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Cette minuscule méduse qui montre que les hommes pourraient un jour être immortels
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Longue vie à vous !

Avant de rêver d’immortalité, pourquoi ne pas penser d’abord à "réussir son vieillissement" ? C’est ce que suggère le docteur Christophe de Jaeger. Extraits de "Nous ne sommes plus faits pour vieillir" (1/2).

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Lorsque l’on évoque la longévité, on pense immédiatement à sa limite extrême. Pour l’homme, par exemple, on évoque 125 ans. Et immédiatement après, on égrène la liste de toutes les espérances de vie des différentes espèces animales ou végétales, dont voici quelques exemples : souris (1- 3 ans), hamster (2- 4 ans), grenouille (5 ans), lapin (6- 8 ans), renard (8- 10 ans), chien (10- 20 ans), mouton (10 ans), canard (12- 15 ans), chat (15- 20 ans), carpe (20- 50 ans), chimpanzé (20- 35 ans), cheval (25-30 ans), perroquet (35- 60 ans), lion (40 ans), brochet (55 ans), corbeau (60 ans), termite (60 ans), éléphant (70 ans), esturgeon (70 ans), baleine (90 ans), tortue géante (150 ans). Le règne végétal est riche en longévités extraordinaires : aubépine (1 600 ans), baobab (5 000 ans), cyprès chauve (6 000 ans), if (2 800 ans).

Il existe dans la nature de nombreux exemples d’immortalité. Prenons une petite méduse étonnante dénommée Turritopsis nutricula qui mesure moins de 5 mm et nous vient de la mer des Caraïbes. Cette méduse peut vieillir et rajeunir en inversant son processus de vieillissement. Elle peut donc (théoriquement) indéfiniment vieillir, atteindre sa maturité sexuelle et revenir à sa forme juvénile. Il s’agit d’une trans-différenciation. Cette découverte est passionnante car elle remet en cause le dogme absolu de la mortalité du vivant : « tout ce qui est vivant meurt » ! Immortelle ne veut pas dire éternelle. L’immortalité biologique peut prendre fin brutalement avec la rencontre d’un prédateur ou la survenue d’un accident. L’immortalisation cellulaire est un terme utilisé en biologie cellulaire, qui consiste à « transformer» une culture de cellules par l’adjonction d’un agent oncogène1, afin d’établir une lignée cellulaire au potentiel de divisions cellulaires illimité, c’est- à-dire échappant à la sénescence cellulaire normale. Ce processus de dérèglement du cycle cellulaire est proche de la tumorigenèse que l’on retrouve pour certains cancers.

J’évoque ici rapidement la notion de « vieillissement réussi » ou vieillissement sans handicap. Il s’agit d’une notion propre aux médecins gériatres. On considère que vieillir et mourir sans handicap majeur, en restant autonome le plus longtemps possible, est le modèle du vieillissement réussi. C’est en fait le maximum auquel puisse tendre la médecine, ce qui en soi est déjà bien, mais bien loin des ambitions de la physiologie de la longévité.

Certains auteurs pensent que l’immortalité est à nos portes grâce à l’avènement futur de nouvelles technologies impliquant la génétique et les nanotechnologies. La génétique pourra à terme, lorsqu’elle sera capable de modifier en toute sécurité notre génome par des méthodes de thérapie génique, contribuer à l’amélioration de notre fonctionnement physiologique. Peut- être même corriger les défauts initiaux de notre fonctionnement et permettre ainsi à l’organisme de se réparer parfaitement. Mais l’échéance est à long terme et nous vivons à court terme. Il est donc indispensable d’appliquer dès aujourd’hui les méthodes d’optimisations physiologiques nécessaires au maintien de nos capacités fonctionnelles le plus longtemps possible. Il ne faut donc pas sacrifier notre présent et notre avenir proche, sur des promesses futures… et incertaines dans le temps et dans leur réalisation.

Au- delà de l’augmentation de la longévité existe également un autre chapitre important et qui y contribue : la réparation du corps. Remplacer des parties lésées de notre organisme par de nouveaux organes biologiquement parfaitement compatibles (pas de rejet possible, pas de traitement anti-rejet) permettra de contribuer à cet objectif de longévité en parfaite santé. Les cellules souches, l’ingénierie histologique (cultures de tissus), sont autant de pistes prometteuses. On imagine très bien un patient victime d’une cirrhose (destruction du foie) due à une infection virale (hépatite B ou C) ou à une intoxication alcoolique, qui va pouvoir bénéficier d’une transplantation d’un nouveau foie parfaitement compatible et sain, issu de culture de tissu provenant du patient. Ce patient pourra alors repartir dans sa quête de grande longévité sans avoir les désagréments d’un traitement lourd anti-rejet de greffe. La médecine régénérative est une partie intégrante de la médecine de la longévité.

En cas de pathologie, les nanotechnologies pourront supplanter la chirurgie. Imaginez, vous pourriez dormir chez vous et, en même temps, être opéré par de multiples petits robots microscopiques qui viendraient détruire une tumeur. Pas de choc opératoire, pas d’hospitalisation… un nouveau monde, mais pas pour aujourd’hui. Il faut donc tenir jusqu’au moment où ces promesses pourront entrer dans notre quotidien. Optimiser notre fonctionnement physiologique, quel que soit notre âge, gérer de façon personnalisée et intelligente son capital santé, c’est déjà un très ambitieux programme. Passage obligé aujourd’hui pour pouvoir, demain, bénéficier des atouts des thérapies géniques.

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Extrait de "Nous ne sommes plus faits pour vieillir" aux éditions Grasset (9 mai 2012)

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