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Covid-19 : voilà le calendrier de restrictions auquel s’attendre, activité par activité
©Martin BUREAU / POOL / AFP

Gestes barrières

La Covid-19 une épidémie maîtrisable sous certaines conditions.

Guy-André Pelouze

Guy-André Pelouze

Guy-André Pelouze est chirurgien à Perpignan.

Passionné par les avancées extraordinaires de sa spécialité depuis un demi siècle, il est resté très attentif aux conditions d'exercice et à l'évolution du système qui conditionnent la qualité des soins.

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La transmission du Sars-CoV-2 ralentit en France et dans le monde. 

Le coup de frein aux rassemblements à l'intérieur sans masque, empêche les porteurs de transmettre à des non immunisés et le nombre de nouveaux cas positifs fléchit. Comme dans toutes les épidémies transmissibles par l'air (Figure N°1). Cela se traduira par moins de malades et moins d'hospitalisations dans un délai que personne ne peut déterminer, entre deux et trois semaines. Les malades, les cas graves peuvent continuer à augmenter pendant ce délai. Même si le nombre de nouveaux cas positifs est un peu tardif, il est l’indicateur à ne pas négliger dans la surveillance de la dynamique de l’épidémie. En Juillet- Août une telle prise en compte aurait aplati cette phase de résurgence au moins partiellement ce qui aurait signifié: moins de morts et moins de mesures freinant l’économie. Mais voilà, il eût fallu décider, commander sur des bases rationnelles. Contre les lobbies de l’été meurtrier. Toutefois cette surveillance doit être très précise car le ralentissement actuel pourrait être un plateau et non une décrue surtout dans les pays très élastiques dans la transmission sociale du virus. D’autres pays ont connu ou connaissent ce genre de situation (par exemple Israël, ou certains états américains).

Figure N°1: les nouveaux cas positifs par million d’habitants au 13 novembre 2020. Et l’effet de l’arrêt des rassemblements en lieux clos sans masque… En étudiant cette courbe écrasée par l’échelle due à l’explosion hexagonale on observe qu’en Août il était temps de fermer les lieux de rassemblements. Les négateurs de la Covid ont "exigé" à cette époque qu’on leur "montre les morts". Alors qu’ils savaient très bien que les nouveaux cas donnent des malades, puis des hospitalisés, puis des guéris et malheureusement des morts,  4 à 8 semaines après. Mais surtout que dans notre pays les nouveaux cas positifs ne sont pas isolés (une vision particulièrement irresponsable des “libertés publiques”)  et contaminent d’autres personnes.

Nous allons savoir très vite si le pic est atteint grâce à l'auto-confinement des Français 

En effet l'observation des données tend à appuyer l'hypothèse que les Français en font plus que leur gouvernement qui n'arrive toujours pas à "mobiliser" ses trop nombreux fonctionnaires pour isoler les nombreux nouveaux cas positifs. C’est ce que l’on appelle l’auto-confinement. Mais il y a un autre obstacle qui nous attend. Si ce fléchissement se confirme, il pourrait cependant persister une activité résiduelle de transmission élevée. Le défi sera alors d’éviter d’autres résurgences et de maintenir un système de soins sollicité cette fois au dessous de ses capacités maximales mais sur le moyen terme (plusieurs mois) (Figures N° 2 et 3). 

Figure N°2: la courbe des décès (un indicateur tardif de la Covid-19) fléchit. Ceci démontre l’extrême sensibilité de notre société aux processus de transmission interhumaine et l’irrationalité de tout miser sur les rassemblements sans isoler les nouveaux cas positifs. Pour diminuer le yoyo, cette rythmicité très ample qui entraîne trop de morts et des risques de submersion aiguë ou chronique du système de soins il faut isoler les nouveaux cas de manière certaine et au delà de 70-80%. 

Figure N°3: La dynamique de la mortalité a changé dans cette phase endémique. Les Français cassent la transmission par leur comportement ce qui se traduit probablement par des charges virales moindres et nous soignons mieux les malades graves avec de l’oxygène, de l’héparine, de la dexaméthasone et des techniques de ventilation plus appropriées. 

