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Après avoir raté la révolution web 2.0, Microsoft peut-il encore concurrencer Google et Apple ?
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Reboot

Lundi soir, Microsoft a présenté Surface, sa tablette censée concurrencer l'iPad. Autrefois star de la micro informatique, la marque créée par Bill Gates peine à rester à la pointe au XXIème siècle.

Thibauld Favre

Thibauld Favre

Thibauld Favre est Président et co-fondateur de allmyapps, le 1er App Store pour PC Windows avec plus 3 millions d'utilisateurs et 25 millions d'applications installées dans le monde entier à ce jour. Allmyapps est disponible à l'adresse http://allmyapps.com

Il est également conférencier régulier, notamment à l'INSA de Lyon où il donne des conférences sur l'entrepreneuriat, et mentor à l'accélérateur de startup Le Camping.

Vous pouvez le suivre via son compte twitter en cliquant ici

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Qu’est-il arrivé à Microsoft en 10 ans ? En 2002, la société de Redmond est au sommet de sa gloire : Windows détient 97% des parts de marché mondial des systèmes d’exploitation, Microsoft Office n’est pas en reste avec 95% de parts de marché des applications bureautiques et Internet Explorer culmine à 95% de part de marché des navigateurs web. A cette époque, Microsoft est le maître incontesté.

10 ans plus tard, en 2012, que reste-t-il de cette domination sans partage ? Si l’hégémonie de Microsoft Office subsiste sur le marché de la bureautique,  Internet Explorer vient de passer en dessous des 50% de parts de marché et Windows en dessous des 85% de parts de marché. Pire, cette tendance s’est accélérée ces dernières années alors même que Microsoft conserve son emprise sur le marché des PC avec plus de 93% de part de marché.

Il a fallu la conjugaison de 2 énormes vagues pour venir ébranler le géant : tout d’abord la vague du web 2.0 au milieu des années 2000 suivie de la déferlante du mobile à la fin de la dernière décennie.

En effet, alors que Microsoft avait réussi tant bien que mal à encaisser l’arrivée de l’internet « 1.0 » à la fin des années 90 en utilisant toute sa force pour écraser Netscape, le géant américain n’a pas anticipé la révolution du Web 2.0 au début des années 2000, laissant le champ libre à de nouveaux acteurs comme Google puis Facebook, aujourd’hui maîtres du Web.

Le Web 2.0 a sapé les fondations mêmes de l’empire Microsoft en détournant l’attention des développeurs de la plate-forme Windows vers le Web. Arrivé à maturité, le Web a séduit les développeurs en leur permettant de développer des applications plus pratiques, accessibles depuis n’importe quel PC connecté et dont l’utilisabilité n’avait rien à envier aux applications Windows.

Les utilisateurs ont ainsi commencé à utiliser de plus en plus ces applications Web au détriment des applications Windows, coupant peu à peu leurs liens avec la plate-forme PC. De fait, une fois les applications et les données des utilisateurs déplacées du PC vers l’Internet (dans le « Cloud » comme on dit), plus rien ne retenait les utilisateurs dans le monde Windows.

Et c’est Apple, avec  l’iPhone, qui s’est engouffré le premier dans la brèche, suivi de près par Google avec Android, en apportant une innovation de rupture qui allait permettre au marché du smartphone de prendre son envol : l’interface tactile et les apps. L’exécution est parfaite, le succès immédiat et les développeurs affluent vers ce nouvel eldorado que représente l’AppStore. Le monde vient d’entrer dans l’ère post-PC… et donc post-Windows.

Pour la première fois en 2011, il s’est vendu plus de smartphones que de PC et ce n’est que le début : en 2012, il devrait se vendre 2 fois plus de tablettes et de smartphones que de PC. Face à ce tsunami mobile, absent ou presque du marché des tablettes et des smartphones disputé par Apple et Google, Microsoft est-il définitivement distancé ? Rien n’est moins sûr ! Si elle est sans conteste en position de challenger dans le mobile,  la firme de Redmond n’est pas en manque d’atouts pour revenir au premier plan dans les années à venir.

Puisque ce sont les développeurs qui font et défont le succès d’une plateforme, l’enjeu aujourd’hui pour Microsoft est donc de parvenir à recréer un écosystème attirant pour les développeurs… et le géant américain est justement en train de mettre en place toutes les briques nécessaires.

