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La rupture dans le mur ?
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Politique étrangère

Nicolas Sarkozy avait promis de changer la diplomatie de la France. Poids des habitudes ou mauvaise exécution, les évolutions sont minces.

 Koz

Koz

Koz est le pseudonyme d'Erwan Le Morhedec, avocat à la Cour. Il tient le blog koztoujours.fr depuis 2005, sur lequel il partage ses analyses sur l'actualité politique et religieuse

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Le "Grand Homme" ou l'"Homme providentiel", bénéficient de l'imprévisible conjonction de leurs talents et du moment. Ils n'ont pas que des talents, ni tous les talents, mais ces talents sont ceux que le moment requiert. Michèle Alliot-Marie, elle, prend la providence de plein fouet. Elle n'a pas que des défauts, ni tous les défauts, mais ses défauts et ses erreurs se sont conjugués au moment défavorable.

Les cadavres dans le placard de la diplomatie française

Ce sont aussi trente ans de realpolitik française qui lui éclatent au visage. La mauvaise personne, au mauvais moment. Ca devait péter, c'est entre ses doigts. Mais voir une marque du sarkozysme dans cette chute et ces conditions, c'est oublier que c'est une héritière du chiraquisme qui tombe. Et dénoncer une quelconque singularité de la complaisance de Nicolas Sarkozy avec les régimes autoritaires, c'est oublier, comme l'a rappelé ce dernier au soir du dimanche 27 février que, depuis 30 ans, tous les États et tous les gouvernements ont entretenu des relations avec ces pays.

C'est oublier aussi 30 ans de politique arabe, Omar Bongo ou les tribulations de "Papamadi". Lorsque le journaliste Jean Guisnel souligne le rôle de MAM et de Patrick Ollier dans les ventes d'armement en Libye, on lit aussi que le gouvernement français a autorisé la reprise des contacts dès 2001, trois ans avant la levée de l'embargo. Le gouvernement Jospin.

Rien n'a changé, alors ? Si Michèle Alliot-Marie avait raison d'écrire qu'"aucune présidence de l'Union européenne n'a été plus productive, plus reconnue, que celle de la France en 2008", si aucun autre candidat de 2007 n'aurait géré la crise financière de 2008 comme Nicolas Sarkozy, on peine toutefois à percevoir les bénéfices de notre retour dans l'OTAN. "L'amitié permet de dire et d'expliquer", écrivait Michèle Alliot-Marie. Il serait stupide de nier notre amitié avec les États-Unis. Mais qu'avons-nous "dit et expliqué" ? Qu'avons-nous obtenu ?

Realpolitik en toc

Qu'avons-nous gagné au réalisme ? Le réalisme nous commanderait d'abandonner toute idée de rivalité entre notre universalisme et leur messianisme. De fait, la diplomatie française semble s'être inspirée de la partie la plus "réaliste" de la politique américaine : la chasse aux contrats. A nouveau : qu'avons-nous obtenu ? La sourdine apposée à la voix de la France n'a guère été récompensée. Ce réalisme à l'égard de régimes autoritaires est encore admissible lorsque les intérêts stratégiques de la France sont en jeu. Il devient désolant lorsqu'il ne s'agit que de contrats, et véritablement fâcheux si on ne les obtient pas. Le réalisme ne nous a pas servi politiquement, il ne nous a pas servi économiquement.

Alors, maintenant ? Même avec ce remaniement censé relancer la politique étrangère, Nicolas Sarkozy prend le risque de donner raison aux diplomates anonymes du Marly. Au milieu d'une tribune contestable et de critiques partisanes - celle de l'Union pour la Méditerranée est sommaire, et prématurée - ils dénoncent un "coup par coup sans vision". Car il y a comme un aveu dans ce remaniement. Propose-t-on le Quai d'Orsay à celui qui porte une vision opposée ? Or, Nicolas Sarkozy l'aurait proposé le Quai à Dominique de Villepin, l'"homme de l'ONU", l'incarnation de la politique étrangère avec laquelle il voulait rompre. Il le donne finalement à Alain Juppé qui manifestait, il y a seulement deux ans, les plus expresses réticences sur le choix si symbolique de réintégrer le commandement militaire de l'OTAN. L'un des deux est-il seulement de nature à baisser pavillon, ou tirera-t-on à hue et à dia en un "coup à coup" permanent ?

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