Nous sommes loin de la barrière immunitaire naturelle 

Avec plus de 54 millions de cas déclarés dans le monde et plus d’1,9 million de cas en France, la barrière immunitaire reste faible. Cependant, elle joue un rôle dans certains centres urbains, dans certains quartiers où l’épidémie a flambé. Il faut retenir que la transmission est très hétérogène comme le montre les cartes géographiques de la contamination. Il est possible que 30-40% de la population ait rencontré le virus dans ces zones, en réalité nous manquons de données à ce sujet et l’absence de transmission automatique des résultats des tests avec l’identité de la personne à l’organisation sanitaire est une incroyable bévue. 

L’angle mort de l’état français dans la réponse à la pandémie: ignorer l’isolement

La préparation de l'isolement des cas positifs pour les prochains mois est l'angle mort de la "vision" du président et de l'exécutif. Personne n’évoque le sujet alors que le président avait récemment déclaré qu’il fallait y réfléchir. C’est pourquoi l'État se livre à un de ses passe-temps favoris: créer une avalanche d’interdictions pour faire porter sur la vie quotidienne des Français tout le poids du freinage de la transmission.  Et comme il n'y a ni pouvoir législatif ni contre pouvoir cette politique asymétrique qui consiste à marcher sur une jambe va se poursuivre. C'est donc une éventuelle accélération itérative de la transmission endémique qui dictera notre agenda, comme chaque fois.


Les preuves sont nombreuses de l'importance de la transmission dans certaines activités économiques. 

Figure N°4: Un travail très pragmatique et très documenté grâce au big data de Google. J'attire l'attention sur l'échelle logarithmique en abscisse. Les leçons à tirer sur le plan des ouvertures de commerces sont importantes. Pas d'incantations, pas d'idéologie, des faits mesurables. Notez bien que les six premières lignes sont des écarts types faibles et de fortes capacités de transmission ( Revue Nature en accès gratuit et https://static-content.springer.com/esm/art%3A10.1038%2Fs41586-020-2923-3/MediaObjects/41586_2020_2923_MOESM1_ESM.pdf?fbclid=IwAR2fFVQbojhvdsDxKMm8CqFjmCwS_6YfbZCoHd7Tj40hbRk_tQiibPxDM1k) .

Nous allons devoir faire avec les faits et je comprends très bien la difficulté pour les restaurants. Nous le savons tous depuis longtemps: les espaces clos sans masque resteront fermés de longs mois. Pour ce type d’activité il faut promouvoir, en attendant l’état prochain, les activités de remplacement du service à table et à l’intérieur. Il y a une autre piste, le passeport immunitaire et les tests rapides. Le pire est de remettre en cause l’épidémie et ses mécanismes car cela empêche la profession de s’adapter or c’est trop souvent le discours promu y compris par des médecins imprudents. Pour le reste des activités commerciales les leçons à tirer sont simples. Quelle est la prescription?


1/ Ouvrir tous les commerces compatibles avec une jauge ambitieuse et des contrôles car comme l’éloignement c’est le plus difficile à respecter. Je continue à observer, dix mois après le début de la pandémie, que les grandes surfaces n’ont pas résolu le problème par absence de volonté.

2/ Supprimer le plus rapidement possible l’Ausweis pour poser le pied dehors et le remplacer par des frontières étanches aux porteurs du virus.

3/ Gardez la foi et priez mais évitez le temple, l'église, la mosquée, le temple, la synagogue

4 / Préparez vos aliments et mangez-les à la maison

5 / A chaque fois que possible, télé-consultez votre médecin

6 / Achetez vos affaires sans entrer au supermarché

7 / Amazon est votre ami mais beaucoup de vendeurs sont aussi sur le web, y compris des entreprises françaises qui ont accéléré leur migration vers la vente en ligne

8 / Achetez une voiture maintenant (il faut constater les faits de bonne augure, et je suis surpris que les publicitaires en soient encore aux vieilles recettes)...

Défiance, le drame d’un peuple qui cherche une sortie politique qui n’existe pas

Dans ce chaos, les Français cherchent le panneau exit. Malheureusement c’est très compliqué car la classe politique est beaucoup plus homogène qu’il n’y paraît. Devant la faillite de l'État jacobin, de ses monopoles et de ses administrations tentaculaires,  chacun a sa recette de plus d'État, d’un État juste, d’un homme providentiel volontariste ou d’une république à 100% d’économie administrée par … l’état. C'est-à-dire faire comme avant ou pire.

“Il faut que l’État retrouve le sens de la mesure et de la justesse pour concilier la nécessaire protection sanitaire et l’indispensable liberté économique et sociale qui nous relie les uns aux autres” écrit D. Lisnard dans un article (https://www.lefigaro.fr/vox/politique/david-lisnard-la-crise-du-covid-revele-la-folie-bureaucratique-francaise-20201114?fbclid=IwAR3aOQeGeuaQ8z-3GEzADr8QoDOA15_lzuLYnMSv4HS7RVGBbVppkzYoZEw) qui fustige la bureaucratie française. C’est une grave erreur très classique en France de ”croire” que c’est une affaire de mesure et de justesse. Donc de qui gouverne. Nous avons beaucoup donné dans ce chapitre de l’homme providentiel. Tous les présidents de la Vème république à l’exception de Pompidou ont élargi le périmètre de l'État tantôt dans le domaine de la privation des libertés tantôt dans l'obésité des dépenses sociales. C’est d’abord une question d'équilibre constitutionnel des pouvoirs et notre pays est plus que jamais une monarchie droguée aux valeurs de la république. Ces valeurs qui n’ont aucun sens sans la liberté et aucun début d’application sans l’état de droit. 

  • Par exemple, nous n’avons pas besoin de “décentralisation” un concept aussi circonvolutif que le "séparatisme", mais en l’espèce d’autonomie et de responsabilité des exécutifs régionaux dans la mission de gérer une organisation sanitaire. Nous avons donc besoin de supprimer les ARS et autres DEARL excroissances de l'État pour reprendre le contrôle de ce qui pourrait relever d'initiatives loco-régionales. Il faut dénoncer mais aussi proposer car ces entités, véritables bras de la monarchie élyséenne, ne sont pas sorties du chapeau des citoyens mais des ordonnances de 1996. 
  • La deuxième erreur est d’opposer santé de la population et économie: “détruisant une part importante de l’économie, des centaines de milliers d’emplois, et au-delà ce qui fait que la vie n’est pas que biologique mais aussi sociale, spirituelle, humaine.”, ce qui est essentiel à comprendre, et c’est aujoud’hui factuel, c’est que les deux sont intimement liés. On ne sauve pas des vies au détriment de l’économie et on ne sauve pas l’économie en déclarant que les vieux devaient mourir. 
  • Troisième point essentiel sur le plan politique, l’état n’est pas obèse. L’état social est obèse avec 800 milliards de dépenses et il a tué le régalien, celui qui a toute légitimité et qui est nécessaire pour protéger les citoyens du risque nucléaire, biologique ou chimique, d’une attaque armée de l’extérieur comme de l’intérieur. Il faut critiquer mais aussi proposer, il faut réduire nos dépenses sociales et réaffecter des dépenses à l’état régalien. Faire croire qu’il faudrait faire plus de social est un mensonge. 

Nous sommes actuellement à 65,1% de dépenses publiques probablement au-delà de ce que l’URSS dépensait avant de sombrer. Notre survie (car il faut appeler les choses par leur nom) est garantie par une économie de marché plus productive que le secteur marchand de l’ex-URSS mais le danger d’effondrement est significatif. Plus que jamais, l'État doit diminuer ses dépenses et laisser faire la production du secteur marchand. Laisser faire c'est-à-dire couper dans les réglementations de manière massive. C’est possible et urgent. La pandémie est souvent l’occasion pour les dépensiers de demander un passe droit et augmenter un endettement suicidaire. Il faut les en dissuader mais en même temps permettre la reprise de la production et son amplification. Pour la production de médicaments comme pour d’autres.

Quand il n’y a pas d’alternative politique le conspirationnisme prolifère. L'essentiel de tous les discours des négateurs et autres conspirationnistes est d’exposer un lien étroit entre leur perception de la politique (complètement pénétrée par de nombreux mensonges) et le développement totalement indépendant d'une pandémie. C'est une perte de temps de leur expliquer que le virus n'est pas un agent intentionnel, que nous le transmettons, que les virus ont des mortalités et des morbidités différentes qui ne sont pas une intrigue de Big Brother mais un événement biologique complexe. Finalement, c'est une perte de temps de leur expliquer que le virus n'est en aucun cas piloté par qui que ce soit, mais juste par nos interactions sociales lorsque nous partageons dans un espace clos un air expiré chargé de gouttelettes d'une personne infectée.

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