Basaksehir/PSG : Paris, sauvé des eaux par Moïse<!-- --> | Atlantico.fr
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PSG Istanbul Paris-Saint-Germain
PSG Istanbul Paris-Saint-Germain
©TOLGA BOZOGLU / POOL / AFP

Moïse prophète en son Paris

Grandement bousculé par le champion de Turquie et rapidement privé de Neymar (sorti sur blessure, 26e), le PSG s'en est sorti grâce à un doublé de Moïse Kean, servi deux fois par Mbappé. Grâce à cette précieuse victoire (2-0), mais sans convaincre, les Parisiens se relancent tout de même dans la course aux huitièmes de finale.

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez est entraîneur de tennis et préparateur physique. Il a coaché des sportifs de haut niveau en tennis. 
 
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Le football étant depuis toujours indissociable de la géopolitique, c'est peu dire que le déplacement du PSG à Basaksehir s'inscrivait dans un contexte bien particulier. Pour l'expliquer autrement, aller jouer le club du Président Erdogan sur fond de fortes tensions internationales entre la France et la Turquie n'avait rien d'une sinécure. Et quand on dit LE club du Président, on n'exagère pas puisque Erdogan en a fait un étendard autant sportif que politique depuis 2014... Date à laquelle il a décidé de la privatisation du club Stambouliote et de presque tout le reste : la couleur officielle de l'équipe (orange) est celle de l'AKP, son parti, et les liens qui unissent le chef d'État au club s'étendent de l'économie à la sphère privée. Pour faire simple, depuis la construction du stade, en passant par le sponsoring et jusqu'au mariage de sa nièce avec le président du club, rien ne lui a échappé. Ce décor étant planté, il faut rappeler que le PSG n'avait pas le choix : après son match raté sur tous les plans contre Manchester United et au-delà de la symbolique politico-sportive de la rencontre, il lui fallait ramener les trois points et se relancer...

Tuchel n'avait pas attendu le coup d'envoi pour annoncer la couleur : en choisissant d'évoluer en 4/4/2, avec Danilo en défense centrale et Marquinhos au milieu de terrain, le coach Allemand alignait un onze symptomatique de la bisbille qui l'oppose à Leonardo depuis quelques semaines (le premier reprochant au second de ne pas avoir recruté les joueurs qu'il appelait de ses vœux). Les plus optimistes loueront le caractère affirmé du technicien tandis que les plus cyniques clameront qu'on peut aisément se permettre de mener ce genre de fronde quand on sait qu'on ne fera pas de vieux os dans le coin... 

En tous cas, ce n'est pas le niveau de jeu affiché hier soir qui empêchera les sceptiques de continuer à voir le doute planer au-dessus de la tête du coach Allemand (faut être observateur, c'est un phénomène très discret). Car c'est à grands coups de points... d'interrogations... que la leçon espérée n'aura pas été dispensée face à l'équipe prétendue la plus faible de poule. Ces interrogations, ces carences, nous commençons à bien les connaître puisque ce sont les mêmes que nous avions déplorées contre Manchester la semaine passée : un style de jeu illisible, des lignes par trop espacées, un milieu peu créatif, une équipe souvent coupée en deux et surtout une sorte de morosité (un tir cadré en première période), voire de fatigue récurrente. Mais au cœur de ce brouillon de match et au plus fort des trop nombreuses occasions Turques, le PSG aura quand même pu s'appuyer sur deux valeurs sûres et une autre montante. Incontestablement, Keylor Navas est la première de ces valeurs. Sans ses parades à répétitions (25e, 56e et 70e) et sa présence rassurante, on ne sait pas où serait le PSG ce matin. Le gardien Costaricain continue d'empiler les bons matchs en se montrant toujours aussi discret qu'efficace, comme un sous-entendu... La seconde est Kylian Mbappé, le seul capable d'étincelles dans une équipe très tôt privée d'un Neymar toujours absent (d'une manière ou d'une autre) dans les soirées qui comptent. Hier, comme en témoignent ses deux passes décisives, nous avons pu apprécier l'attaquant Français dans un registre qu'on lui connaît trop peu et qui fait beaucoup de bien à tout le monde, l'altruisme. La valeur montante en question est Moïse Kean, dont le premier doublé en Ligue des Champions est forcément, vous vous en doutiez, à graver dans le marbre... ce jeune Italien est peut-être LA bonne pioche d'un mercato Parisien qui fera jaser encore longtemps. 

Mais finalement, la bonne surprise de la soirée est peut-être venue du côté d'un Layvin Kurzawa qu'on n'attendait pas, il faut bien l'avouer, à un niveau pareil depuis deux matchs. Entreprenant, propre dans la relance et très actif, il rend une copie encourageante. Au bout du compte, c'est peut-être celui que l'on pensait le plus malade qui aura pris soin de toute l'équipe.

Même en jouant mal, même en ne rassurant personne, cette victoire Parisienne est extrêmement précieuse. Elle permet au club de la capitale d'ouvrir son compteur dans la phase de poules et de se replacer dans la course aux huitièmes de finale. Un objectif toujours réaliste mais rendu difficile à atteindre par les limites régulièrement affichées par l'équipe et par une liste des blessés qui n'en finit pas de s'allonger puisque l'indisponibilité de Neymar s'ajoute à celles d'Icardi, Paredes, Verrati et Draxler... Mais en évitant une sortie de route qui aurait eu de terribles conséquences, l'équipe s'est au moins donné la chance de se remettre dans le droit chemin.

Évidemment, si ce résultat fait les affaires du Paris Saint Germain, nous pouvons parier qu'il ne réjouira pas un Président Turc dont la défaite est double. Une défaite sportive, bien évidemment... mais pas que... Pour illustrer ce propos, et en détournant une citation célèbre de Von Clausewitz, on pourrait dire que le sport moderne n'est rien d'autre que le prolongement de la politique, par d'autres moyens. Depuis les jeux antiques, en passant par ceux de Berlin ou d'autres organisés pendant la guerre froide et jusqu'à aujourd'hui, les performances sportives et leurs mises en scènes ont toujours contribué au rayonnement des nations (ou des tyrans) en livrant leurs petites vérités. Le maillot incarnant le nationalisme aussi bien que la tenue militaire, il a toujours été facile de transformer les victoires sportives en succès politiques ou les défaites en tâches disgracieuses sur le costume de certains hauts dirigeants... Et Erdogan d'essuyer ce matin un affront qui n'est pas que sportif en se posant cette délicate question : comment assumer un revers sans perdre la face ?

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