes rugueuses, sans fond de jeu, avec pour seule stratégie de mettre des coups. Or, on arrive pas en Ligue 1 par miracle, sans jouer au ballon. Depuis l'arrivée de Frédéric Hantz, le Sporting a connu deux montées consécutives du National à la Ligue 1. A chaque fois en étant champions. De tels résultats sont impossibles si l'équipe ne produit pas de jeu. Surtout que dès la première journée, le mythe de "l'équipe de bourrins" a été cassé. Pour preuve la victoire en ouverture du Championnat 3-2 à Sochaux pour Bastia et 1-0 à Nice pour Ajaccio. S'il existe un jeu à la corse ? Je dirais surtout qu'il existe une mentalité à la corse, basée sur l'engagement, le dépassement de soi et l'amour du maillot.

Quels sont les atouts des deux équipes cette année  ?

Pour Ajaccio, leur meilleur atout c'est le vécu de la saison dernière. Alors qu'ils étaient condamnés à la trêve, que tout le monde les voyait descendre en Ligue 2, ils se sont surpassés pour se maintenir de justesse. Ils ont l'expérience du passé. Alex Dupont, le nouvel entraîneur, a récupéré un groupe qui se connaît. En recrutant quelques bons joueurs comme Faty et peut être Adrian Mutu prochainement, il y aura une valeur ajoutée.

Bastia, c'est plus particulier. L'équipe surfe sur une dynamique incroyable, il y a une fusion entre toutes les composantes du club. Leur principal atout c'est le public. 17 000 personnes et 9 000 abonnés pour une ville de 45 000 habitants, c'est inédit dans le paysage du foot.

D'après vous, que peut-on attendre des clubs corses cette année ?

La Ligue 1 est un championnat très serré. Tout est question de dynamique. Avec un bon départ ils peuvent créer la surprise. Le maintien est la priorité absolue pour stabiliser les clubs dans l'élite. Mais un maintien, c'est de la 1ère à la 17e place...

Le foot corse a la réputation d'être dur sur l'homme. Bastia et Ajaccio en jouent-ils ?

Le foot corse possède encore des valeurs que beaucoup trop de clubs ont perdu. Les joueurs jouent avant tout pour le maillot. Ils respectent le public, ils savent ce que les gens attendent. En Corse, vous avez le droit de ne pas être bon techniquement, mais vous n'avez pas le droit de ne pas être bon dans l'engagement.

Comment expliquer qu'il soit toujours difficile de jouer en Corse ? La pression du public sur les visiteurs est-elle si dure que cela ?

Journalistes comme footballeurs adorent parler du « contexte corse ». Souvent pour justifier des défaites. La vérité c'est qu'en Corse, le football est resté un sport populaire où le public joue un rôle important. Quand vous êtes dans un stade comme Furiani, un joueur adverse perd 20 à 30% de ses moyens. Au contraire un joueur qui signe à Bastia devient un lion en cage. C'est comme ça, c'est l'atmosphère, le Sporting est invaincu chez lui depuis deux ans, cela vaut toutes les explications. A Ajaccio, le public est plus bourgeois, plus spectateur que supporter. D'ailleurs lors des matchs Ajaccio-Bastia, le stade est toujours bleu. C'est la tradition, le Sporting est partout chez lui en Corse.

Les joueurs de l'équipe de France, souvent critiqués pour leur manque d'engagement (amour du maillot, chant de marseillaise, etc.), devraient-ils s'inspirer de l'état d'esprit des joueurs corses ?

Peut être qu'une rencontre entre l'équipe de France et l’équipe de Corse pourrait leur servir... La dernière, c'était en 1967 à Marseille contre la bande de Just Fontaine, victoire de la Corse 2 buts à zéro. Cependant, j'ai toujours eu du mal à lier sélections et valeurs. Pour la bonne et simple raison qu'elles n'ont plus leur place dans le système actuel. Du principe où un joueur n'est pas payé pour prendre place sur le terrain, il ne se donne pas à fond, il a peur de se blesser. C'est moche à dire, mais ce sont les dérives du foot business.

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