Pourquoi une variante 50% plus transmissible du Covid-19 est un problème beaucoup plus grave qu'une variante 50% plus mortelle<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Pourquoi une variante 50% plus transmissible du Covid-19 est un problème beaucoup plus grave qu'une variante 50% plus mortelle
©Victoria Jones / POOL / AFP

Exponentiel

Une variante plus transmissible du coronavirus est apparue en Grande-Bretagne et se propage dans d'autres pays. C'est une très mauvaise nouvelle dans la lutte contre l'épidémie.

Guillaume Rozier

Guillaume Rozier

Guillaume Rozier est data scientist. Il analyse quotidiennement les chiffres Covid19 et a fondé covidtracker. 

 
Voir la bio »

Atlantico : L’apparition d’une mutation du SARS-CoV-2 50 % plus transmissible que la précédente inquiète les gouvernements et professionnels de santé. En quoi une variante 50 % plus mortelle aurait été moins grave sur les chiffres de la mortalité qu’une variante plus transmissible ?

Guillaume Rozier : La mortalité du virus n’est pas le paramètre le plus important pour qu’il y ait un impact sur le nombre de morts. Il faut comprendre que la transmission du virus évolue de façon exponentielle alors que le taux de mortalité évolue de façon linéaire. Avec un virus qui est deux fois plus transmissible, nous n’avons pas deux fois plus de cas mais 2 puissance 5 de cas. Alors qu'avec l’apparition d’une variante avec un taux de mortalité 50 % plus important, il y aurait tout simplement deux fois plus de morts. Une variante plus transmissible entraîne donc beaucoup plus de cas et donc plus de décès.

Pourquoi une montée exponentielle des cas a plus d’effet sur la durée qu’une incidence sur le taux de mortalité ?

Pour mieux comprendre une variante de virus 50 % plus transmissible, on peut analyser son effet sur un R effectif de 2. Si, en France, nous avons un malade la première semaine, la semaine suivante nous en aurons deux, et quatre en troisième semaine. Avec un virus qui est deux fois plus transmissible, la première semaine nous avons un malade mais la deuxième semaine au lieu d’en avoir deux, nous en aurons quatre car il se transmet deux fois plus. Par rapport au premier virus, nous allons constater deux fois plus de malades et la troisième semaine il y aura donc seize malades, l’augmentation est exponentielle.

Avec une courbe de contamination élevée, nous n’allons pas avoir seulement plus de cas mais le nombre de morts va augmenter aussi de manière exponentielle. À l’inverse, avec une souche plus mortelle, nous aurions une augmentation linéaire.

Suite à l’apparition de cette nouvelle forme du virus au Royaume-Uni, cette thèse se confirme-t-elle ? Y-a-t-il des prémices de cela en France ?

En Angleterre, depuis deux-trois jours nous atteignons des niveaux records de contamination. On sait que la grande majorité des nouveaux cas est dû à la nouvelle variante mais on ne peut pas dire de façon ferme que c’est cette dernière qui entraîne l’explosion de cas. Il faudrait observer la variante évoluer dans d’autres pays pour confirmer son comportement. Au niveau des décès, heureusement ce n’est pas encore catastrophique.

Pour l’instant, on ne voit aucun indice de la présence massive de la souche en France. Aucun département français ne connaît une explosion de cas comme cela s’est passé en Grande-Bretagne. Les épidémiologistes sont tous d’accord pour dire que la nouvelle souche est là et les prochaines semaines vont être intéressantes. Si on observe la même flambée en France, cela voudra dire que la variante est le facteur d’une augmentation massive des cas.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !