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Et si les cycles du soleil avaient beaucoup plus d’impact que nous ne le pensions sur l’activité humaine ?
©Nasa / Afp

Activité solaire

Selon la NASA, le Soleil est entré dans son 25ème cycle d’activité en décembre 2019. De plus en plus de taches sombres apparaissent à la surface du Soleil. Que cachent ces taches solaires ? Quels sont leurs effets sur la Terre ?

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico.fr : La NASA a indiqué que le Soleil est entré dans son 25ème cycle d’activité en décembre 2019. Il y a, de plus en plus, de taches sombres à la surface du Soleil. Que cachent ces taches solaires ?

Olivier Sanguy : En effet, à la mi-septembre 2020, la NASA a indiqué qu’un panel international d’experts concluait que le 25ème cycle solaire avait débuté en décembre 2019, soit 9 mois plus tôt. Ce décalage s’explique par le fait que le cycle dit de 11 ans du Soleil n’a cette durée qu’en moyenne et doit se comprendre comme commençant par un minimum d’activité de notre étoile, suivi d’un maximum et enfin un retour au minimum. Le retour au minimum marque le début d’un nouveau cycle. Il faut donc attendre de cumuler suffisamment d’observations, notamment le nombre de taches solaires, pour être certain d’avoir passé ce cap. On notera qu’on parle de 25ème cycle car on surveille le Soleil de façon systématique en notant ses cycles depuis 1755. Les taches solaires résultent de l’effet de lignes de champs magnétiques très puissants causés par l’activité de notre étoile. Avec une température autour de 4 000 °C, ces taches sont donc plus froides que la photosphère, la «surface» du Soleil, qui est à 5 500 °C. Pour rappel, le noyau du Soleil où se produisent les réactions de fusion connaît lui une température de 15 millions de degrés ! Les taches solaires sont donc un bon baromètre (mais ce n’est pas le seul) de l’activité solaire.

Quels impacts ont les effets des taches solaires sur la Terre à court terme et à long terme ?

À travers l’histoire, on n’a pas manqué de relier guerres, révoltes et famines aux taches solaires. Mais la pertinence de la démarche s’apparentait souvent à celle qui consiste à voir dans les comètes ou les éclipses des présages de malheur ou des signes annonciateurs d’événements. En fait, ce ne sont pas tellement ces taches en elles-mêmes qui pourraient avoir un impact, mais plutôt le niveau d’activité solaire que leur nombre trahit. On établit ainsi souvent une liaison entre le Petit Âge Glaciaire qui s’est produit du début du XIVème siècle à la fin du XIXème et le minimum de Maunder, période de 1645 à 1715 durant laquelle le nombre de taches solaires était très faible. On remarquera que ce minimum a couvert plusieurs cycles solaires de 11 ans (qui ont été reconstitués en analysant les observations, car il n’y avait pas alors de suivi aussi systématique qu’à partir de 1755). Il faut garder à l’esprit qu’un maximum d’activité solaire reste relatif puisqu’il peut y avoir, pour ainsi dire, un maximum un peu minimaliste en intensité… Le Petit Âge Glaciaire a eu des effets mieux documentés en Amérique du Nord, Europe et Asie et il alimente l’idée que l’activité de notre étoile peut avoir un effet assez direct sur le climat terrestre. Et bien évidemment, des aléas climatiques peuvent se traduire par des tensions sur l’agriculture avec d’éventuels effets politiques, ce qui ravive cette notion de cause à effet entre les taches solaires, en fait l’activité de notre étoile, et ce qui peut se passer pour nous Terriens. Pour certains toutefois, l’énergie émise par le Soleil et reçue par la Terre varie trop peu même lorsque notre étoile traverse des hauts et des bas de vivacité. D’autres, avancent qu’il faut prendre en compte les effets encore peu connus des variations dans certaines longueurs d’onde (les ultraviolets par exemple) qui pourraient modifier la chimie de la haute atmosphère et donc perturber le mécanisme de l’effet de serre. La machine climatique de notre planète est cependant un système complexe dont l’équilibre qui nous est favorable dépend de plusieurs facteurs. L’activité du Soleil en est donc qu’un parmi d’autres. En revanche, la très grande majorité des scientifiques spécialistes de la question expliquent que le changement climatique actuel n’a pas pour origine la variation de l’activité de notre étoile. Celle-ci est très loin de suffire. Maintenant, pour revenir plus particulièrement au cycle 25 qui a commencé, le maximum solaire prochain se traduira par plus d’événements de type protubérance ou éjection de masse coronale. Lorsque les particules chargées ainsi émises arrivent à notre planète, son champ magnétique protecteur peut être «débordé» et des satellites peuvent alors subir des dysfonctionnements, la plupart du temps passagers. Les phénomènes les plus puissants causent des orages magnétiques capables de perturber les réseaux terrestres, notamment ceux de distribution d’électricité. L’exemple le plus célèbre est celui de la coupure du réseau québécois pendant 9 heures en mars 1989. Ceci dit, la NASA estime que le maximum solaire du cycle 25 devrait être semblable au précédent, donc plutôt modeste. Même si cela n’exclut pas quelques pics brefs susceptibles de générer des orages magnétiques importants.

Que signifie l’absence des taches sur certaines parties du Soleil ?

C’est plutôt l’inverse. C’est la présence de taches solaires qui indique quelque chose. Comme dit précédemment, ces taches sont donc des zones plus froides de la «surface» du Soleil. Elles apparaissent généralement par paire de polarité magnétique opposée. Leur nombre varie en fonction de l’activité de notre étoile. Leur taille aussi, allant de quelques kilomètres à un peu plus de 150 000 kilomètres ! Certaines sont donc plus grandes que la Terre ! Manifestations de l’intense activité magnétique du Soleil, elles sont la partie observable dans le spectre visible (avec une protection adéquate bien sûr, je rappelle que regarder le Soleil sans filtre spécial entraîne des dommages irréversibles à l’œil) de gigantesques boucles magnétiques liées aux protubérances et éjections de masse coronale.

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