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Notre cerveau préfère les histoires qui finissent bien, nous devrions pourtant nous en méfier
©FRED TANNEAU / AFP

Danger

Une étude publiée dans The Journal of Neuroscience montre que nous préférons les expériences avec des fins heureuses à celles qui sont devenues légèrement moins agréables vers la fin. Ces dernières sont pourtant plus intéressantes pour faire face à l'avenir.

Patrick  Lemaire

Patrick Lemaire

Patrick Lemaire est professeur en psychologie cognitive au sein de l'université d'Aix-Marseille et directeur de recherche au CNRS. Il est auteur de deux ouvrages de synthèse de l'état de la science concernant le vieillissement cognitif: Psychologie du Vieillissement, co-écrit avec L. Bherer, publié en 2005 et édité par De Boeck (Bruxelles); ainsi que Vieillissement cognitif et adaptations stratégiques, publié en 2015, également aux éditions De Boeck. 

 

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Atlantico : Une étude publiée lundi dernier dans The Journal of Neuroscience montre que les participants préfèrent les expériences avec des fins heureuses aux expériences qui sont devenues légèrement moins agréables vers la fin. Pourquoi ?

Patrick Lemaire : Le cerveau a plusieurs biais positifs, mais aussi des biais négatifs, que l'on voit dans des histoires, des expériences de vie sur du plus ou moins long terme. La première raison qui explique ces biais est qu’une fin heureuse signifie qu’on a été capable de résoudre le problème et qu’on est arrivé à ses fins. La seconde raison, comme on le voit dans l’étude parue dans The Journal of Neuroscience, est que cela active des réseaux cérébraux qui sont des circuits de récompense. Et comme ce sont des circuits de récompense positifs, physiologiquement, on se dirige vers ça.

Pourquoi devrait-on se méfier des histoires qui finissent bien ?

Comme l’explique l’étude, les histoires peuvent nous leurrer et nous emmener dans des directions qui sont contraires à nos intérêts. Si on fait trop attention aux informations positives, on baisse la garde, on est moins vigilant sur les informations négatives, y compris celles qui pourraient être dangereuses. C'est pour cela que l’on doit s’en méfier.

Quels sont les avantages à ce qu’une histoire se finisse mal ?

Il faut inscrire cela dans un contexte plus général qui est le biais de traitement des informations négatives. Les avantages, c’est que les histoires qui finissent mal nous alertent sur des conséquences d’évènements auxquels on n’aurait pas pensé. Donc, elles nous arment davantage à l’avenir sur ces éventuelles conséquences. Et elles nous invitent - du point de vue cognitif - à traiter l’information plus profondément. Et c’est un écran phénomène sur les liens entre émotion et cognition qui ont été mis en évidence.

Les émotions ou informations positives ne nous conduisent pas à activer des mécanismes de traitement de l’information analytiques plus profond, tandis que les informations négatives ou même les états mentaux négatifs nous rendent plus vigilants, nous alertent, nous rendent un peu plus « paranoïaques ». On fait davantage attention aux informations, on en fait une analyse plus profonde, ce qui veut dire qu’on la comprend mieux. On la met mieux en relation avec d’autres informations disponibles, et on en anticipe mieux les différentes conséquences négatives potentielles. C’est pourquoi nous n’avons pas toujours intérêt à se focaliser ou à apprécier uniquement les informations ou les fins d’histoires positives.

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