Une nouvelle génération d’apps pour les usages mobiles.
Il fallait tout d’abord réinventer les applications Windows pour aller au-delà des applications PC (dites « desktop ») actuelles qui ne sont pas absolument pas pensées pour le mobile. C’est chose faite avec les apps dites « Metro » introduites tout d’abord dans Windows Phone 7 et qui vont être massivement présentes dans Windows 8, le prochain système d’exploitation de Microsoft. Ces applications sont légères, animées, visuellement agréables et entièrement pensées pour une utilisation tactile et mobile.

Un App Store pour offrir visibilité et simplicité de distribution.
De manière similaire à l’App Store d’Apple et l’Android Market (récemment renommé «Google Play ») de Google, Microsoft s’est doté d’un App Store dernière génération. Non seulement pour répondre aux attentes des utilisateurs, mais surtout pour garantir aux développeurs d’apps Metro une forte visibilité et une distribution efficace de leurs apps. Lancé tout d’abord pour Windows Phone 7 sous le nom Windows Marketplace, l’App Store nouvelle génération de Microsoft sera intégré par défaut sur Windows 8 sous le nom de « Windows Store ».

Des utilisateurs… beaucoup d’utilisateurs.
C’est là le plus gros challenge pour Microsoft, un problème classique de poule et d’oeuf : Pour attirer les utilisateurs, il faut des apps (et donc des développeurs), mais pour attirer les développeurs, il faut des utilisateurs. C’est ce qui explique le succès très mitigé pour l’instant du système Windows Phone (3,9% de parts de marché), pourtant largement salué pour sa qualité tant technique qu’ergonomique. Faute d’une large base d’utilisateurs, ce système ne parvient pas à attirer suffisamment de développeurs pour créer un écosystème d’apps suffisant qui lui permettrait de réellement percer sur le marché. Un cercle vicieux.

Pour résoudre cette équation compliquée, Microsoft compte bien tirer profit de sa domination sur les PC via son produit phare, Windows,  et s’en servir comme d’une locomotive pour repartir à la conquête du marché mobile. En effet, même si la croissance du marché du PC a fortement ralenti, celui-ci reste un marché gigantesque (1,6 milliards de PC ont été utilisés dans le monde entier en 2011) et en croissance (entre 5% et 8% par an). C’est pourquoi, pour Windows 8, Microsoft s’est attaché à sortir un système d’exploitation (OS) hybride, mobile et desktop, que l’on peut utiliser soit pour un usage bureautique classique, avec des applications PC classiques, soit pour un usage tablette grâce à l’intégration des apps Metro.

Même s’il peut sembler risqué au premier abord de sortir un OS hybride « mobile + desktop » (Apple ne s’y est pas risqué pour l’instant), la logique sous-jacente est simple : en tant qu’OS « desktop » dominant, Windows 8 sera pré-installé sur tous les PC du monde dès sa sortie, assurant ainsi la création d’une base d’utilisateurs conséquente (Microsoft a vendu 500 millions d’exemplaires de Windows 7 à ce jour). Fort de cette large base d’utilisateurs, Microsoft sera alors en position d’attirer de nombreux développeurs pour étoffer l’écosystème d’apps disponibles sur le Windows Store et renforcer ainsi la valeur de Windows 8 en tant qu’OS « mobile ».

Windows 8 et Windows Phone partageant à peu de chose près les même apps et étant parfaitement intégrés, un succès commercial de Windows 8 entrainerait quasi mécaniquement un décollage de Windows Phone. D’ailleurs, certains analystes ont d’ores et déjà commencé à prédire plus de 20% de parts de marché pour Windows Phone à l’horizon 2016.

Si vous n’êtes pas convaincus, ajoutez à cela que, en plus des PC, Microsoft est également depuis peu devenu le leader des consoles de jeu de salon grâce à sa Xbox 360 et qu’il compte bien se servir de cette 2ème locomotive pour renforcer encore plus au développement de son écosystème d’apps et par là même l’attractivité de sa plate-forme.  Enfin, considérez que Microsoft dispose d’ores et déjà avec Kinect (l’extension Xbox qui vous permet de jouer sans manette) la technologie qui permettra demain de piloter ses apps à la voix et au mouvement. Vous comprendrez alors pourquoi Microsoft, même s’il a raté son départ, est encore très loin d’avoir dit son dernier mot dans la course à la conquête du marché mobile.

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