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Fait-il vraiment noir au fin fond de l'espace ? Les scientifiques ont des réponses
©Matthias Balk / dpa / AFP

Pas si simple

Si l’Univers est infini et truffé d’un nombre incalculable d’étoiles, pourquoi le ciel nous apparaît-il noir la nuit ? Il y a fallu des siècles de réflexion pour trouver la réponse.

Anna Alter

Anna Alter

Anna Alter est journaliste et écrivain. Docteur en astrophysique, elle a été journaliste à Science et Vie, à l'Evènement du jeudi, grand reporter à Marianne et rédactrice en chef adjointe de La Recherche. 

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Atlantico : Voici une question simple que l'on s'est tous posé un jour : pourquoi la nuit est-elle noire ? 

Anna Alter : Vous poseriez la question à n’importe qui, il vous répondrait « parce que le Soleil s’est couché et qu’il fait nuit » et c’est vrai, l’astre du jour nous fournit la lumière et lorsqu’il descend sous l’horizon l’obscurité se fait ! Quoi de plus naturel ? Sauf que la science se méfie des apparences et la noirceur de la nuit lui pose problème. Si l’Univers est infini et truffé d’un nombre incalculable d’étoiles, ce qui est sans doute le cas, que le ciel soit noir la nuit n’est pas du tout normal. Quel que soit l’endroit où nous posons le regard, nous devrions tomber sur un astre brillant, et la voûte céleste nocturne au lieu d’être piquée de petits points lumineux devrait être entièrement tapissée de lumière. C’est ce qu’on appelle le paradoxe d’Olbers, du nom d’un médecin astronome allemand qui, à cheval entre le XVIIIe et le XIXe siècle, avec son imagination galopante, l’avait soulevé. Mais il a fallu attendre le XXe siècle et la cosmologie moderne pour résoudre ce problème beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît à première vue. En fait, il y a un commencement à tout : le Big-Bang a accouché de l’espace et du temps, puis des galaxies se sont formées dans lesquelles les étoiles naissent, vivent, meurent, et la lumière de tous ces mondes nous parvient en décalé et n’a pas eu le temps depuis le début de remplir tous les vides…

Les étoiles proches contribuent-elles autant à la lumière que les étoiles lointaines ? 

Des étoiles, il y en a dans toutes les directions, de toutes les tailles et de différentes couleurs. Contrairement aux robinets, les rouges sont les plus froides, les bleues les plus chaudes…La plus proche, c’est notre Soleil, un nain jaune qui nous éclaire à mi-temps. C’est lui qui exerce la plus grande influence sur notre ciel de jour, et son absence la nuit laisse la place libre pour les autres avec le résultat que l’on connaît qui n’est guère brillant : notre ciel est noir constellé de points plus ou moins scintillants. La plus près de nous, Proxima du Centaure, visible de l’hémisphère Sud, se trouve à 4 années lumières et des poussières, c’est-à-dire qu’on la voit aujourd’hui telle qu’elle était à l’époque, il y a exactement 4 ans 9 mois… Toutes les étoiles que l’on observe à l’œil nu appartiennent à notre Galaxie et, au télescope, des grands ensembles comme le nôtre, il y en a à perte de vue. Plus on regarde loin, plus on remonte le temps et, en revenant 14 milliards d’années en arrière, dans la fraction de seconde qui suit la grande déflagration originelle, il n’y a qu’un magma incandescent. Les astrophysiciens ont réussi à prendre une image de l’Univers peu de temps après sa naissance et c’est hallucinant : en ce temps là, aucune galaxie, aucune étoile, ni molécule, ni atome, l’espace est rempli d’un rayonnement intense, infiniment chaud, infiniment dense, insoutenable...

Comment la recherche a-t-elle tenté au fil des siècles de répondre à cette question ? 

La nuit noire a fait couler beaucoup d’encre. Heinrich Olbers n’était pas le premier à avoir soulevé le paradoxe. Avant lui, Johannes Kepler s’était servi de cet argument pour démontrer - à tort - que l’Univers ne pouvait être infini comme le prétendait Giordano Bruno qui a été brûlé sur un bûcher pour ses idées, mais c’est une autre histoire. La solution n’était pas simple, pendant des siècles les astronomes l’ont cherché et, depuis qu’ils l’ont trouvé, des livres entiers ont été écrits sur le sujet, des émissions de radio y ont été consacrées. Il est difficile de faire le tour de la question en quelques lignes, aussi je vous propose une explication de mon ami Hubert Reeves, toujours agréable à entendre. Dans son dernier livre on retrouve la première image de l’Univers à partir de laquelle tout s’est joué et «  la fureur de vivre » à chaque page ! Une invitation au voyage au bout de la nuit.

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